Des chercheurs du prestigieux Institut Max Planck d’anthropologie évolutive ont reconstitué les plus anciens génomes humains d’Afrique australe, révélant une continuité génétique depuis près de 10.000 ans.

Des chercheurs ont récemment reconstitué les plus anciens génomes humains d’Afrique du Sud, datant de près de 10.000 ans. Ces séquences d’ADN proviennent d’un homme et d’une femme dont les restes ont été découverts dans l’abri rocheux d’Oakhurst, près de George, sur la côte sud du pays, a expliqué Victoria Gibbon, professeure d’anthropologie biologique à l’Université du Cap (UCT). En tout, treize séquences ont, jusqu’à présent, été reconstituées à partir de fossiles humains trouvés dans cette zone, et couvrant une période allant de 1.300 à 10.000 ans.

Stabilité génétique

La reconstitution de ces génomes a apporté un éclairage inédit sur la longue continuité génétique dans cette région, depuis le début de l’Holocène jusqu’à la fin de l’âge de pierre tardif, comme l’indique une étude publiée le 19 septembre dans Nature Ecology & Evolution. Et ce, contrairement à d’autres régions du monde, notamment en Europe, où des recherches ont mis en évidence des transformations génétiques majeures résultant des migrations humaines au cours des 10.000 dernières années. "Ces nouveaux résultats provenant d’Afrique australe sont très différents et suggèrent une longue histoire de stabilité génétique relative", a déclaré le professeur Joscha Gretzinger, de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne.

Lacune importante

Reconnue pour abriter certains des plus anciens fossiles d’homininés, l’Afrique australe n’a que récemment vu ses génomes anciens reconstitués. Ces travaux viennent combler une lacune importante dans la compréhension de la formation de son patrimoine génétique au fil des siècles. En effet, l’introduction du pastoralisme et de l’agriculture a considérablement transformé le pool génétique dans la plupart des régions de l’Afrique australe, il y a environ 1.300 ans. Toutefois, la population de chasseurs-cueilleurs de la région d’Oakhurst a conservé cette ancienne signature génétique dérivée du Pléistocène (l’époque géologique où Homo sapiens a commencé à émerger). Ces données confirment, selon les auteurs de l’étude, une continuité génétique qui perdure jusqu’à nos jours, malgré des mélanges récents avec d’autres populations africaines.

Conditions de conservation

Les nouvelles technologies d’extraction d’ADN ont permis d’étudier les restes humains anciens, malgré les conditions de conservation difficiles propres à cette région. Cela pourrait justifier le nombre limité de génomes anciens découverts en Afrique australe. Pourtant, ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives pour mieux comprendre les trajectoires démographiques des populations locales. Ces données permettront également de revisiter les modèles migratoires et d’interactions entre les populations autochtones et celles venues d’autres régions.

Avec AFP

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