" Nous allons continuer à remuer ciel et terre pour pouvoir les satisfaire ", a ajouté le ministre qui s’est rendu dimanche à Kiev où il a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en compagnie du secrétaire d’Etat Antony Blinken.
Mais cela ne suffit pas et les Etats-Unis, qui au début de l’invasion russe limitaient leurs envois à des armes " défensives ", ont commencé à envoyer à Kiev des armements lourds de fabrication américaine, comme des obusiers Howitzers et des véhicules blindés divers.
Washington veut convaincre le plus grand nombre de pays de suivre ce mouvement. La réunion est aussi destinée à assurer la sécurité de l’Ukraine à plus long terme.
" L’Ukraine a besoin de notre aide pour gagner aujourd’hui . Elle aura aussi encore besoin de notre aide quand la guerre sera terminée ", a insisté M. Austin mardi. Cette réunion ne se déroule pas dans le cadre de l’Otan, même si un représentant de l’Alliance atlantique y participe.
Livraisons d’armes offensives
S’exprimant sur Facebook, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a déclaré : " Je peux dire quelque chose : l’armée ukrainienne aura de quoi se battre (…) Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, à laquelle personne n’aurait pensé il y a deux mois. Le transfert aux forces armées ukrainiennes d’armes de l’Otan, aux standards de l’Otan. C’est en cours ".
Après avoir initialement rechigné à fournir des armes offensives à l’Ukraine, les Etats-Unis, comme la Grande-Bretagne, la France et la République tchèque ont sauté le pas. Même l’Allemagne, particulièrement réticente, a annoncé mardi qu’elle allait autoriser la livraison de chars de type " Gepard ".
Poutine ferme le robinet de gaz
Mardi soir, les autorités polonaise et bulgare ont indiqué avoir été avertis par le groupe gazier russe Gazprom de son intention d’interrompre dès le lendemain ses livraisons de gaz à ces deux pays, malgré les contrats les liant. Ces deux membres de l’Otan et de l’Union européenne (UE) se disent toutefois préparés à obtenir le gaz manquant par d’autres sources.
Gazprom n’a pas confirmé la coupure, mais un cadre supérieur de la société a été cité par les agences de presse russes comme ayant déclaré que " la Pologne devait " payer les fournitures de gaz conformément à la nouvelle procédure de paiement ".
À la suite de l’introduction de sanctions contre la Russie pour son invasion de l’Ukraine, le Kremlin a averti les pays de l’UE que leur approvisionnement en gaz serait interrompu s’ils ne payaient pas en roubles.
Les pays occidentaux ont refusé de le faire, affirmant qu’ils pouvaient continuer à payer en euros ou en dollars. L’UE dans son ensemble a reçu environ 40% de ses approvisionnements en gaz en provenance de la Russie en 2021. Dans la cadre du contrat de Yamal, la Pologne pouvait importer jusqu’à 10,2 milliards de mètres cubes de gaz par an, soit environ la moitié de tous ses besoins. Souhaitant se rendre indépendante des livraisons russes, Varsovie a mis en place depuis plusieurs années une stratégie de diversification de ses approvisionnements. Depuis 2016, la Pologne importe du gaz liquéfié par le biais d’un terminal situé sur la côte baltique.
En 2019, elle avait informé Gazprom qu’elle n’allait pas prolonger le contrat Yamal au-delà de décembre 2022. D’ici quelques mois, la Pologne doit également être approvisionnée par la Norvège via le projet Baltic Pipe, sur le point d’être achevé. Cet acheminent sur quelque 900 kilomètres devrait permettre de couvrir environ 50% de la consommation polonaise.
Moral en baisse au Donbass
Moscou met le monde " au bord de la catastrophe "
Le patron de l’AIEA Rafael Grossi, qui visitait Tchernobyl mardi pour le 36e anniversaire de la catastrophe nucléaire de 1986, a souligné que le niveau de radioactivité se situait " dans la normale ", après avoir augmenté à certains moments pendant que les Russes l’occupaient, entre fin février et fin mars.
M. Grossi a lui souligné qu’il y avait des " dégâts " et des zones creusées près du territoire de la centrale, promettant un rapport détaillé prochainement et un travail visant à y restaurer les infrastructures.
" Aucun Etat du monde après 1986 n’a créé de telles menaces à grande échelle pour la sécurité nucléaire en Europe et dans le monde que la Russie a créées depuis le 24 février ", jour de son invasion de l’Ukraine, a poursuivi le président ukrainien.
M. Zelensky s’exprimait 36 ans jour pour jour après l’accident nucléaire de Tchernobyl, lorsqu’un réacteur de la centrale avait explosé en 1986, contaminant une bonne partie de l’Europe, surtout l’Ukraine, la Russie et le Bélarus.
