Les Nations unies ont déclaré lundi qu’elles avaient été contraintes d’interrompre leurs opérations humanitaires à Gaza, tandis qu’un premier cas de polio a été confirmé par le ministère de la Santé de l’enclave.

L’ONU a déclaré lundi avoir été obligée d’interrompre ses mouvements d’aide humanitaire dans la bande de Gaza en raison d’un nouvel ordre d’évacuation israélien visant Deir al-Balah, dans le centre du territoire, ajoutant que certains services sur le terrain étaient maintenus.

Le personnel de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) "implanté" parmi la population locale peut continuer à travailler dans la mesure de ses possibilités avec ce qu’il a sur place, a dit Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Mais cette aide représente "une demi goutte d’eau dans l’océan".

Dans un premier temps, un haut responsable onusien avait évoqué un arrêt total des opérations de l’ONU à Gaza, provoqué par un nouveau ordre d’évacuation israélien ayant visé dimanche Deir al-Balah, où l’ONU a déplacé la plupart de ses opérations après l’ordre d’évacuation de Rafah il y a quelques mois. "Ce n’est pas une décision d’arrêter les opérations, mais de façon pratique, nous ne pouvons plus fonctionner", avait-il dit.

"Nous ne pouvons plus rien faire"

Selon les Nations unies, la zone touchée par l’évacuation inclut notamment quatre entrepôts et 15 bâtiments accueillant du personnel de l’ONU et d’autres organisations humanitaires.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, en octobre, l’ONU a parfois dû "retarder ou faire une pause" dans ses opérations, "mais jamais au point de dire concrètement que nous ne pouvons plus rien faire", comme c’est le cas désormais, a-t-il ajouté, assurant malgré tout vouloir reprendre les opérations dès que possible.

"Nous devons trouver des solutions. Si cela veut dire arrêter 24 ou 48 heures et repartir de zéro, nous devons le faire, mais nous ne partons pas. Nous devons être là pour fournir le plus (d’aide) possible".

"Désormais, le défi est de trouver un endroit pour repartir de zéro et fonctionner efficacement".

"Ce à quoi le haut responsable onusien faisait référence est le mouvement des responsables et du personnel humanitaire de l’ONU, leur capacité à se rendre" aux endroits nécessaires, a précisé Stéphane Dujarric.

"Les opérations humanitaires sont incroyablement sous pression", a commenté de son côté lors d’un point presse par vidéo Sam Rose, responsable de l’Unrwa à Gaza.

"Nos services de santé continuent dans huit ou neuf centres de soins médicaux dans et autour d’écoles transformées en abri", a-t-il dit.

"Ces services continuent mais en effet l’espace et la capacité pour l’ONU, pour le système humanitaire, de fonctionner, sont de plus en plus difficiles, de plus en plus contraints".

Premier cas de polio depuis 25 ans

Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle contribue au développement d’épidémies dans l’enclave, selon l’ONG Human Right Watch (HRW).

Dans un communiqué publié lundi, HRW a déclaré que les attaques de l’armée israélienne contre les infrastructures de santé et l’approvisionnement en eau, ainsi que le blocage de l’aide contribuent de manière significative à augmenter le risque d’une épidémie de polio potentiellement catastrophique.

Cette dernière mise en garde intervient après que le ministère de la Santé à Gaza a confirmé le premier cas de polio dans l’enclave depuis 25 ans. Il s’agit d’un bébé de 10 mois qui est resté paralysé, car non-vacciné, découvert dans la ville de Deir el-Balah.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également signalé le même jour que trois enfants présentaient des symptômes de paralysie flasque aiguë, ce qui a fait craindre que le virus ne se propage parmi les enfants de Gaza. Si elle n’est pas contenue, la résurgence de cette maladie pourrait mettre en danger la vie de centaines de milliers d’enfants à Gaza, avertit HRW.

Le couloir de la discorde

L’une des clés pouvant résoudre ce dilemme sanitaire réside dans la poursuite des négociations pour aboutir à un cessez-le-feu à Gaza, ce qui faciliterait l’acheminement de l’aide humanitaire. Mais les discussions achoppent au niveau de la présence des forces israéliennes le long de la frontière entre l’Égypte et le territoire palestinien.

Le Caire refuse catégoriquement toute présence israélienne à ce niveau, a indiqué lundi un média proche des services de renseignement égyptiens, citant une source haut placée.

Pays médiateur clé dans les efforts visant à obtenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien plongé dans une guerre meurtrière depuis plus de dix mois, l’Égypte "a réitéré à toutes les parties qu’elle n’accepterait aucune présence israélienne" le long du couloir stratégique de Philadelphie, a déclaré Al-Qahera News.

Les troupes israéliennes occupent ce couloir depuis mai, et le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou veut en garder le contrôle.

Le Hamas exige, lui, un retrait israélien du secteur et, à terme, de l’ensemble du territoire palestinien.

avec AFP