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À la suite du succès de Sar wa’t el-haki, mise en scène par Lina Abyad, le cinéaste Philippe Aractingi reprend sa pièce Parlons, il est temps, en français, au théâtre de l’Essaïon à Paris, du 17 septembre au 29 octobre, les mardis à 19h.

Crédit photo: Imad el-Khoury

Après son succès au théâtre Le Monnot à Beyrouth, puis à Tunis dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage, le cinéaste et réalisateur Philippe Aractingi revient à Paris pour sa pièce Parlons, il est temps, qu’il jouera cette fois-ci en langue française. Habitué à être derrière l’objectif de la caméra, traquant les mises en scène et dirigeant les acteurs, il se hasarde encore au théâtre, dans un langage artistique particulier où tout est là, sans artifices. Philippe Aractingi, mis en scène par Lina Abyad, se retrouve sur les planches pour raconter son histoire, un parcours singulier et intriguant, qui dessine la petite histoire dans la grande. Pas de masques, pas de découpage, ni de montage. Au théâtre, le cinéaste se montre tel qu’il est. Et les spectateurs le voient.

Crédit photo: Imad el-Khoury

En quoi la pièce fait-elle écho aujourd’hui?

Cette œuvre parle certes de mes expériences personnelles, mais elle explore plus largement nos multiples parcours à travers différents pays, notre capacité constante à nous adapter, ainsi que notre aptitude à maîtriser plusieurs langues, ce qui ouvre des portes vers le monde. Elle traite de la prédisposition à quitter notre pays dès l’enfance, un thème que j’aborde directement dans la pièce. L’œuvre discute aussi de notre rapport particulier à la francophonie, des erreurs courantes que nous faisons en français à notre arrivée en France et de la manière dont les Français perçoivent notre cinéma et notre culture. Tout cela est raconté à travers des anecdotes personnelles, reflétant mon parcours de cinéaste, de photographe et de scénariste.

Crédit photo: Imad el-Khoury

Pourquoi traduire la pièce en français et qu’est-ce qui change dans l’interprétation?

J’ai initialement joué cette pièce en arabe en France et de nombreux spectateurs français ont estimé qu’elle gagnerait à être interprétée en français. Encouragé par mes amis, j’ai décidé de relever le défi. La pièce a été programmée par Marie-José Tyan au théâtre de l’Essaïon, à Paris. J’ai saisi cette occasion pour aborder les relations entre la France et le Liban, les différences culturelles, ainsi que cette immédiateté ressentie en exil, qui nous pousse à penser instantanément à la France, en raison de notre lien avec la langue française. Toutefois, il existe un décalage entre nos cultures que j’explore avec humour et autodérision.

Crédit photo: Imad El Khoury

Quel ressenti ou appréhension de jouer devant un public francophone ou français?

J’ai écrit cette pièce en français parce que je suis francophone. Puis, je l’ai traduite en arabe pour ensuite la jouer dans cette langue. Revenir au français est en quelque sorte une réadaptation. C’est aussi un défi de faire passer le même humour et de conserver l’intensité émotionnelle et le ressenti des mots en arabe. Je suis très curieux de voir comment le public français va réagir à cette version. Bien que soutenu par des amis français, je suis impatient de découvrir ce que ce nouveau défi apportera.

 

 

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