L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), déstabilisée par une polémique liée à l’attaque du 7 octobre, est un acteur essentiel pour des millions de Palestiniens depuis sa mise en place en 1949.

Critiquée depuis longtemps par Israël, l’agence financée quasiment entièrement par des contributions volontaires des États doit aujourd’hui enquêter sur le rôle de certains de ses employés dans l’attaque menée par le Hamas contre Israël.

Accusations israéliennes

Israël a accusé, vendredi, plusieurs employés de l’Unrwa d’avoir participé à l’attaque du Hamas du 7 octobre. Selon plusieurs documents des renseignements israéliens, 190 employés de l’UNRWA, dont des enseignants, seraient " des militants du Hamas ou du Djihad islamique ". Les documents contiendraient les noms et les photos de 11 d’entre eux.

Un individu est par exemple accusé d’avoir enlevé une femme à l’aide de son fils. Un travailleur social est, quant à lui, accusé d’avoir distribué des munitions. Le troisième est accusé d’avoir participé à l’attaque d’un kibboutz lors du 7 octobre.

Les renseignements auraient été recueillis, en partie, grâce à la surveillance des téléphones portables des employés par les services de renseignement israéliens qui contenaient des preuves de leur implication.

À la suite de la révélation de ces informations, l’UNRWA a déclaré avoir licencié neuf employés. Par ailleurs, deux employés auraient perdu la vie.

Malgré cette réaction rapide, Israël a déclaré, samedi, ne plus vouloir que l’agence onusienne joue le moindre rôle à Gaza après la guerre.

Suspension du financement

Les États-Unis ont immédiatement réagi en annonçant qu’ils suspendraient leur financement à l’Unrwa. Onze pays occidentaux leur ont emboîté le pas.

Il s’agit de l’Allemagne, de l’Australie, de l’Italie, du Canada, de la Finlande, du Royaume Uni, de la France, du Japon, de l’Autriche, de la Roumanie et des Pays-Bas.

En 2018, les États-Unis de Donald Trump, premiers contributeurs à l’Unrwa, avaient mis fin à leur aide financière annuelle de 300 millions de dollars (270 millions d’euros).

Washington avait repris ses versements à partir de 2021, après l’élection du président Joe Biden.

Des conséquences désastreuses

Le chef de l’agence, Philippe Lazzarini, a qualifié, samedi, de "choquantes" ces suspensions de fonds, compte tenu des mesures déjà prises et du fait qu’en "dépendent 2 millions de personnes pour leur simple survie".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté, dimanche, les pays ayant suspendu leur financement à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans la tourmente, à "au moins garantir" la poursuite de ses opérations, essentielles à deux millions de personnes.

"Deux millions de civils à Gaza dépendent de l’aide critique de l’Unrwa pour leur survie au quotidien, mais le financement actuel de l’Unrwa ne lui permettra pas de répondre à tous les besoins en février", a-t-il insisté.