Les États-Unis ont mis leur véto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un " cessez-le-feu humanitaire immédiat " dans la bande de Gaza réclamé avec force par le secrétaire général Antonio Guterres.

La résolution préparée par les Émirats arabes unis et soutenue par près de 100 pays, a recueilli 13 voix en faveur, une voix contre (États-Unis) et une abstention (Royaume-Uni).

Le représentant américain a déclaré que son pays s’opposait à la résolution " car elle ne condamnait pas les attentats du 7 octobre ", ajoutant qu’elle était " déconnectée de la réalité et n’aura aucun impact sur le terrain ". De son côté, le représentant français a affirmé être " préoccupé par la tragédie humanitaire à Gaza " et appelé à " une trêve durable ".

Les violences du Hamas ne justifient " en aucun cas la punition collective " des Palestiniens, avait jugé vendredi le secrétaire général de l’ONU, mettant la pression sur le Conseil de sécurité qui doit se prononcer sur son appel à un " cessez-le-feu humanitaire immédiat ".

"Je condamne sans réserve" les attaques du Hamas du 7 octobre, mais "les violences perpétrées par le Hamas ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien", a déclaré vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui avait pour la première fois, invoqué mercredi l’article 99 de la Charte de l’ONU afin de provoquer cette réunion extraordinaire du Conseil sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales".

L’article en question dispose que "le secrétaire général peut attirer l’attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales".

"Si les tirs indiscriminés de roquettes du Hamas vers Israël, et l’utilisation de civils comme boucliers humains sont des violations du droit de la guerre, un tel comportement n’absout pas Israël de ses propres violations", a-t-il insisté, décrivant une nouvelle fois une situation humanitaire "au point de rupture" et le risque d’un "effondrement total de l’ordre public" dans la bande de Gaza.

"Le monde et l’Histoire nous regardent. Il est temps d’agir", a-t-il ajouté devant les membres du Conseil, leur réclamant de "pousser pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat".

Depuis l’attaque sans précédent contre Israël menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a fait selon les autorités israéliennes environ 1.200 morts, majoritairement civils, Israël impose un "siège complet" et pilonne massivement la bande de Gaza, réduisant en ruines de vastes zones.

Nourriture, eau, carburant et médicaments n’y entrent qu’au compte-gouttes, alors qu’environ 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont dû quitter leur logement selon l’ONU depuis le début des hostilités, qui ont fait plus de 17.000 morts selon le ministère de la Santé du Hamas.

Suite à l’invocation de l’article 99 par Antonio Guterres, les Émirats arabes unis ont préparé un projet de résolution, qui devait être soumis au vote vendredi matin. Mais le vote a été reporté à la fin de journée.

"Obligation d’empêcher les atrocités"

La dernière version vue par l’AFP souligne la "situation catastrophique dans la bande de Gaza" et "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat".

Le texte très court appelle également à la protection des civils, à la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages et à "assurer l’accès humanitaire".

Mais l’issue d’un vote est incertaine, quatre projets de résolution ayant été rejetés par le Conseil dans les semaines suivant le début de la guerre.

Le Conseil était finalement sorti de son silence mi-novembre, réussissant à adopter une résolution qui appelait à des "pauses et couloirs humanitaires" dans la bande de Gaza, pas à un "cessez-le-feu" ni même une "trêve".

Les Etats-Unis ne soutiennent " pas les appels à un cessez-le-feu immédiat " à Gaza, a insisté vendredi l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU Robert Wood devant le Conseil de sécurité.

" Bien que les États-Unis soutiennent une paix durable, où les Israéliens et les Palestiniens peuvent vivre en paix et dans la sécurité, nous ne soutenons pas les appels à un cessez-le-feu immédiat ", a-t-il déclaré, estimant que cela " planterait les graines d’une future guerre ", le Hamas n’ayant " aucun désir d’une paix durable ".

Les États-Unis, alliés d’Israël qui ont mis leur veto à un des projets précédents et qui ont rejeté l’idée d’un cessez-le-feu, répètent qu’un nouveau texte du Conseil ne serait "pas utile à ce stade".

"Notre position n’a pas changé", a insisté jeudi l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood. "Nous pensons que la meilleure chose à faire, pour nous tous, (…) est de laisser la diplomatie discrète en coulisses se poursuivre et nous pensons que c’est le meilleur espoir pour essayer d’améliorer la situation sur le terrain, pour l’aide humanitaire, la libération des otages", a-t-il expliqué à quelques journalistes.

"Les États-Unis et tous les autres États membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont l’obligation claire, en vertu du droit international, d’empêcher les atrocités", a commenté dans un communiqué la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

"Nous espérons qu’aujourd’hui (…) le Conseil sera enfin capable d’appeler à un cessez-le-feu immédiat", a lancé de son côté l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour. "Le temps du courage est venu (…) Vous devez agir maintenant".

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP