Téhéran a annoncé mercredi avoir protesté auprès de la France contre la sélection par le festival de Cannes du film " Les nuits de Mashhad " qui raconte l’histoire d’un serial killer de prostitués dans la République islamique. Réalisé par le Danois-Iranien Ali Abbassi, le film faisait partie de la sélection officielle de la 75e édition du festival, qui n’est pas officiellement lié au gouvernement français. Et l’Iranienne Zar Amir Ebrahimi qui joue dedans a remporté le prix d’interprétation féminine. " Nous avons formellement protesté auprès du gouvernement français ", a déclaré le ministre iranien de la Culture, Mohammad-Mehdi Esmaïli, à la télévision publique. La sélection de ce film est " complètement politique " et vise à " montrer une mauvaise image de la société iranienne ", a-t-il ajouté. " Nous prendrons certainement en compte cette question dans nos échanges culturels ", a-t-il poursuivi sans plus de détails. L’Organisation du cinéma iranien, affiliée au ministère de la Culture, s’était déjà insurgée lundi contre la décision " politique " de sélectionner le film au festival de Cannes, qui s’est tenu du 17 au 28 mai. Ce film s’inspire de l’histoire vraie d’un homme ayant tué 16 prostituées au début des années 2000 à Mashhad (nord-est). Zar Amir Ebrahimi y incarne une journaliste qui tente de percer le mystère de ces meurtres mais est confrontée au machisme d’une société patriarcale. " Les nuits de Mashhad ", tourné en Jordanie après une interdiction en Iran, était l’un des deux films iraniens en compétition pour la Palme d’or cette année, avec " Les frères de Leila " de Saeed Roustaee, histoire d’une famille luttant pour sortir de la pauvreté à Téhéran. Le ministre iranien de la Culture a mis en garde contre d’éventuelles " restrictions " concernant la diffusion en Iran des " Frères de Leila ", projeté à Cannes avant d’obtenir une autorisation de projection de Téhéran. Pendant le festival, Saeed Roustaee avait laissé entendre que la sortie du film en Iran n’était pas encore autorisée. " Obtenir un permis de tournage est un processus (…) fastidieux et long. Ensuite, il faut un autre permis pour sortir le film en salle et dans ce processus, il y a bien sûr la censure ", avait-il déclaré à l’AFP. De grands réalisateurs iraniens ont été récompensés à Cannes comme Abbas Kiarostami (qui a remporté la Palme en 1997) et Asghar Farhadi, qui a remporté deux fois l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et faisait partie du jury cette année.

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