Au moins 200 personnes ont été tuées mardi dans une frappe israélienne qui a visé un hôpital de la ville de Gaza, ont annoncé les autorités du Hamas, à la veille d’une visite en Israël du président américain Joe Biden et au onzième jour de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

L’armée israélienne a déclaré mardi que l’organisation palestinienne Jihad islamique était responsable de la frappe qui touché l’enceinte d’un hôpital dans la ville de Gaza, faisant au moins 200 morts d’après les autorités locales.

"Selon des informations provenant des services de renseignement et basées sur plusieurs sources, l’armée israélienne a affirmé dans un communiqué que le Jihad islamique était responsable du tir de roquette raté qui a touché l’hôpital", a affirmé l’armée israélienne dans un communiqué.

"Entre 200 et 300" personnes sont mortes "dans un bombardement ayant touché l’enceinte de l’hôpital Ahli Arab", situé dans le centre-ville, et "des centaines de victimes se trouvent encore sous les décombres", selon un communiqué du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas.

Peu de temps après le tir, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de sécurité dans les rues de Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée.

Interrogé à ce sujet, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a déclaré qu’ils ne disposaient pas encore de tous les détails. Il a ajouté: "Nous allons examiner (l’affaire). La frappe est récente (…) il est difficile d’évaluer immédiatement la situation."

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, l’armée israélienne bombarde quotidiennement, en riposte, la bande de Gaza, jurant d’éliminer le mouvement palestinien. Ces frappes ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, dont de nombreuses ont trouvé refuge dans des hôpitaux.

Dans la bande de Gaza, les frappes israéliennes ont déjà fait plus de 3.000 morts – des civils en majorité –, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales.

À Gaza, plus d’un million de Palestiniens, selon l’ONU, ont fui leur foyer. Ces déplacés se pressent par milliers dans les hôpitaux, devenus des camps improvisés, dans l’espoir d’échapper aux frappes israéliennes.

"Personne n’a pitié de nous", s’indigne Ibrahim Teyssir, réfugié à l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la ville de Gaza.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà recensé lundi "111 infrastructures médicales" visées, "12 cadres soignants tués et 60 ambulances visées".

Au moins six personnes réfugiées dans une école de l’ONU ont aussi été tuées mardi dans un raid israélien, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

L’eau et la nourriture manquent aussi pour les 2,4 millions de Gazaouis, privés également d’électricité, après le siège imposé par Israël le 9 octobre au petit territoire palestinien, déja soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007.

Dans le sud de Gaza, où les habitants ont fui par centaines de milliers, suivant un appel à l’évacuation du nord lancé par l’armée israélienne, le point de passage de Rafah, contrôlé par l’Égypte, reste fermé.

L’aide humanitaire qui afflue demeure bloquée à cette unique porte de sortie de Gaza qui échappe au contrôle israélien.

Premier chef de gouvernement à se rendre en Israël depuis le début de la guerre, le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué avoir évoqué avec Benjamin Netanyahu la possibilité d’un "meilleur accès de l’aide humanitaire" à Gaza.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sera jeudi au Caire pour discuter notamment de l’acheminement de cette aide avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.

Ahmed Aboul Gheit, le chef de la Ligue arabe basée au Caire, a appelé mardi "l’Occident à mettre un terme immédiatement la tragédie" à Gaza

Cette attaque est le fruit d’un "esprit diabolique", a-t-il encore dénoncé dans un message posté sur X (anciennement Twitter). "Nos mécanismes arabes recensent les crimes de guerre, et leurs auteurs ne pourront pas échapper à la justice", a-t-il prévenu.

Réactions des pays arabes

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a dénoncé un "massacre" et décrété un deuil national de trois jours.

Un haut responsable palestinien a déclaré que le président Mahmoud Abbas avait annulé sa participation à une réunion prévue mercredi avec le président Joe Biden et d’autres dirigeants du Proche-Orient.

Des heurts ont éclaté mardi soir entre manifestants appelant au départ du président palestinien, Mahmoud Abbas, et ses forces de sécurité à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé mardi à "l’arrêt de cette violence sans précédent à Gaza" après la frappe meurtrière israélienne sur un hôpital à Gaza.

Les Jordaniens ont tenté de pénétrer dans l’ambassade d’Israël à Amman.

Frappe sur un hôpital de Gaza: le Qatar dénonce un "massacre" (ministre des Affaires étrangères)

Les Émirats arabes unis ont appelé mardi à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies mercredi après le bombardement de l’hôpital Al-Ahli Arab à Gaza.

Réactions des organisations multilatérales

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a estimé mardi qu’une attaque contre une infrastructure civile n’était pas conforme au "droit international", après l’attaque israélienne meurtrière contre un hôpital à Gaza.

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné mardi la frappe israélienne qui a touché un hôpital dans la bande de Gaza et exigé une protection immédiate des civils et des installations de santé.

"L’OMS condamne fermement l’attaque sur l’hôpital Al-Ahli Arab", a posté sur la plate-forme X (anciennement Twitter) Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés mardi soir devant l’ambassade de France à Tunis pour protester contre la frappe meurtrière, réclamant le renvoi des ambassadeurs français et américain.

Maria Chami, avec AFP

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