L’armée russe poursuit son déluge de feu sur les villes ukrainiennes assiégées, ignorant les appels locaux et internationaux à épargner les civils et les hôpitaux et à assurer des couloirs humanitaires pour les habitants bloqués sans eau, nourriture ou chauffage. Le président Poutine, déjà critiqué pour son cynisme par le président Macron pour ses déclarations mensongères, n’a pas hésité à condamné samedi les Ukrainiens d’avoir commis des " violations flagrantes " du droit humanitaire, alors même que son armée est en train de se livrer à des actions ciblant particulièrement les civils, des hôpitaux et des établissements pour enfants. Malgré leur vaste offensive, les militaires russes semblent resserrer l’étau sur la capitale Kiev en bloquant tous les points de passage situés dans ses faubourgs.
Kiev, " ville assiégée "
S’ils visent les villes de Kryvy Rig, Kremenchug, Nikopol et Zaporojie, selon l’armée ukrainienne, les Russes ont pour principale cible Kiev. Présents dans les faubourgs de la capitale, ils cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités pour la " bloquer ", selon l’état-major ukrainien. Les banlieues nord-ouest, notamment Irpin et Bucha, ont déjà subi des jours de bombardements intensifs, tandis que les véhicules blindés russes avancent par le nord-est. Samedi, des journalistes de l’AFP à Kiev ont constaté qu’une colonne d’épaisse fumée noire s’élevait à l’est de la capitale. Le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak a qualifié vendredi Kiev de " ville assiégée ", en en faisant " un symbole de la résistance " du pays.
L’armée russe fait de son côté état d’avancées sur le front de la région séparatiste du Donbass (est de l’Ukraine), affirmant avoir détruit " au total 3.491 infrastructures militaires ukrainiennes ", dont " 123 véhicules aériens sans pilote, 1.127 chars et autres véhicules de combat blindés ". L’état-major général ukrainien a, lui, assuré sur Facebook que la Russie avait perdu plus de 12.000 soldats, 1.205 blindés, depuis le lancement de l’invasion russe le 24 février.
Le président Zelensky, qui a précisé que ces pertes " énormes " comprenaient " presque 60 avions et plus de 80 hélicoptères ", a appelé à " ne pas réduire l’intensité de la défense " dans cette guerre " patriotique ", " pour l’indépendance ", alors que, selon lui, " l’ennemi " fait désormais appel à " des réservistes, des conscrits, des mercenaires ". Près de de 2,6 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le 24 février et environ deux millions de personnes sont aussi déplacées à l’intérieur du pays, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés.
Pressions économiques et diplomatie
Volodymyr Zelensky a appelé samedi le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz à aider à faire libérer le maire de la ville ukrainienne de Melitopol, enlevé la veille par les Russes, selon Kiev. " Nous attendons des dirigeants du monde qu’ils nous montrent comment ils peuvent peser sur la situation ", a-t-il dit.
Ses appels à une intervention de l’OTAN sont restés lettre morte, mais le camp occidental a envoyé des fonds et une aide militaire à Kiev. Vendredi, le président américain Joe Biden a une nouvelle fois exclu toute action directe contre la Russie, dotée de l’arme nucléaire, en prévenant que cela conduirait à une " troisième guerre mondiale ". Mais il a aussi prévenu que la Russie paierait " le prix fort " en cas de recours à des armes chimiques en Ukraine.
Les Occidentaux ont privilégié les pressions économiques qu’ils ont accentuées vendredi en ouvrant la voie à des droits de douane punitifs contre Moscou. Washington a en outre annoncé l’interdiction de produits russes emblématiques tels que la vodka, les fruits de mer et les diamants. États-Unis et Union européenne ont également décidé d’arrêter l’exportation de leurs produits de luxe vers la Russie. L’escalade de sanctions pourrait se poursuivre, a averti vendredi le président français Emmanuel Macron à l’issue d’un sommet des dirigeants européens, à Versailles (près de Paris).
De son côté, Dmitri Rogozine, le patron de l’agence spatiale russe a lancé une mise en garde : les sanctions pourraient, selon lui, provoquer la chute de la Station spatiale internationale (ISS) en affectant le segment russe de la station qui sert notamment à corriger l’orbite de la structure orbitale.
Avec AFP