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Téhéran aurait refusé de donner suite à une requête du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, de modifier les règles d’engagement dans son conflit militaire avec Israël. 

Les opérations militaires israéliennes qui se succèdent au Liban-Sud, dans la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth depuis une semaine dépassent l’entendement.

Tout a commencé, comme on le sait, par l’explosion meurtrière des appareils de transmission piégés du Hezbollah, mardi et mercredi derniers, suivie de l’assassinat des commandants de la force Radwan, il y a quelques jours, en plein cœur de la banlieue sud.

Le conflit militaire entre Israël et le Hezbollah, qui se limitait il y a dix jours aux zones frontalières, et s’étendait parfois jusqu’à la Békaa, a ainsi vite dégénéré en guerre ouverte ciblée, avec un seul objectif déclaré pour Israël: forcer le retour des habitants du nord d’Israël dans leurs foyers et repousser les combattants du Hezbollah jusqu’au nord du Litani.

Le Hezbollah rejette cependant cette équation, en dépit des pertes encourues, exigeant un cessez-le-feu à Gaza en échange d’un retour au calme à la frontière sud.

Nouvelle équation

Toutes les éventualités semblent aujourd’hui envisageables, comme le prouvent, depuis dimanche, les frappes israéliennes quotidiennes sur le sud, la Békaa, le Hermel et, depuis vendredi, la banlieue de Beyrouth.

Le Hezbollah a riposté en lançant des centaines de roquettes sur la Haute-Galilée et Haïfa, où il a frappé la base militaire Ramat David ainsi qu’un complexe industriel militaire, établissant une nouvelle équation: "la banlieue sud contre Haïfa".

Mais dans cette nouvelle équation, les règles d’engagement militaire restent respectées, mais de son côté seulement: dans ses ripostes aux attaques et aux frappes israéliennes qui ont fait un nombre impressionnant de tués et de blessés, parmi les civils notamment, il veille à ne pas cibler des objectifs civils en Israël.

Pourtant, son chef, Hassan Nasrallah, avait dès la départ institué l’équation suivante: un militaire pour un militaire et un civil pour un civil.

Une lettre de Nasrallah à Khamenei

Selon des informations provenant de Haret Hreik, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, aurait envoyé une lettre au guide suprême iranien, Ali Khamenei, réclamant une modification des règles d’engagement établies depuis le 8 octobre dernier. Ces règles consistaient à soutenir le Hamas à Gaza tout en évitant toute action susceptible d’aggraver le conflit avec Israël.

Mais avec l’évolution de la situation sur le terrain depuis le mardi 17 septembre, Nasrallah aurait demandé l’élargissement du périmètre d’attaques et une riposte rapide à tous les actes qui ont visé le Hezbollah au cours de la dernière semaine.

La réponse iranienne a été très diplomatique. Téhéran s’est empressé de lancer la balle dans le camp américain, en appelant le président Joe Biden à empêcher Israël d’étendre le conflit à l’ensemble de la région et à freiner les actions du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Cela suggère que les menaces de Téhéran manquaient de sérieux – que de la poudre aux yeux. Une situation qui alimente les craintes quant aux répercussions de cette guerre, que le Liban, une fois de plus, devra assumer seul.

Par ailleurs, les réactions iraniennes aux coups de massue successifs assénés par Israël à son poulain libanais, pratiquement décapité, sont restées très timides. L’Iran semble avoir abandonné son bras armé libanais, le Hezbollah, dorénavant laissé seul face à son sort.

Ce silence s’explique, de l’avis de certains responsables arabes, par le fait que Téhéran "cherche surtout à ajuster sa politique avec les États-Unis". "C’est sa priorité absolue. Le Hezbollah a toujours été un outil entre ses mains, un atout pour servir ses intérêts au détriment du Liban. Les récents événements le confirment", indiquent-ils.

Dans le même ordre d’idées, ils s’interrogent sur le silence de Téhéran, à ce jour, quant à l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, leader du Hamas, sur son propre territoire, malgré toutes les menaces de représailles imminentes et sévères contre Israël.

Situation critique jusqu’au 5 novembre

Selon un diplomate occidental, "la situation est extrêmement difficile et l’on craint que le Liban ne se transforme en un second Gaza, comme l’a suggéré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres". "Israël a pris la ferme décision de mettre un terme à la situation actuelle en vidant les villages frontaliers des combattants du Hezbollah pour permettre aux déplacés du nord d’Israël de retourner chez eux. C’est une condition sine qua non, quelles qu’en soient les retombées", relève-t-il.

De même source, on s’attend à des "développements dramatiques dans les jours à venir, avec une intensification des pressions, surtout du côté israélien". "Tout cela pourrait dégénérer et conduire à une guerre totale", avertit-on de même source.

Pour le diplomate en question, cette situation "pourrait durer jusqu’au 5 novembre prochain, date des élections présidentielles américaines". "Les résultats de ce scrutin détermineront l’orientation politique du futur occupant de la Maison Blanche dès le début de l’année prochaine".

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