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Des coups de pinceau empreints d’expressivité, des chromatismes éclatants et une existence émaillée de tourments, telles sont les caractéristiques qui scellent la parenté artistique entre Vincent Van Gogh et Matthew Wong, peintre sino-canadien célébré à travers une exposition sans précédent à Amsterdam. Intitulée La Peinture en dernier recours, cette rétrospective, ouverte au public dès ce vendredi 1er mars 2024 au musée Van Gogh, marque la première présente pour la première fois en Europe plus de 60 œuvres de cet artiste salué outre-Atlantique, lequel a mis fin à ses jours en 2019, au seuil de la consécration.

L’exposition La Peinture en dernier recours met en exergue une pléiade de paysages fantastiques, baignés de couleurs vibrantes et souvent ponctués de teintes bleutées mélancoliques, sous de vastes lignes d’horizon. " Il existe une multitude de similitudes avec la démarche picturale de Van Gogh ", souligne Joost van der Hoeven, commissaire de l’exposition, lors d’une présentation anticipée. " Wong s’est initié à la peinture en autodidacte à l’âge de 27 ans, à l’instar de Vincent. Son œuvre se distingue par une manipulation expressive du pinceau et une utilisation audacieuse de la couleur ", ajoute-t-il. " L’œuvre exhale également une émotivité brute, et en approfondissant ma connaissance de Wong, j’ai découvert de nombreux parallèles troublants entre leurs parcours de vie ", confie-t-il à l’AFP.

Matthew Wong a partagé son existence entre le Canada et Hong Kong, embrassant la peinture huit ans seulement avant sa disparition, en tant qu’ultime refuge. " Je me retrouve en lui. L’incapacité d’appartenir à ce monde ", avait-il confié, selon les dires du musée, évoquant Van Gogh, qui s’est ôté la vie à 37 ans, accablé par de sévères troubles psychiques. Cependant, contrairement au destin miséreux du génie néerlandais, " le talent de Wong a été largement reconnu tout au long de sa brève mais tumultueuse carrière ", souligne le musée. Vers 2017, son œuvre foisonnante et imaginaire a capté l’attention des collectionneurs d’art américains. Le New York Times l’avait alors décrit comme " l’un des peintres les plus prometteurs de sa génération ".

Matthew Wong s’est éteint à l’âge de 35 ans, " à l’aube de la gloire ", rappelle une nécrologie du New York Times en octobre 2019. Le long de sa vie, M. Wong a été confronté à la dépression, à l’autisme et au syndrome de Gilles de la Tourette, " lui rendant difficile la communication avec autrui ", selon le musée Van Gogh. Sur les réseaux sociaux, il a découvert une communauté auprès de laquelle il a beaucoup appris. Outre Van Gogh, Wong a puisé son inspiration dans l’œuvre d’une vaste palette d’autres peintres, tels que Gustav Klimt, Henri Matisse et l’artiste japonaise contemporaine Yayoi Kusama. " Cela va bien au-delà d’une simple influence de Vincent sur Wong ", a déclaré Emilie Gordenker, directrice du musée Van Gogh. " Wong était un artiste d’une incroyable talent, doté d’une vaste palette, d’une sincérité émotionnelle profonde, un grand peintre " en son propre droit, insiste-t-elle auprès de l’AFP. Bien que les paysages de Wong reflètent l’influence de Van Gogh, l’artiste sino-canadien " a élaboré son propre vocabulaire pictural ", poursuit-elle. Dans son travail, certaines allusions évoquent " un sentiment de mélancolie et de tristesse ", ajoute-t-elle. De nombreuses toiles révèlent " une figure solitaire minuscule dans cet univers fantastique et oppressant ", note M. van der Hoeven. " Ces figures sont en réalité des autoportraits ".

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