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Il y a quelque chose de singulier dans l’amour, dans la manière dont il nous enveloppe, nous transforme. Comme Frédéric Beigbeder l’a exprimé, " le premier amour est toujours le dernier pour ceux qui aiment une fois seulement ".

Dans ces premières années d’amour, la réalité prend des couleurs différentes, plus vives, plus douces. On voit la vie à travers des lunettes teintées de rose, le monde autour de nous prend une aura magique.

Beigbeder a trouvé les mots justes: " Au début, tout est beau, même vous. Vous ne vous reconnaissez plus dans le miroir. Vous n’avez pas dormi de la nuit mais vous n’avez pas l’air fatigué ".

C’est comme si l’amour nous élevait, nous faisait flotter au-dessus des nuages, nous accordait une vision panoramique de la vie, tout en restant dans notre cocon d’intimité. On se sent invincible, baigné d’une lueur éternelle, promis à une infinité d’étreintes.

Puis, dit-il, vient la troisième année, ce troisième acte fatidique de la pièce, où les lumières s’éteignent et où les masques tombent. Les défauts de l’autre, autrefois invisibles, commencent à nous éblouir. Le vernis de l’amour se fissure et la dure réalité apparaît. Beigbeder a décrit ce passage dans son ouvrage L’Amour dure trois ans: " Au bout d’un an, on pense à autre chose. L’amour revient de temps en temps, par salves, par soubresauts, quand on fait l’amour ou quand on voit un coucher de soleil, mais ce n’est plus qu’un fond sonore. " L’amour dure trois ans, trois années merveilleuses et éphémères, trois années qui font vibrer l’existence, mais (pour Beigbeder) trois années qui laissent un goût amer.

Même dans la morosité de cette disparition, on tente de se raccrocher à quelque chose, de préserver un semblant d’espoir. On s’accroche à l’idée que, malgré sa fragilité, malgré son caractère éphémère, l’amour est ce qui donne un sens à nos vies. Et pourquoi pas ? Comme Beigbeder le dit si bien, " il est toujours agréable d’imaginer que l’amour est éternel mais c’est plus amusant de penser qu’il est précaire ". Alors oui, même si l’amour dure trois ans, nous le poursuivons avec acharnement, nous le chérissons avec tendresse et nous le perdons avec regret, encore et encore, car rien n’est plus délicieusement toxique que le doux poison de l’amour.

Cette danse avec l’amour, cette poursuite incessante, nous mène de nouveau sur le terrain de l’amour, car l’amour, même un amour de trois ans, vaut la peine d’être vécu. Ce n’est pas l’éternité de l’amour qui compte, mais la profondeur et l’intensité avec lesquelles on le vit. Et c’est là, dans cette poursuite, que se trouve la véritable beauté de l’amour. Peut-être que l’amour dure finalement plusieurs fois trois ans. Qu’il est renouvelable comme le cycle de la vie. Comme les saisons. Il suffit en effet d’un rien pour que tout recommence. L’on pourrait ainsi être dans de perpétuels recommencements, revivre l’intensité, le tourbillon d’émotions, continuer à aimer, à tomber et à nous relever, car, comme le dit le poète, " il vaut mieux avoir aimé et perdu que de ne jamais avoir aimé du tout ".

Mais on peut aimer et gagner. Et c’est à la vie de trancher.

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