Baptisé " zone d’exclusion ", le territoire dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale est toujours fortement contaminé et il est interdit d’y habiter de manière permanente.
Si les forces russes se sont retirées fin mars de la centrale de Tchernobyl, elles occupent encore celle de Zaporojjia, dans le sud de l’Ukraine.
M. Zelensky a exhorté mardi les dirigeants étrangers à " une réaction efficace " qui assurerait le contrôle ukrainien sur la centrale nucléaire de Zaporojjia, y compris via l’introduction de Casques bleus. " Aujourd’hui encore, ils ont lancé trois missiles sur l’Ukraine qui ont directement survolé les blocs de nos centrales nucléaires ", s’est-il alarmé. L’Ukraine compte 15 réacteurs dans quatre centrales en activité, outre les dépôts de déchets comme celui de la centrale de Tchernobyl.
Poutine reçoit Guterres
C’est dans ce contexte que le secrétaire général des Nations unies était mardi à Moscou, sa première visite dans la capitale russe depuis le début d’un conflit qui a chamboulé les grands équilibres mondiaux et anéanti toute coopération entre la Russie et les Occidentaux.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mardi au chef des Nations unies Antonio Guterres croire toujours en une issue positive des négociations avec l’Ukraine, malgré la poursuite des combats entre les deux pays.
Il a affirmé que les négociations entre Moscou et Kiev à Istanbul, fin mars, avaient permis une " sérieuse avancée car nos collègues ukrainiens n’avaient pas lié les exigences de sécurité, de la sécurité internationale de l’Ukraine, à une certaine compréhension des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine ".
Les négociations ont toutefois été fortement ralenties par la découverte de nombreux corps dans les zones ukrainiennes occupées par l’armée russe avant son retrait, notamment dans la ville de Boutcha près de Kiev. L’Ukraine accuse Moscou d’avoir tué des civils, ce que le Kremlin nie fermement.
Poutine a réaffirmé mardi que l’armée russe n’avait " aucun lien " avec la " provocation " de Boutcha.
Lors sa rencontre avec le dirigeant russe, Antonio Guterres a lui réitéré son appel pour un travail commun entre l’ONU et Moscou afin de mettre en place des couloirs humanitaires et venir en aide aux civils en Ukraine.
Les forces russes continuent d’y pilonner le vaste complexe métallurgique Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants ukrainiens avec, disent-ils, près de 1.000 civils, a souligné mardi le gouverneur de la région Pavlo Kyrylenko.
Dans un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le président russe Vladimir Poutine a martelé mardi que " les autorités de Kiev doivent prendre leurs responsabilités politiques et intimer l’ordre de déposer les armes " aux combattants, selon le Kremlin.
Poutine n’est pas " sérieux " dans les négociations, selon Blinken
Le président russe Vladimir Poutine n’a pas démontré de " sérieux " dans ses intentions de négocier avec l’Ukraine pour mettre fin au conflit, a estimé mardi le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
" Nous n’avons pas vu de signe jusqu’ici que le président Poutine est sérieux à propos de négociations significatives ", a déclaré M. Blinken devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.
Les Etats-Unis soutiendront les autorités ukrainiennes dans leurs efforts diplomatiques pour négocier un accord de paix, a ajouté le chef de la diplomatie américaine, expliquant que " notre objectif est de nous assurer qu’elles ont la capacité de repousser l’agression russe et, en effet, de renforcer leur position à une éventuelle table de négociation ".
Menaces sur la Moldavie
Et la menace d’une extension du conflit demeure. L’inquiétude monte en Moldavie, au sud de l’Ukraine, après une série d’explosions lundi et mardi dans la région séparatiste de Transdniestrie, soutenue par Moscou.
" Nous appelons nos concitoyens à rester calmes ", a déclaré la présidente moldave Maïa Sandu après avoir réuni son conseil de sécurité nationale. " Il s’agit d’une tentative d’accroître les tensions. Les autorités moldaves veilleront à empêcher la république d’être entraînée dans un conflit ".
" La Russie veut déstabiliser la région de Transdniestrie et laisse entendre que la Moldavie doit s’attendre à +des invités+ ", a mis en garde le conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak.
Un général russe, Roustam Minnekaïev, avait dit la semaine dernière que la prise du sud de l’Ukraine permettrait aux Russes d’avoir un accès direct à cette région.
Sans aller jusqu’à attribuer la responsabilité des explosions à Moscou, comme le fait Kiev, le porte-parole du département d’Etat américain Ned Price a déclaré devant la presse: " Nous demeurons préoccupés face à toute tentative potentielle d’engendrer une escalade des tensions. "
La France soutient la Moldavie face " aux risques de déstabilisation ", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian.