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Réunie du 22 au 27 septembre, l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) se tient cette année à New York, au siège de l’organisation. Placé sous la thématique "Ne laisser personne de côté: agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures", cette session représente un moment clé pour la communauté internationale, lors de laquelle les dirigeants du monde entier se réunissent pour aborder les questions les plus pressantes auxquelles l’humanité est aujourd’hui confrontée.

Dans un contexte mondial marqué par des tensions et des divisions géopolitiques de plus en plus prononcées, des défis humanitaires majeurs et de crises environnementales, les 193 membres de l’AGNU ont adopté, peu après l’ouverture du Sommet, le Pacte pour l’avenir, à l’unanimité, sans vote, ainsi que ses annexes (le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures). Trois accords qui, selon le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), António Guterres, "ouvrent la voie à de nouvelles possibilités et opportunités, et marquent un tournant vers un multilatéralisme plus efficace, plus inclusif et fonctionnant plus en réseaux".

En temps normal, rappelons-le, l’Assemblée adopte des résolutions qui participent à l’établissement de normes du droit international, sur la base de la représentativité (1 État = 1 voix), et de la délibération. Organe délibératif de l’ONU, l’AG se réunit une fois par an lors d’une session plénière où elle discute des questions internationales, vote des résolutions (non contraignantes) et examine le budget de l’ONU.

Qu’est-ce que le Pacte pour l’avenir?

Le Pacte pour l’avenir comporte plusieurs points pour lesquels les États membres de l’ONU se sont engagés à mettre en œuvre. Il s’agit notamment (selon le site des Nations unies) de:

  • Donner un nouvel élan aux objectifs de développement durable (ODD) et à l’accord de Paris sur le climat, deux accords historiques de 2015 qui ont connu des progrès hésitants et des échéances ratées.
  • Mener la transition vers une économie plus juste et plus équitable en abandonnant les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques et accélérer les actions au cours de cette décennie pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
  • Écouter les jeunes et les inclure dans la prise de décision, aux niveaux national et mondial.
  • Établir des partenariats plus solides avec la société civile, le secteur privé, les autorités locales et régionales, etc.
  • Redoubler d’efforts pour construire et maintenir des sociétés pacifiques, inclusives et justes, et s’attaquer aux causes profondes des conflits.
  • Protéger tous les civils dans les conflits armés.
  • Accélérer la mise en œuvre des engagements sur les femmes, la paix et la sécurité.

Comme précisé plus haut, deux annexes accompagnent le Pacte pour l’avenir: le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures.

Le premier "comprend le premier accord véritablement mondial sur la réglementation internationale de l’intelligence artificielle (IA) et repose sur l’idée que la technologie doit profiter à tous", peut-on lire sur le site des Nations unies. Il encourage, dans ce sens, les collaborations et les réseaux pour accroître les capacités d’IA des pays en développement". Un groupe scientifique mondial impartial sur l’IA devra, dans le même contexte, être formé par les gouvernements qui devront ainsi entamer une conversation internationale sur la gouvernance de l’IA au sein de l’ONU.

Le second annexe, soit la Déclaration sur les générations futures, "fait écho à l’appel de la Charte des Nations unies à préserver les générations futures du fléau de la guerre", comme indiqué sur le site. C’est dans cette perspective que les gouvernements sont appelés à prendre en compte les intérêts des générations futures dans les décisions prises aujourd’hui.

Sur le plan politique

Les tensions entre les grandes puissances, notamment entre les États-Unis, la Chine et la Russie, ont dominé les débats sur la scène internationale. Par ailleurs, les conflits régionaux persistants, comme ceux en Ukraine, au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne, ont mis en lumière la nécessité d’un multilatéralisme efficace pour promouvoir la paix et la sécurité.

La question de la guerre en Ukraine, entrée dans sa troisième année, a de nouveau occupé une place centrale dans les discussions. Les dirigeants européens, les États-Unis et leurs alliés ont appelé à un soutien continu à l’Ukraine, tandis que la Russie a maintenu une posture de défi, accusant l’Occident de prolonger le conflit. Parallèlement, les Nations unies ont tenté de renforcer leur rôle de médiateur dans la recherche d’une solution diplomatique, bien que les progrès restent limités.

Les objectifs de développement durable en péril

Une des priorités essentielles de cette session consiste en la relance de l’agenda des ODD, fixés en 2015 avec un horizon à 2030. À mi-parcours, le constat est alarmant, la pandémie de Covid-19, les conflits mondiaux et la crise climatique ayant entravé les progrès vers la réalisation de ces objectifs.

