Une épidémie d’hépatite A est apparue à Tripoli, où 174 cas ont été signalés à ce jour. L’origine de l’infection est encore méconnue.

Depuis une dizaine de jours, Tripoli, la grande ville du Liban-Nord, est frappée par une épidémie d’hépatite A, avec 174 cas signalés jusqu’à présent, selon le ministère de la Santé. Cette maladie infectieuse est causée par l’ingestion d’aliments ou de boissons contaminés par le virus ou par contact direct avec une personne contaminée. Or à Tripoli, l’origine de l’infection est encore méconnue. "Les tests effectués depuis dix jours par des équipes de l’Office de l’eau de Tripoli comme par celles du ministère de la Santé sur l’eau montrent que celle-ci est propre", explique à Ici Beyrouth Joseph el-Hélou, directeur des soins médicaux au ministère de la Santé. "Les tests se poursuivent à longueur de journée pour identifier la cause de l’épidémie", assure-t-il, soulignant que les légumes et les fruits sont soupçonnés d’être à l’origine de l’infection, "puisqu’ils pourraient être irrigués par une eau contaminée par les égouts". Mais les tests se poursuivent.

Le Dr Hélou affirme que l’épidémie est encore localisée et qu’il y a peu de chances qu’elle se propage en dehors de la ville, "d’autant que des équipes du ministère et de l’Unicef sont sur place pour sensibiliser la population locale aux moyens de prévention", comme pour prendre soin des cas signalés. "Heureusement, aucun cas d’hépatite A n’a eu besoin d’hospitalisation, se félicite le médecin. Certaines personnes ont dû être hydratées. On leur a mis une perfusion soit à domicile, soit dans l’un des centres de soins de santé primaires relevant du ministère."

L’hépatite A, maladie transmissible par voie féco-orale, est endémique dans plusieurs pays en développement, y compris le Liban. "Elle est très prépondérante parmi les enfants et liée à l’insalubrité", explique de son côté Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses. Le virus persiste dans l’environnement et sa période d’incubation est "en moyenne d’un mois", suite à laquelle la maladie se manifeste notamment par une fièvre, suivie dans les deux à trois jours d’une jaunisse (le blanc de l’œil et la peau deviennent jaunâtres), d’une fatigue et des douleurs abdominales. "La maladie dure une semaine à dix jours et guérit, dans la majorité des cas spontanément, précise le Dr Mokhbat. Une infection à l’hépatite A n’entraîne pas un risque d’hépatite chronique ou de cirrhose. La maladie est généralement bénigne, mis à part des cas exceptionnels signalés chez des personnes ayant des troubles génétiques qui favorisent une hépatite grave et fulgurante. Mais ce sont des cas rarissimes."

Il n’existe pas de traitements à l’hépatite A. Celui-ci est symptomatologique. La prévention consiste toutefois à éviter la consommation de fruits de mer crus si on n’est pas sûr de la source, à se laver les mains, à désinfecter les fruits et les légumes en les trempant pendant quelques minutes dans une solution de javel (quelques gouttes qu’on ajoute à de l’eau salubre) ou du vinaigre blanc, à ne pas partager les couverts et à désinfecter les toilettes. "La vaccination contre l’hépatite A est également possible", souligne le spécialiste. Le vaccin est toutefois en rupture de stock au Liban depuis plus d’un an, selon le président de l’ordre des pharmaciens Joe Salloum, qui a appelé lundi le ministère de la Santé à l’assurer. Même son de cloche chez le président de l’ordre des médecins Joseph Bakhache, qui a mis l’accent sur l’importance de l’hygiène personnelle et appelé le ministère de la Santé à mener une campagne de vaccination. Il convient de signaler que le vaccin de l’hépatite A ne figure pas sur le calendrier vaccinal du ministère de la Santé.

Joseph el-Hélou estime néanmoins que l’épidémie à Tripoli tire à sa fin. "Les cas avaient commencé à être signalés il y a une dizaine de jours, mais pendant la tournée que j’ai effectuée dans la ville, j’ai constaté que les premiers symptômes ont commencé aux alentours de la fête du Fitr, c’est-à-dire vers le 2 mai", fait-il remarquer. Pour lui, il est nécessaire que les ministères de la Santé, de l’Énergie et de l’Eau, de l’Agriculture, de l’Intérieur et des Travaux publics forment une cellule de travail pour résoudre le problème le plus tôt possible.