La fédération libanaise de taekwondo dépend en grande partie de financements personnels pour son fonctionnement. Une médaille olympique en 2024 pourrait engendrer un fort regain d’intérêt des annonceurs pour ce sport et contribuer à pérenniser son modèle économique.

En parallèle à ses succès sportifs, consécutifs notamment à des investissements financiers importants pour accompagner le développement de ce sport, la fédération devrait avoir pour objectif à terme de pérenniser son écosystème pour qu’il puisse générer davantage de revenus, notamment via les sponsors et les diffusions télévisuelles.

La crise économique qui sévit depuis 2019 est naturellement un frein pour trouver des annonceurs et des télévisions susceptibles de payer pour diffuser des compétitions de taekwondo. Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Habib Zarifeh, le président de la Fédération libanaise de taekwondo, souligne qu’"avant la crise, nous avions des sponsors. Depuis la crise, les annonceurs dans le sport sont devenus rares, à l’exception du basket ou de sports collectifs. Credit Bank avait sponsorisé le Beirut Open. L’Hôtel Royal nous avait également soutenus, ainsi que Creativa, PSSA et Alfa."

La fédération a bien mesuré l’importance du numérique et a diffusé plusieurs de ses compétitions sur YouTube. Zarifeh explique que "les compétitions ont été diffusées en live streaming sur YouTube. Les télévisions ont réalisé des reportages. Il faut cependant payer aux TV pour qu’elles diffusent. Jadeed avait diffusé la première année du Beirut Open pour 12.000 dollars. Je n’envisage pas de dégager un budget pour la diffusion des championnats d’Asie Juniors et Cadets. Je préfère investir dans des campagnes marketing sur les réseaux sociaux. Avec un budget de 10.000 dollars en "boosting" sur les réseaux sociaux, on peut atteindre beaucoup de gens."

Un projet de fédération électronique mis entre parenthèses

La fédération est organisée de manière professionnelle. Zarifeh explique: "Nous disposons de trois employés à temps plein depuis six ans, qui sont assurés. Cela donne de la stabilité."

Zarifeh explique en outre que "nous sommes la première fédération libanaise électronique. Je voulais inciter les gens à s’orienter vers le taekwondo. J’ai conclu un partenariat avec Visa. Tous les joueurs ont eu leur carte de crédit Visa. Ainsi, pour chaque dépense effectuée par les joueurs avec cette carte, la fédération touchait un petit pourcentage du montant dépensé. Nous avons également pu obtenir des réductions auprès des entreprises commerciales, des instituts d’éducation et autres avec l’usage de cette carte. Celle-ci permettait aussi à la fédération d’avoir de la visibilité sur l’activité quotidienne des taekwondoïstes. Elle a été suspendue avec le début de la crise économique libanaise, en 2019, et la faillite du secteur bancaire libanais."

Le taekwondo libanais est dans l’ensemble sur les bons rails. Une médaille olympique pourrait avoir un effet de grand catalyseur pour ce sport, avec à la clé un fort intérêt des annonceurs et des TV pour son parrainage. Une médaille olympique de Laetitia Aoun et/ou Ray Rahy aux JO de Paris en 2024 aurait, en effet, d’énormes retombées médiatiques au Liban. Le pays du cèdre n’a plus gagné de médaille olympique depuis 1980, avec la médaille de bronze de Hassan Bechara en lutte gréco-romaine.

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