M. Guterres a ainsi tiré la sonnette d’alarme, soulignant qu’il était impératif d’intensifier les efforts pour réduire la pauvreté, améliorer l’accès à l’éducation et lutter contre les inégalités, dans un contexte où beaucoup de pays en développement font face à un surendettement croissant. Rappelant que le monde traverse une période de turbulence et de transition, il a déclaré: "Nous ne pouvons pas attendre que les conditions soient parfaites. Nous devons prendre dès maintenant les premières mesures décisives pour actualiser et réformer la coopération internationale afin de la rendre plus interconnectée, plus juste et plus inclusive".

La crise climatique: un axe central des discussions

Le changement climatique est au cœur des débats, avec une attention particulière sur l’accélération des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur, les inondations et les incendies, qui touchent durement plusieurs régions du globe. La session de l’Assemblée générale constitue donc l’occasion pour de nombreux pays de réitérer leurs engagements dans le cadre de l’accord de Paris mais aussi d’appeler à une action plus rapide et plus ambitieuse.

Les droits humains et les crises humanitaires

L’un des aspects récurrents de l’AGNU reste la question des droits humains. Des pays comme la Syrie, le Myanmar, le Soudan et l’Afghanistan ont été au centre des discussions, alors que les violations des droits humains et les crises humanitaires continuent de s’aggraver dans ces régions.

Le sort des réfugiés et des personnes déplacées constitue un autre sujet majeur, notamment avec la multiplication des conflits et l’intensification des effets du changement climatique, provoquant des déplacements massifs de populations. L’ONU a souligné l’importance d’une réponse humanitaire mondiale coordonnée pour faire face à ces crises, mais la mise en place d’une action concrète reste entravée par des financements insuffisants et des blocages politiques.

La réforme de l’ONU: un appel au renouveau

Un autre enjeu fondamental abordé lors de la 79ᵉ session a été la réforme des Nations unies elles-mêmes. Depuis des années, des voix s’élèvent pour réclamer une révision du Conseil de sécurité, jugé obsolète face aux réalités géopolitiques actuelles. La question de l’élargissement du Conseil de sécurité, notamment pour inclure davantage de représentants des pays africains, asiatiques et latino-américains, a de nouveau été mise sur la table.

M. Guterres a appelé à une ONU "plus inclusive, plus représentative et plus efficace", soulignant que le système actuel, hérité de l’après-guerre, ne répond plus aux défis modernes. Toutefois, cette réforme reste un sujet sensible, et les négociations devraient encore se poursuivre sur le long terme.

On rappelle à cet égard que le Conseil de sécurité, qui compte 15 membres (5 permanents et 10 non permanents) disposant chacun d’une voix, est responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ses décisions sont contraignantes pour les États et dans certains cas, il peut imposer des sanctions, voire autoriser l’emploi de la force pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

Outre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, l’ONU comprend quatre autres organes principaux.

  • Le Conseil économique et social: il se compose de 54 membres, dont 18 sont élus chaque année par l’Assemblée générale pour des mandats de trois ans. Il est chargé de la "coordination et du dialogue et de la prise de recommandations sur les questions économiques, sociales et environnementales, ainsi que dans la mise en œuvre des objectifs de développement adoptés au niveau international".
  • Le Conseil de tutelle a été créé pour superviser l’administration des territoires sous tutelle, qui étaient principalement des anciennes colonies ou des territoires sous mandat de la Société des Nations unies. Avec la fin de la décolonisation et l’accession à l’indépendance du dernier territoire sous tutelle en 1994, les activités de ce Conseil ont été suspendues.
  • La Cour internationale de Justice est l’organe judiciaire principal de l’ONU. Située à La Haye (Pays-Bas), elle est chargée de régler les différends juridiques entre États membres et de fournir des avis consultatifs sur des questions juridiques internationales, à la demande de l’AG ou du Conseil de sécurité. Elle est composée de 15 juges élus pour un mandat de 9 ans par l’AG et le Conseil de sécurité. Ses décisions sont contraignantes, bien que leur application dépende souvent de la volonté des États.
  • Le Secrétariat est l’organe exécutif de l’ONU. Il est responsable de la mise en œuvre des décisions des autres organes et est dirigé par le secrétaire général qui est la figure publique de l’organisation.

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