L’élimination sans gloire de Marseille aux portes de la finale de la Ligue Europa Conférence, jeudi, clôt une saison européenne décevante pour les clubs français qui, du Paris SG à Lyon, se heurtent au même plafond de verre.

Pas invité à la fête

Trois affiches pour trois trophées, six pays différents représentés, mais pas la France. Du " Big 5 " des championnats européens, seule la Ligue 1 a échoué à envoyer une équipe en finale d’une des compétitions continentales. Pis, les Pays-Bas, avec le Feyenoord Rotterdam, et l’Ecosse, grâce aux Glasgow Rangers, ont damé le pion à une nation qui, malgré les bons résultats des Bleus, a du mal à rivaliser avec ses clubs.

Il faudra attendre une année de plus pour trouver un successeur au Paris Saint-Germain, dernière équipe titrée, avec la Coupe des Coupes en 1996.

Du mieux, mais…

La manière dont l’OM a chuté face au Feyenoord (défaite 3-2 puis 0-0), alors que le club marseillais avait " l’efectif pour gagner la C4 " selon son milieu Mattéo Guendouzi, donne l’effet d’une gueule de bois.

Pourtant, les formations tricolores ont réussi un bien meilleur exercice que celui de l’an passé. Leur ratio de défaites est passé de 60% à 13% ! En Ligue des champions et en Ligue Europa, les représentants français ont cumulé 17 victoires contre onze un an plus tôt (avec le même nombre de rencontres disputées, soit 38).

Les belles performances de Lille, qui a terminé en tête de son groupe de C1, ou de Lyon et Monaco, invaincus dans leur poule de C3, ont fait penser un temps qu’il était possible d’avoir un finaliste hexagonal dans chacune des compétitions. " Je pense que c’est la bonne ", a lancé fin mars le président de l’OL Jean-Michel Aulas.

" A jamais les premiers, c’est toujours à la mode chez nous ", a glissé son homologue marseillais Pablo Longoria, après que son équipe a été reversée de la C3 à la C4. C’est lors de la phase à élimination directe que le bât blesse.

Avec cinq défaites en dix matches en C1 et C3 (soit 50%), la France fait moins bien que l’Allemagne (25%), l’Angleterre (36%), l’Italie et l’Espagne (toutes deux à 37,5%). Ainsi, le PSG s’est arrêté dès les huitièmes de finale de la C1, après avoir subi une " remontada " du Real Madrid, quand Lyon n’a pas atteint le dernier carré de la C3, sorti par West Ham.

Monaco a été éliminé dès les huitièmes de C3 par les Portugais de Braga.

Un retard aussi financier

Ces résultats se reflètent dans les données du rapport annuel du gendarme financier du football français (DNCG) pour la saison 2020/21, publiées mercredi: les revenus moyens des clubs de L1 (81 M EUR) sont les plus faibles du " Big 5 " européen, loin derrière ceux de la riche Premier League (258 M EUR). Le " ticket d’entrée " pour l’Europe, c’est-à-dire le chiffre d’affaires à partir duquel 90% des clubs participent à une compétition continentale, s’élève à 60 M EUR en France, contre 90 M EUR en Espagne, 140 M EUR en Italie ou 440 M EUR en Angleterre. Un retard économique qui laisse craindre de nouvelles saisons de vaches maigres pour les représentants français…

L’une des rares satisfactions est d’avoir conservé la cinquième place à l’indice UEFA, face au Portugal (sixième) qui n’a pas plus brillé cette saison. Garder cette position permettra à la France d’avoir un troisième billet direct pour la C1 à partir de 2024.

Pour l’an prochain, ça risque d’être trop juste. Il faudrait que les Rangers gagnent la C3 contre l’Eintracht Francfort, ainsi que le championnat d’Ecosse pour que la troisième place de L1 donne le droit de disputer la Ligue des champions sans passer par la case des barrages.

Un scénario presque improbable vu le retard des " Gers " (dix points) sur le leader, le Celtic, à trois journées de la fin.