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Avec le réchauffement climatique, les stations de ski au Liban doivent faire face au défi du manque de neige, à des saisons de plus en plus courtes et à des dépenses de plus en plus importantes. Est-ce toujours un secteur lucratif?  

Le réchauffement climatique pourrait marquer la fin des sports d’hiver au Liban. Si la neige est toujours au rendez-vous en montagne, elle tombe moins souvent et plus tard dans la saison. Les premières neiges viennent de faire leur apparition à la mi-janvier et doivent tomber abondamment et rapidement parce que, comme l’affirment les paysans, "les neiges tombées en février ne tiennent pas parce que la terre commence à se réchauffer". Les stations de ski libanaises sont obligées de s’adapter et comptent notamment sur des saisons courtes, mais intenses.

La saison de ski au Liban s’étalait, il y a encore quelques années, sur quatre mois, débutant vers la mi-décembre voire début décembre et se terminant au début du mois d’avril. Pour les Cèdres, elle débutait parfois vers la mi-novembre et se poursuivait souvent jusqu’à fin avril.

Des entreprises touchées de plein fouet

Avec en plus la hausse fulgurante des prix des taxes douanières au Liban, du mazout et du manque d’approvisionnement en électricité par l’État, les entreprises propriétaires des stations de ski sont touchées de plein fouet. Grosses consommatrices d’électricité, les stations ont du mal à rentrer dans leurs frais et encore moins à générer des gains.

Selon une estimation de la consommation électrique des domaines skiables, les remontées mécaniques consomment beaucoup d’énergie représentant jusqu’à 90% de la facture électrique des stations.

Le responsable de la station des Cèdres, Elie Fakhry, explique à Ici Beyrouth que ce qui pèse lourd dans le budget, ce sont les dépenses liées à l’entretien des remontées mécaniques et du domaine en général. "Les pièces de rechange sont importées et chères parce qu’elles doivent être de bonne qualité pour la sécurité des skieurs. L’augmentation du dollar douanier et des taxes a multiplié les prix de ces pièces." Ensuite viennent le prix du mazout et le coût de l’entretien des générateurs puisqu’Électricité du Liban ne fournit pas de courant et, enfin, les salaires des employés.

La station des Cèdres a ouvert le 15 janvier, mais elle aurait pu ouvrir à Noël puisque les pistes les plus hautes, situées à 2.900 mètres d’altitude, étaient déjà enneigées et skiables. Or le problème des câbles du téléski qui mène aux pistes les plus hautes, sectionnés en novembre 2022, n’a toujours pas été réglé. "La justice n’avance pas. L’État ne nous aide pas et nous ne pouvons pas les réparer au risque de les voir endommagés à nouveau. Conséquence 30% du domaine est fermé et donc 30% de manque à gagner. Sans compter que cela influe sur les emplois de la région. Avec 30% du domaine fermé, c’est moins d’employés", s’insurge-t-il. Par ailleurs, beaucoup de skieurs ne s’y rendent plus plus à cause de la fermeture d’une partie du domaine skiable. Ceci contraint aussi la station à fermer au plus tard à la mi-mars puisque les pistes qui restent enneigées plus longtemps ne sont pas accessibles. Le responsable assure que la station ne gagne pas d’argent et rentre à peine dans ses frais.

Même son de cloche du côté des responsables du domaine de Faraya-Mzaar. "Nous avons des dépenses faramineuses qui justifient le prix élevé des remontées mécaniques, mais, malgré cela, nous ne rentrons pas dans nos frais", indique à Ici Beyrouth Nicole Wakim, responsable de la station. Elle déplore le coût excessif de l’énergie et de l’entretien du fait du prix des pièces de rechange. Elle souligne que si les chutes de neiges sont trop importantes, cela cause un problème de coût parce que les machines pour déneiger consomment énormément de mazout. Pour assurer des liquidités pour les travaux d’ouverture de la station, elle explique que des abonnements pour la saison de ski ont été vendus à des prix compétitifs bien avant le début de la saison.

Elle révèle, par ailleurs, que pour l’instant le refuge ne pourra pas ouvrir à cause d’un problème d’enneigement, ce qui provoquera également un manque à gagner.

Rappelons que le ski au Liban est populaire depuis les années 1930 et les premières remontées mécaniques ont fait leur apparition dans les années 1950 aux Cèdres. Aujourd’hui, le Liban possède six stations de sports d’hiver ( Faraya Mzaar, Faqra, les Cèdres, Zaarour, Laklouk et Kanat Bakiche).