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Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, le président américain Joe Biden a été le premier à afficher son soutien inébranlable à Israël. Mais, aujourd’hui, quatre mois après le début de la guerre, il a commencé à faiblir.

La relation entre Israël et les États-Unis,  vieille de plus de 75 ans, a débuté avec la reconnaissance par les États-Unis du gouvernement provisoire de l’État d’Israël en 1948. Depuis, Israël est devenu le principal bénéficiaire de l’aide étrangère américaine, recevant environ 300 milliards de dollars d’aide économique et militaire en seulement 75 ans.

Le soutien le plus marquant de l’aide américano-israélienne se manifeste actuellement dans la guerre à Gaza, où Joe Biden a mis en place un fonds d’urgence de 14 milliards de dollars pour "soutenir Israël dans sa guerre contre le Hamas".

Cependant, l’opération sur la ville de Rafah, à Gaza, où vivent plus de 1,5 million de Palestiniens, a poussé le président américain à mettre en garde le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, contre la poursuite de l’attaque, insistant sur le danger en matière de pertes civiles. Mais pourquoi Joe Biden prend-il position maintenant, après la mort de 28.800 Gazaouis?

Pour Farès Souhaid, ancien député, contacté par Ici Beyrouth,  "le monde est devenu un petit village et les guerres régionales peuvent désormais influencer les élections locales, comme nous l’avons vu en Ukraine et maintenant à Gaza."

Selon M. Souhaid, le président américain tente à présent de redorer son image en prévision des élections présidentielles de cette année. Cela s’est d’ores et déjà manifesté en décembre, lorsque Joe Biden a qualifié les attaques militaires d’Israël de "bombardements indiscriminés" et a menacé de retirer son soutien à Israël.

Alors que la guerre entre dans son cinquième mois, les Américains expriment de plus en plus leur désapprobation à l’égard de l’aide militaire américaine continue à l’État hébreu, selon un rapport du New York Times. Les sondages récents indiquent qu’une majorité y est désormais opposée.

"Une guerre de cinq mois est bien trop longue", explique le journaliste et politiste Ali Hamadé. "Elle affecte non seulement la campagne électorale de M. Biden, mais influence également l’opinion publique au Moyen-Orient vis-à-vis des États-Unis. Le pays est tellement engagé dans le conflit qu’une victoire du Hamas serait perçue comme une défaite pour l’Amérique avant même d’être une défaite pour Israël."

Selon M. Hamadé, Joe Biden vise à repositionner le rôle de l’Amérique dans ce conflit, pour que le pays se tienne en retrait et qu’il puisse apparaître comme étant "critique" vis-à-vis de la situation.

Avec le désengagement public de Biden et la persistance d’Israël dans son opération militaire, l’on se demande si cette divergence mènera à une rupture des relations ou même à un cessez-le-feu à Gaza. Les deux scénarios sont hautement improbables. Tout d’abord, la relation entre les États-Unis et Israël est historique et profondément enracinée. Malgré les désaccords des Américains sur l’implication de leur pays dans la guerre à Gaza, les récents sondages montrent que plus de la moitié de la population soutient toujours l’État d’Israël. Il ne serait pas dans l’intérêt du président/candidat ou de tout autre politicien américain de rompre les liens avec cet État. Sa tactique est plutôt de prendre ses distances avec Benjamin Netanyahou, qui s’est forgé une image de va-t-en-guerre prêt à tout.

Ensuite, les experts doutent que le soutien continu de l’Amérique à la guerre connaisse des changements significatifs. Malgré les désaccords affichés entre MM. Biden et Netanyahou, la politique américaine sur le terrain semble demeurer stable.

"Il n’y a pas de désaccord fondamental sur l’objectif de la guerre", explique Ali Hamadé. "Ni Israël ni les États-Unis ne semblent prêts à reculer tant que le Hamas ne sera pas vaincu ou évincé de Gaza."

Par ailleurs, l’opposition publique des États-Unis à un cessez-le-feu persiste. Prochainement, l’Algérie prévoit de présenter une nouvelle résolution au Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’un arrêt immédiat des hostilités. Cependant, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, ainsi que son adjoint, Robert Wood, ont explicitement indiqué que Washington s’opposerait à cette mesure.

"Ce jeu de dissension ne mènera à rien", affirme M. Souhaid. "Joe Biden peut bien essayer de prendre ses distances pour préserver son image, mais Israël peut toujours faire valoir que la guerre ne se terminera que lorsque tous les otages seront libérés, lui laissant ainsi la latitude nécessaire pour conclure son opération militaire, avec ou sans le soutien public des États-Unis."

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