Attendue sur la plus haute marche du podium olympique, ou au moins sur l’une des deux autres, la skieuse acrobatique Perrine Lafont, championne olympique en titre, n’est pas parvenue à accrocher l’une des trois médailles sur les bosses aux Jeux de Pékin, dimanche soir.

Avec un total de 77,36 points, Lafont a réalisé son plus mauvais passage sur la piste chinoise. Et pourtant, il n’aura pas manqué grand-chose à la skieuse originaire de la station pyrénéenne des Monts d’Olmes pour arracher in extremis une médaille de bronze, un métal qui aurait largement sufi à son bonheur au vu des circonstances.

L’or semblait inaccessible face à l’intouchable Australienne Jakara Anthnoy qui a surclassé la concurrence avec 83,09 points, presqu’aussi parfaite que lors de son run de qualification (83,75). Et l’Américaine Jaelin Kauf avec 80,28 était bien meilleure que Lafont pour l’argent. En revanche à 36 centièmes près, l’écart qui la sépare de la Russe sous drapeau neutre Anastasiia Smirnova (77,72), elle serait rentrée de Chine avec une deuxième médaille olympique autour du cou.

Mais elle n’a jamais vraiment réussi à rentrer dans sa finale à Zhangjiakou. " Ce n’est pas le résultat que l’on voulait et c’est dur ", a-t-elle déclaré en zone mixte, réconfortée par son équipière Camille Cabrol, 18e de la finale et par Ben Cavet, lui aussi au pied du podium la veille, mais avec deux points de retard sur le bronze.

" J’ai du mal à analyser. Certes, il n’y a pas de médaille, mais je crois que je vais aller me consoler avec la médaille de 2018 " a-t-elle lâché avec le sourire, relativisant cet échec chinois avec l’or sud-coréen d’il y a quatre ans.

" Ça m’emmerde de repartir d’ici avec deux médailles en chocolat ", a pesté l’entraîneur national du ski de bosses, Ludovic Didier.

" 1% qui manque "

" Perrine a fait avec ce qu’elle avait, elle a tout donné. Je pense qu’il y avait aussi un peu de crispation, de statut, de vouloir bien faire. C’est ce qui a fait que les runs sont 1% en dessous de ce qu’elle peut faire et ce 1% c’est ce qui manque pour pouvoir être sur le podium ", a-t-il ajouté.

Pour la skieuse de 23 ans, sacrée championne olympique il y a quatre ans alors que personne ne l’attendait à pareille fête, il s’agit d’une énorme désillusion. Elle avait dominé les trois saisons suivant son sacre à Pyeongchang (Corée du Sud), remportant la Coupe du monde (2018, 2019, 2020 et 2021) et s’adjugeant le gros globe de cristal de ski acrobatique en 2019 et 2020.

Au cours d’une saison olympique 2022 un peu plus compliquée en Coupe du monde face à la concurrence notamment d’Anthony et de la Japonaise Anri Kawamura (seulement 5e de la finale dimanche), elle s’était relancée de belle manière en janvier avec deux victoires en Amérique du Nord.

" Il y a eu un début de saison compliqué, même s’il n’est pas si mauvais. Il y a un très bon retour au mois de janvier, on est vraiment en confiance. En qualification, on se met en place devant. Elle avait envie de bien faire et de chercher un résultat ici ", a ajouté Ludovic Didier.

Devenue tête d’affiche de l’équipe de France des sports d’hiver sur l’olympiade entre Pyeongchang et Pékin, Perrine Lafont représentait l’un des grands espoirs de titre aux JO-2022.

Après deux journées, le compteur tricolore reste bloqué à un podium, avec la médaille d’argent du relais mixte des biathlètes.