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Certains parlent de schizophrénie et d’autres d’adaptation à la réalité. D’autres encore y voient une certaine résilience économique. Quoi qu’il en soit, le Liban traverse une crise économique et financière d’une gravité sans précédent, classée par la Banque mondiale parmi les dix pires crises mondiales et potentiellement l’une des trois plus graves depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Cette situation suscite de nombreuses interprétations et analyses, mais le constat est unanime: malgré les conditions les plus difficiles, ce pays fait preuve d’une résistance exceptionnelle, défiant toutes les attentes.

Une fois de plus, malgré les conditions difficiles de la guerre et les menaces israéliennes, les expatriés restent déterminés à se rendre au Liban. En effet, le nombre de passagers à l’aéroport international de Beyrouth a considérablement augmenté, passant de 10.000 à 16.000 par jour. De plus, le nombre de vols vers le Liban opérés par les compagnies aériennes est passé de 75 à 100 vols par jour, ce chiffre étant susceptible d’être revu à la hausse dans les semaines à venir.

Si cette tendance se maintient, le nombre de visiteurs au Liban pourrait atteindre près d’un million de personnes. Selon le syndicat des agences de voyage et de tourisme, les réservations étaient initialement en baisse, en raison des menaces israéliennes, mais ont repris de plus belle, la majorité des visiteurs étant des expatriés libanais. Les prévisions indiquent que plus de 400.000 expatriés pourraient visiter le Liban cet été, en plus des touristes arabes en provenance de Jordanie, d’Égypte et d’Irak.

Le secteur hôtelier a enregistré une augmentation significative, avec un taux d’occupation dépassant les 50%, en particulier dans les hôtels ayant accueilli des événements artistiques pendant l’Aïd al-Adha.

Le secteur dynamique des restaurants, cafés, discothèques et pâtisseries connaît également une forte effervescence avec l’ouverture de nouveaux établissements au Liban. Tony el-Ramy, président du syndicat des restaurateurs, souligne que le secteur a su naviguer à travers la crise, démontrant ainsi sa résilience et renforçant sa présence au cours des deux dernières saisons. Une réussite qu’il attribue aux propriétaires d’établissements touristiques les qualifiant de véritables héros pour leurs efforts inlassables.

M. El-Ramy soutient également que les concerts organisés à Beyrouth sont sans égal par rapport à d’autres pays confrontés à des situations similaires. Malgré les défis colossaux, il estime que cela envoie un message puissant au monde entier: le Liban a toujours été et restera un sanctuaire pour l’art, l’amour, la paix et le tourisme.

Une fois de plus, ce secteur a réussi à replacer le Liban sur la carte touristique mondiale, et ce, malgré la guerre en cours, l’absence de compensations, d’incitations, de réformes, de prêts et de primes d’assurance, notamment après l’explosion du port, sans compter les problèmes d’électricité, ainsi que l’absence de plans de sauvetage et d’exonérations.

Ce succès est attribué aux propriétaires de ces établissements touristiques qui ont su résister aux défis, ainsi qu’aux employés, considérés comme des partenaires de production et des piliers du succès de ces institutions. De nombreux travailleurs sont revenus de l’étranger et ont retrouvé leur emploi après que le secteur du tourisme a créé 15.000 emplois la saison dernière, avec des prévisions similaires pour cette saison.

Tony el-Ramy considère l’année 2022 comme un tournant pour le secteur de la restauration. Pendant l’été 2022, le syndicat a pris des mesures audacieuses, devenant le fer de lance du secteur privé en matière de dollarisation, en investissant directement dans les établissements, plutôt que de laisser les cambistes tirer profit de la situation. Il a également renforcé et récompensé les effectifs, assurant ainsi la stabilité du secteur.

En ce qui concerne les restaurants, cafés, discothèques et pâtisseries, environ 100 enseignes parmi les plus recherchées et les plus populaires continuent de fonctionner normalement, ce qui constitue un indicateur extrêmement positif pour le secteur.

Les personnes âgées fréquentent souvent les restaurants, en particulier les restaurants libanais, pendant leurs jours de congé, tandis que les jeunes aisés préfèrent les établissements branchés et modernes. Récemment, une vague d’ouverture de restaurants a été observée, que Tony el-Ramy attribue aux investissements d’individus mécontents de conserver leur argent à la maison plutôt que de le déposer auprès des banques.

Cependant, ces entrepreneurs se heurtent à la réalité des coûts opérationnels élevés et de l’approvisionnement en matières premières de qualité, ce qui conduit certains établissements à fermer faute d’expérience suffisante. C’est pourquoi il estime que les investissements dans le secteur de l’alimentation et des boissons doivent être abordés avec prudence, en soulignant l’importance d’une analyse approfondie du marché, de consultations spécialisées, en plus d’une expertise scientifique et professionnelle.

Le secteur a subi une réduction 50% au cours des dernières années, avec une diminution du nombre d’établissements passant de 8.500 à 4.500 environ sur une période de deux ans. Avant 2019, le secteur employait environ 150.000 personnes, dont 50.000 travailleurs saisonniers. Cependant, après la crise, ce nombre a chuté à 80.000, puis à 70.000, avant de remonter à 100.000. À l’heure actuelle, environ 50.000 travailleurs sont employés uniquement dans le secteur de la restauration, représentant environ 50% des employés des institutions touristiques.

Les restaurants ont progressivement rouvert leurs portes et leur nombre a considérablement augmenté au cours des six derniers mois. Pendant cette période, de nombreux investisseurs se sont tournés vers le développement de restaurants, que ce soit pour ouvrir de nouveaux établissements ou étendre les franchises de restaurants prospères à l’étranger en exportant leurs marques. En effet, la crise a fortement stimulé l’exportation des restaurants libanais à l’étranger, contribuant ainsi à soutenir l’économie libanaise en y injectant des devises étrangères.

Mais ce qui est également remarquable, c’est l’ouverture de nombreux nouveaux restaurants au Liban et surtout l’introduction de nouvelles franchises sur le marché libanais malgré la persistance de la crise économique. Les données révèlent l’ouverture de plus de 50 nouveaux établissements de restauration, dont 30 sont situés au centre-ville de Beyrouth, principalement dans les environs de Mina el-Hosn, du port et de Saïfi.

D’autres restaurants dans la même région se préparent également à ouvrir progressivement. En outre, quatre nouvelles franchises internationales ont fait leur entrée sur le marché, dont JOE & THE JUICE du Danemark, qui compte actuellement 300 succursales dans 16 pays, ainsi que ESPRESSOLAB de Turquie, avec plus de 245 succursales dans le monde. La franchise britannique EL&N et la nouvelle enseigne turque du chef Burak ont également été introduites à Beyrouth, contribuant ainsi à maintenir le secteur touristique pleinement opérationnel avec un niveau de service de qualité supérieure.

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