Alors que les forces israéliennes bombardent violemment la bande de Gaza, les familles des otages sont excédées par le silence de leur gouvernement. Le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré explorer " toutes les options " pour les récupérer.

Pendant que leur armée soumettait la bande de Gaza à un pilonnage d’une violence inédite depuis le début de la guerre, ce fut une nuit sans sommeil : les familles israéliennes des 230 otages du Hamas ont exigé samedi des " réponses " de leur gouvernement.

" Les familles ne dorment pas. Elles veulent des réponses. Elles méritent des réponses ", a réclamé samedi à Tel-Aviv, Haïm Rubinstein, 35 ans, porte-parole du Forum des familles d’otages et de disparus.

Les familles réclament l’échange

avec les prisonniers palestiniens 

En début de soirée, samedi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu les a reçues. " Nous explorerons toutes les options pour les ramener à la maison ", a-t-il promis. Les deux objectifs de la guerre, a-t-il dit, sont de " détruire " le Hamas et de " ramener les otages à la maison ". Selon les informations en provenance de Tel-Aviv, les familles des otages auraient demandé à M. Netanyahu d’avaliser la proposition d’un échange global entre les otages aux mains du Hamas et les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

Les familles des otages ont d’autre part été reçues par le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. " Plus fort nous les frappons, plus ils seront disposés à trouver une sorte d’arrangement, et nous serons en mesure de ramener nos otages aimés à la maison ", a assuré le ministre Gallant, s’employant à répondre à l’inquiétude des familles sur les conséquences de l’intensité accrue des frappes et de l’entrée des troupes israéliennes sur le sol de Gaza depuis vendredi soir.

Le Hamas prêt à la négociation

De son côté, le Hamas a affirmé être prêt à " immédiatement " relâcher les otages en échange de la libération de tous les Palestiniens incarcérés en Israël.

" Quel que soit l’accord proposé, il faut l’accepter immédiatement ", implore Ifat Kalderon dont plusieurs membres de la famille sont retenus en otage.

Avant d’être reçues par Benjamin Netanyahu, les familles ont exprimé toute la journée leur désarroi à Tel-Aviv, réclamant la libération de leurs proches aux cris de " Maintenant, maintenant, maintenant ", souvent en larmes.

" On veut qu’ils reviennent maintenant, on ne mange pas, on ne dort pas ! Ramenez-les à la maison, vous n’avez donc pas de cœur? ", lance Stella Samerano, en tenant une photo de son petit-fils, Jonathan.

Dans les journaux israéliens, sur les réseaux sociaux, les visages et les histoires des otages sont omniprésents, nourrissant le profond traumatisme de la société israélienne. Ils sont de tous les âges, nourrissons, enfants, adultes, personnes âgées.

L’entrée des troupes israéliennes dans Gaza et l’intensité accrue des bombardements a renforcé les inquiétudes sur leur sort, tandis que le bilan du Hamas des opérations militaires israéliennes à Gaza s’élève à plus de 7.700 morts, essentiellement des civils.

Le mouvement islamiste palestinien avait indiqué jeudi qu’une cinquantaine d’otages faisaient partie de ces morts, une " estimation " selon lui, qui ne peut être vérifiée de façon indépendante.

Samedi matin, l’armée israélienne a annoncé avoir notamment visé le réseau de tunnels souterrains d’où le Hamas mène ses opérations. Or c’est dans cet immense labyrinthe que seraient retenus au moins une partie des otages.

Ilan Zercharya dit être " terrifié " depuis l’intensification des bombardements. Sa nièce, Eden, a été kidnappée lors du festival Nova où plus de 230 personnes ont été tuées par les combattants du Hamas.

" On vous attend "

Samedi, beaucoup portaient des T-shirts sur lesquels étaient imprimées des photographies de leurs proches.

Sur un long tapis blanc, de nombreux messages : " On vous attend ", " S’il vous plaît, libérez nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos parents ".

Beaucoup se plaignent du silence des autorités, une poignée présentant des portraits de M. Netanyahu le visage maculé de sang. D’autres disent qu’ils comprennent le secret des opérations. Des tensions apparaissent parfois. Mais l’angoisse les réunit.

" Je suis là parce que j’ai besoin de porter leur voix ", dit Inbal Zach, 38 ans, cousine de Tal Shoham, enlevé au kibboutz de Beeri avec six autres membres de sa famille. " On ne sait rien de ce qui leur est arrivé. On ne sait pas s’ils ont été exécutés, s’ils ont eu la visite d’un médecin, s’ils ont de la nourriture. "

Certains expriment leur colère contre les ravisseurs : " Vous voulez des droits ? De l’électricité ? De l’eau ? De l’aide humanitaire ? De la nourriture ? Libérez les otages ! Équation simple ", dit M. Zechariya.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP