Le leader politico-religieux irakien Moqtada al-Sadr a exigé vendredi du gouvernement irakien qu’il ferme l’ambassade des États-Unis en raison de leur soutien à Israël. L’Irak, dont la population soutient massivement la cause palestinienne, reste aussi un terrain d’affrontement potentiel entre les États-Unis et l’Iran qui y entretiennent une présence armée.

L’influent leader religieux irakien Moqtada al-Sadr a réclamé vendredi du gouvernement irakien qu’il "ferme" l’ambassade américaine à Bagdad en raison du "soutien inconditionnel" de Washington à Israël dans la guerre contre le Hamas palestinien.

Si "le gouvernement et le Parlement ne répondent pas favorablement à cette demande, nous entreprendrons d’autres actions que nous annoncerons ultérieurement", a prévenu sur X (anciennement Twitter) le dignitaire chiite, habitué des coups d’éclat dans son opposition au gouvernement irakien.

En Irak, la défense de la cause palestinienne fait largement consensus et transcende les différences politiques. A l’égal de son voisin iranien, ennemi juré de l’Etat israélien, Bagdad ne reconnaît pas Israël.

Depuis le début des bombardements israéliens sur Gaza, le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, vitupère contre l’"occupation sioniste" qu’il qualifie de "génocide" du peuple palestinien.

Ces bombardements ont tué plus de 7.300 personnes, des civils dans leur immense majorité, selon le ministère de la Santé du Hamas palestinien, mouvement islamiste que soutient l’Iran. Israël a débuté ces raids après l’attaque surprise sans précédent du Hamas sur son territoire, le 7 octobre, qui a fait depuis plus de 1.400 morts.

En Irak, comme dans de nombreux autres pays arabes et musulmans, des manifestations ont lieu chaque vendredi pour dénoncer les bombardements israéliens et pour soutenir les Palestiniens.

Recrudescence des attaques anti-américaines

En outre, depuis un peu plus d’une semaine, les forces américaines et leurs alliés déployés en Irak sont la cible d’attaques revendiquées pour la plupart par un groupe baptisé "Résistance islamique en Irak" sur des chaînes Telegram affiliées aux puissantes factions irakiennes pro-iraniennes.

Jeudi, le Pentagone a dénombré au moins 16 de ces attaques en Irak et en Syrie, pointant du doigt les "milices soutenues par l’Iran".

Le gouvernement irakien est soutenu par des partis pro-iraniens entretenant d’étroites relations avec Téhéran. Mais il doit par ailleurs préserver ses relations avec les Etats-Unis, dont 2.500 soldats sont déployés en Irak. Lundi, il a ainsi condamné les attaques "inacceptables" contre les soldats américains et il a assuré qu’une enquête était en cours.

Face à ces tensions, Washington a ordonné vendredi dernier l’évacuation du personnel non-essentiel de son ambassade à Bagdad, située dans la Zone verte, secteur fortifié de la capitale irakienne, et de son consulat à Erbil, au Kurdistan irakien.

Malo Pinatel, avec AFP