L’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi les enquêtes " bâclées " des autorités libanaises sur quatre assassinats depuis 2020 et a appelé les pays fournissant une aide financière aux forces de sécurité du Liban à " revoir " leur assistance. " Les meurtres non résolus et les enquêtes bâclées sur des assassinats rappellent la dangereuse faiblesse de l’État de droit au Liban face à des élites et des groupes armés irresponsables, " a déclaré dans un communiqué Aya Majzoub, chercheuse à HRW. De nombreux assassinats et tentatives d’assassinats ont eu lieu au Liban, pays aux profondes divisions politiques et communautaires depuis son indépendance en 1943. Le manque de preuves ou des ingérences politiques empêchent souvent la justice de poursuivre les criminels. HRW a examiné les enquêtes préliminaires dans les meurtres de quatre personnes depuis 2020, dont Lokman Slim, un militant et intellectuel critique du Hezbollah, mouvement armé chiite pro-iranien pesant sur la vie politique libanaise. A plusieurs reprises, le Hezbollah avait menacé M. Slim, selon sa famille. Les trois autres victimes sont un colonel à la retraite de l’administration des douanes, un photographe militaire amateur et un employé de banque. Les autorités libanaises n’ont pas identifié de suspects et n’ont pas suivi de pistes d’enquête claires, " même si les meurtres ont été commis soit à proximité de zones résidentielles et densément peuplées, en plein jour, " indique HRW dans un communiqué. Un de ces meurtres a même été filmé par une caméra de surveillance, selon l’ONG. Les avocats et les proches des victimes ont déclaré à HRW que la police ne leur avait posé que " des questions superficielles limitées à des motivations personnelles ", ignorant les pistes reliant le travail politiquement sensible des victimes à leur assassinat. HRW a exhorté les autorités à ouvrir des enquêtes sur les allégations d’inconduite et de négligence grave de la part des responsables chargés des enquêtes sur les meurtres et à enquêter sur toutes les pistes. Les pays donateurs ont acheminé des millions de dollars d’aide aux autorités libanaises, explique l’ONG. " Les donateurs devraient revoir l’aide qu’ils fournissent pour s’assurer qu’ils ne financent pas des unités engagées dans la dissimulation de meurtres sensibles ", a déclaré Mme Majzoub. Dans un entretien début février avec l’AFP, la veuve de M. Slim, Monika Borgmann, a exprimé ses doutes sur l’aboutissement de l’enquête sur le meurtre de son époux. Selon elle, si le meurtre de M. Slim restait impuni, cela reviendrait à donner le " feu vert aux meurtriers, quels qu’ils soient, pour qu’ils continuent ".

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