Découverte d’une collection d’art singulière et éclectique, ancrée autour d’un thème central: le Liban. Philippe Jabre, collectionneur passionné, offre à travers les œuvres rassemblées, une vision plurielle du pays du Cèdre, allant des tableaux orientalistes aux œuvres modernes de David Hockney. Curatée par Gaby Daher, cette expostion qui se tient à Beit Chabab, se veut un voyage à travers les époques, les styles et les perceptions.

Des tableaux de David Hockney, de grands peintres orientalistes, de la vaisselle gravée, des poupées, une exposition d’affiches colorées… Quel est le lien unissant ces œuvres éparses? Le Liban. Toutefois, un Liban polymorphe, façonné par les perceptions de plusieurs artistes étrangers et à différentes époques. Ces œuvres composent la collection de Philippe Jabre et sont exposées dans une bâtisse en pierre à Beit Chabab. Cette demeure pourrait se définir par une maison-musée. Ces deux dimensions cohabitent et s’entremêlent, créant une atmosphère particulière. De plus, les œuvres habitent cet endroit par leurs histoires à la fois multiples et singulières. Loin de créer la confusion, cette diversité s’orchestre et s’allie à merveille au sein du même espace. Ce travail, on le doit également à Gaby Daher, conservateur qui travaille depuis plusieurs décennies avec le collectionneur Philippe Jabre.

Rien de tel qu’une visite guidée par Gaby Daher afin de narrer et de reconstituer ces œuvres historiques et artistiques pour les transmettre aux intéressés. Afin d’en faire profiter les amateurs d’art, l’Agenda Culturel a organisé, en collaboration avec Artscoops, deux visites guidées.

Rencontre avec le conservateur afin de comprendre l’histoire de cette collection, en s’intéressant à son historique permettant de tracer un fil d’Ariane de cette exposition.

Comment avez-vous débuté votre collaboration avec Philippe Jabre? 

J’ai connu Philippe Jabre dans sa résidence londonienne en 1989. C’était à l’époque où je venais de m’installer à Paris et j’étais de passage à Londres pour un week-end. J’ai ainsi découvert qu’il s’intéressait beaucoup à son pays natal. Il venait d’acquérir un grand nombre de livres anciens sur le Moyen-Orient à la fameuse vente Blackmer (banquier américain installé à Athènes) chez Sotheby’s à Londres. J’ai su par ailleurs qu’il se portait acquéreur de tableaux de peintres libanais de renom (Farroukh, Onsi, Gemayel etc.). Puis l’idée m’est venue de lui proposer d’acheter plutôt des vues sur le Liban réalisées par des peintres voyageurs étrangers (excluant ainsi les peintres libanais et arabes).

Comment cette résidence à Beit Chabab s’est-elle progressivement muée en musée et comment a-t-elle été aménagée en faisant coexister des œuvres éclectiques? 

Nous avons acquis depuis 1989 autour de 500 œuvres (huiles sur toile, dessins, aquarelles) dont le thème est le Liban. Nous avons décidé d’accrocher pour le moment uniquement les huiles sur toile en attendant d’aménager un endroit approprié pour les aquarelles et dessins qui sont sensibles à la lumière et à l’humidité. Le projet consiste à entreposer ces œuvres sur papier dans une vieille maison sise à la sienne, mais qui reste encore à restaurer.

Par ailleurs, nous avons réhabilité l’usine de cloche Naffah que M. Jabre vient d’acquérir et où sont exposées au rez-de-chaussée les anciennes affiches de tourisme et de cinéma sur le Liban et à l’étage des œuvres d’artistes libanais.

Les œuvres sont toutes très différentes par leur style pictural, leur médium, leur courant. Existe-t-il tout de même un fil d’Ariane qui relie l’ensemble de cette collection acquise à travers les années? 

Le fil conducteur est le Liban. Nous avons entre autres une toile du XVIIe siècle (du temps de l’émir Fakhreddine), trois œuvres de David Hockney (il est venu au Liban en 1966) et deux œuvres d’Andy Warhol.

Il peut sembler surprenant, à une époque où le courant orientaliste est critiqué, de collectionner des œuvres qui s’en inspirent. En quoi cela est-il intéressant? Quel regard cela peut-il susciter? 

Cette collection n’a d’orientaliste que le nom. Je dirais plutôt que c’est une collection de vues topographiques du Liban dont l’importance iconographique est considérable. Hockney, Penck et Lapicque ne sont pas des peintres orientalistes. Ils ont juste exécuté des œuvres dont le thème est le Liban.

Noame Toumiat

Cet article a été originalement publié sur le site de l’Agenda culturel.

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