Israël-Liban-conflit-énergie-gaz,PREV Israël refuse les amendements libanais au projet d’accord sur le gaz (PAPIER GENERAL) Par Guillaume LAVALLÉE
Jérusalem, 6 oct 2022 (AFP) – Israël a rejeté jeudi les amendements du Liban sur le projet d’accord américain visant à délimiter la frontière maritime entre les deux pays et ainsi faciliter l’exploitation d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale. Le médiateur américain Amos Hochstein avait fourni le weekend dernier au Liban et à Israël une proposition écrite pour mettre un terme au différend maritime entre les deux voisins, officiellement en état de guerre et engagés depuis deux ans dans des négociations indirectes. Les dirigeants des deux pays avaient fait part de leur soutien général à cette proposition qui, selon des informations de presse et des responsables, prévoit que le gisement offshore de Karish demeure en Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban mais que l’Etat hébreu touche une partie des revenus de l’exploitation gazière. Mardi, le Liban a remis aux Etats-Unis sa réponse qui comprenait des " modifications " visant à " rendre le texte plus clair et non sujet à interprétation ", a déclaré à l’AFP et sous couvert d’anonymat un responsable libanais impliqué dans les négociations. Jeudi matin, peu après la pause de Yom Kippour, jour du jeûne juif, Israël a signifié son refus à ces amendements, sans les détailler. " Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l’accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter ", a déclaré à l’AFP un haut responsable israélien requérant l’anonymat. La proposition du médiateur américain sur la démarcation de la frontière maritime " protège " et " renforce " les intérêts de l’Etat hébreu, avait déclaré dimanche le Premier ministre Lapid, qui, en pleine campagne pour les législatives du 1er novembre, fait l’objet de vives critiques de l’opposition, menée par Benjamin Netanyahu, sur ce projet d’accord.
– " Capitulé " –
M. Netanyahu, qui cherche à revenir à la tête du gouvernement israélien, a accusé M. Lapid de " donner " un " territoire souverain d’Israël " au Hezbollah, ennemi juré de l’Etat hébreu, voire d’avoir " capitulé " devant les menaces de Hassan Nasrallah, chef du puissant mouvement libanais qui avait affronté Israël dans une guerre de plus d’un mois en 2006. L’opposition israélienne s’interroge par ailleurs sur la légitimité du gouvernement intérimaire de M. Lapid de " céder " du " territoire israélien " sans passer par un vote de la Knesset (Parlement), voire par un référendum. De son côté, le gouvernement insiste sur le fait que l’espace maritime partagé fait plutôt partie d’une " zone économique exclusive " et qu’il n’y a donc pas nécessité de passer par un vote du Parlement ou un référendum pour signer l’accord avec le Liban. " Les amendements (de Beyrouth) garantissent les droits du Liban d’exploration pour du gaz et du pétrole dans sa zone économique exclusive " et cherchent à clarifier des " représentations erronées " ayant circulé lors des négociations, a commenté jeudi la présidence libanaise avant la réaction d’Israël. Un haut responsable libanais impliqué dans les négociations a indiqué à l’AFP que le Liban n’avait pas reçu la réponse israélienne et que l’équipe de négociation libanaise avait passé " la nuit entière " à communiquer avec le médiateur américain afin de " clarifier certains points ". De son côté, Israël maintient qu’il exploitera le gisement controversé de Karish, et ce même en l’absence d’accord sur sa frontière maritime avec le Liban et en dépit de menaces du Hezbollah. Le Premier ministre Lapid a d’ailleurs évoqué ce dossier lors de visites à Paris et Berlin ces derniers mois. Dans un contexte où l’Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, Israël mise sur le gisement de Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons de gaz vers le Vieux continent. " Si le Hezbollah ou quiconque tente d’endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime vont cesser immédiatement ", a prévenu jeudi un haut responsable israélien, peu avant une rencontre du cabinet de sécurité de M. Lapid sur ce dossier épineux. gl-bur/mib/cgo

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