Dans son rapport sur les "Perspectives de pauvreté au Liban", la Banque mondiale (BM) considère que le budget pour l’exercice 2024 représente "une occasion manquée d’adopter les changements nécessaires au budget et à la politique budgétaire", même si ce dernier prévoit de réduire à zéro le déficit budgétaire et d’atteindre des recettes de 17,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2024.

Le rapport, dont les détails ont été publiés dans le bulletin hebdomadaire du Crédit libanais, prévoit que les recettes du gouvernement passeront de 6,1% du PIB en 2022 à 15,3% en 2023 grâce aux mesures adoptées dans le budget 2022 (qui est entré en vigueur en 2023) et la décision de commencer à percevoir les redevances portuaires et aéroportuaires en dollars américains en 2023. Il a révélé que la décision de la nouvelle direction de la Banque du Liban de s’abstenir de financer le budget du second semestre 2023 explique l’excédent budgétaire (0,5% du PIB) et l’excédent primaire (1,6% du PIB) au cours de l’année 2023.

L’institution financière s’attend à ce que le pays enregistre une contraction économique de 0,2% en 2023, après que l’économie libanaise s’est contractée de 0,6% en 2022 et de 7,0% en 2021, avec toutefois une croissance de 0,5% en 2024.

La Banque mondiale a attribué cette contraction à l’escalade du conflit dans le sud du Liban entre Israël et le Hezbollah. Celui-ci pourrait avoir provoqué des chocs dans le secteur du tourisme au cours du quatrième trimestre 2023, affectant la croissance économique. Le rapport indique que le conflit dans le sud a accru la gravité des chocs au Liban, qui souffre toujours d’une crise sociale et économique majeure à la lumière des vides politiques et institutionnels (vacance présidentielle, gouvernement intérimaire, réalisations limitées du Parlement et absence de volonté politique pour mener à bien les réformes fondamentales et nécessaires). Elle a également indiqué que la croissance économique au Liban au cours de l’année 2023 aurait été positive à 0,2% (grâce aux fortes recettes touristiques) sans le déclenchement de la guerre à Gaza.

Par ailleurs, le taux d’inflation a augmenté à 221,3% en 2023 en raison de la baisse significative du taux de change de la monnaie locale par rapport au dollar américain au cours du premier semestre de l’année 2023. Néanmoins, l’institution financière s’attend à ce que le taux d’inflation des prix au Liban diminue à 83,9% en 2024, toutes les composantes de l’indice étant désormais dollarisées.

Le rapport souligne aussi que le déficit du compte courant diminuerait à 11% du PIB en 2023 après avoir augmenté à 32,7% du PIB en 2022. Cette baisse (de 6,9 ​​milliards de dollars en 2022 à 2,0 milliards de dollars en 2023) est due principalement à la diminution dans le déficit du commerce des biens et l’excédent du commerce des services (de 10% du PIB). La Banque mondiale prédit que "si le Liban s’adapte à la situation sécuritaire instable et si les tensions dans le sud cessent au cours du second semestre, le Liban pourrait enregistrer une véritable croissance économique en 2024".

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !