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À la veille de la reprise des pourparlers visant à instaurer un cessez-le-feu à Gaza, Israël a frappé samedi l’école Al-Tabi’een, à l’est de la bande. Plus de cent déplacés y ont péri, alors qu’ils y cherchaient refuge après 10 mois de guerre et de déplacements forcés.

Un massacre qui aura inévitablement des répercussions sur les négociations en vue d’une trêve, prévues pour le 15 août, selon la déclaration tripartite américano-qataro-égyptienne. Ces pourparlers sont-ils compromis? Et, par extension, une guerre de grande envergure éclatera-t-elle dans la région? L’axe pro-iranien réagira-t-il face à Israël, et, le cas échéant, quand et comment? Ou bien le Hezbollah se limitera-t-il à une riposte "calculée et maîtrisée" dans le cadre des "règles d’engagement" pour éviter une guerre totale?

Des questions qui exigent des réponses claires de la part du Hezbollah. Des sources politiques proches de ce dernier suggèrent qu’il est préférable, pour l’instant, de rester calme, d’attendre que la situation se précise et de traverser cette phase avec le moins de pertes possible.

D’après les milieux diplomatiques, personne ne sera entraîné dans la guerre et la situation restera en suspens, entre guerre et paix, jusqu’à ce qu’une solution diplomatique et politique soit trouvée.

À la lumière des récentes déclarations du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, il semble presque certain qu’aucune guerre n’éclatera dans la région, malgré les tentatives du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de provoquer un conflit. La réponse du Hezbollah à la frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth et l’assassinat de Fouad Chokr est en cours d’étude.

Dans son dernier discours, M. Nasrallah a déclaré "doucement, doucement", suggérant une réponse calme et mesurée. Selon lui, le Liban sera le seul pays de l’axe à réagir contre Israël. L’Iran n’est pas contraint de s’engager dans les confrontations et la Syrie n’est pas tenue de réagir en raison de ses problèmes internes. Ainsi, la réponse à l’assassinat de Fouad Chokr sera limitée au Liban, sans impliquer les autres pays de l’axe.

Un responsable arabe reconnaît que la situation actuelle dans la région est liée à la course à la présidence américaine. M. Netanyahou soutient Donald Trump, tandis que l’Iran cherche à faire élire Kamala Harris, la candidate démocrate, pour conclure un nouvel accord nucléaire.

L’Iran souhaite prolonger l’accord signé en 2015 sous la présidence de Barack Obama et valide pour dix ans pour éviter des complications futures. Et ce, surtout si M. Trump revient à la Maison Blanche, car il ne renouvellerait pas l’accord en raison du rejet israélien.

Après la mort du président iranien Ibrahim Raïssi dans le crash de son hélicoptère, l’Iran a désigné le président réformiste Massoud Pezeshkian pour exprimer sa volonté de désescalader la situation dans la région. Ainsi, M. Pezeshkian et, par son intermédiaire, l’Iran apparaissent plus ouverts à une politique de détente. Le président français, Emmanuel Macron, a conseillé au président iranien d’éviter l’escalade, soulignant que cela ne servirait les intérêts de personne, surtout pas ceux de l’Iran qui doit réviser concrètement sa politique et son approche.

L’Iran a fait appel aux réformistes et les a placés en première ligne politique, tout en restant sous l’autorité du guide suprême, pour adresser un message clair à l’étranger, notamment à Washington: l’Iran souhaite s’ouvrir au monde occidental et promet des ajustements dans sa politique. Cependant, l’assassinat d’Ismaïl Haniyé en Iran a suscité des questions nécessitant des éclaircissements de la part de Téhéran, surtout que M. Haniyé était sous la protection des Gardiens de la révolution, dans un lieu qu’ils contrôlaient directement.

Comment l’assassinat a-t-il été perpétré, au moyen d’un missile, d’un obus ou d’une explosion? Qu’est-ce qui a permis cette opération: une faille de sécurité ou une complicité? De même, l’assassinat de Fouad Chokr dans le fief du Hezbollah a également suscité de nombreuses interrogations sur cette opération de renseignement.

Par ailleurs, la nomination de Yahya Sinouar, l’homme fort des tunnels du Hamas et chef du mouvement, qui a dirigé l’opération "Déluge d’Al-Aqsa", est soutenu par l’Iran et recherché par les États-Unis et Israël, envoie un message à Israël, l’exhortant à changer de stratégie dans la région, selon certaines sources palestiniennes.

Cette nomination risque de compliquer la situation, surtout après le massacre de l’école Al-Tabi’een. Selon des sources américaines, elle pourrait empêcher un cessez-le-feu à Gaza, comme proposé par Biden, en maintenant le contrôle de la région par le Hamas.

Dans ce contexte, et en attendant les représailles du Hezbollah, Washington a relancé la proposition de M. Biden pour une trêve à la mi-août. Israël a accepté cette proposition et envoyé des négociateurs à Doha ou au Caire. Les parties impliquées, de l’Iran à Israël en passant par le Hamas et le Hezbollah, cherchent désormais à favoriser la détente et à éviter une guerre potentiellement dévastatrice.

La région semble désormais engagée dans un processus de règlement, malgré les positions agressives de M. Netanyahou et la nomination de Yahya Sinouar pour représenter le Hamas. En outre, l’Iran ne s’engagerait pas dans le conflit, selon des sources diplomatiques. Et, en cas de réaction, celle-ci serait similaire à sa réponse à l’attaque contre le consulat iranien à Damas.

Par ailleurs, les États-Unis ont intensifié leur présence militaire dans la région, alors qu’une délégation sécuritaire américaine, en visite secrète en Iran grâce au Sultanat d’Oman, a apporté un message de calme et d’avertissement. Elle a souligné la nécessité d’éviter une guerre que M. Netanyahou semble vouloir provoquer. La délégation est arrivée en Iran par un vol spécial depuis la Turquie et a atterri à l’aéroport de Payam, à Karaj, près de Téhéran. Elle a rencontré des responsables iraniens pour clarifier que Washington n’était pas au courant de l’assassinat d’Ismaïl Haniyé et que M. Biden désapprouvait les actions de M. Netanyahou.

Les deux parties ont affirmé que Washington privilégie une résolution diplomatique des conflits et ne cherche pas la guerre. Reste à voir si cette initiative américaine pour une trêve à Gaza sera efficace.