Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, s’est publiquement interrogé vendredi sur la " dépravation " du président russe Vladimir Poutine, avouant qu’il était " difficile de regarder certaines images " d’atrocités commises sur les civils ukrainiens.
" Torturés pendant longtemps "

Les corps de trois hommes ont été retrouvés dans une fosse commune à Myrotske, un village proche de Boutcha, petite ville devenue le symbole des atrocités imputées à la Russie.

Les trois hommes " avaient les mains liées, des vêtements autour du visage pour qu’ils ne voient rien et certains avaient des baillons dans la bouche ", a décrit, dans un communiqué, le chef de la police de la région de Kiev, Andriï Nebytov.

" Les victimes ont été torturées pendant longtemps (…) Finalement, chacun d’eux a reçu une balle dans la tempe ", a-t-il ajouté.

Des habitants de Boutcha, occupée en mars par les forces russes, avaient raconté cette semaine à l’AFP les prisonniers à genoux aux mains liées derrière le dos, les exécutions sommaires et les mares de sang dans les maisons.

Lyudmyla Kizilova, 67 ans, à côté de la tombe de son défunt mari Valerii Kizilov, 70 ans, dont le corps a été récemment exhumé devant leur maison dans la ville de Boutcha.

 

 

Ceux qui ont vu " s’en souviendront pour des centaines d’années ", avait dit Viktor Chatylo, un habitant de la rue Iablounska, dans laquelle l’AFP avait constaté, le 2 avril, la présence d’une vingtaine de cadavres de civils après le départ des forces russes.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a chiffré à 900 vendredi, dans un entretien avec la presse polonaise, le nombre de corps découverts dans la zone de Boutcha.

Les soldats russes ayant brûlé et enterré des corps, " personne ne sait combien de personnes ont péri ", a-t-il ajouté.

Le parquet ukrainien a d’ores et déjà annoncé l’inculpation de dix soldats russes, le recensement de plus de 8.000 crimes de guerre en Ukraine et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui s’est rendu à Boutcha jeudi, a exhorté Moscou à coopérer avec l’enquête de la Cour pénale internationale.

Moscou a nié toute responsabilité et parlé d’une " mise en scène ". L’armée russe a été jusqu’à frapper Kiev alors que M. Guterres s’y trouvait, tuant une journaliste et déclenchant un concert de protestations internationales.

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui fait savoir, après un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien, que se poursuivrait sur place " la mission d’experts français contribuant au recueil de preuves pour (…) permettre le travail de la justice internationale relatif aux crimes commis dans le cadre de l’agression russe ".

Il a ajouté que la France allait " renforcer " ses envois de matériel militaire à l’Ukraine – notamment des canons longue portée – pour " rétablir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ".

 

Évacuation à l’usine Azovstal

Une vingtaine de civils ont enfin pu sortir samedi de l’immense aciérie d’Azovstal à Marioupol, port du sud-est de l’Ukraine assiégé par les Russes.

Le régiment Azov, qui défend l’aciérie Azovstal, a annoncé en début de soirée que vingt civils, des femmes et des enfants (…) avaient pu sortir de l’usine où les conditions de vie sont dramatiques depuis des semaines.

" Ils ont été transférés vers un endroit convenu et nous espérons qu’ils seront évacués vers Zaporijjia, sur le territoire contrôlé par l’Ukraine ", a déclaré Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov dans une vidéo sur Telegram.

 

 

Aucune tentative d’évacuer Azovstal, ultime réduit contrôlé par les forces ukrainiennes à Marioupol, n’a réussi jusqu’à présent.

Les combattants du régiment continuaient de déblayer les décombres après des bombardements nourris du site la veille et dans la nuit, pour en sortir d’autres civils. "Nous espérons que ce processus va se poursuivre et que nous réussirons à évacuer tous les civils ", a ajouté le commandant Palamar.

Quelques heures plus tôt, l’agence officielle russe " Tass " avait annoncé qu’un groupe de 25 civils dont six enfants avait pu sortir d’Azovstal, complexe métallurgique où sont bloqués des centaines de militaires et de civils ukrainiens, retranchés dans des galeries souterraines datant de l’époque soviétique.

Frappes sur l’aéroport d’Odessa

Dans le sud du pays, l’aéroport d’Odessa a été frappé par des tirs de missile.

" L’ennemi a frappé depuis la Crimée par un système de missile de défense côtière Bastion.

La piste de l’aéroport d’Odessa a été détruite ", a déclaré le gouverneur Maxim Martchenko dans une vidéo sur son compte Telegram.

Odessa, grande ville portuaire de la mer Noire d’un million d’habitants, au poids symbolique et historique majeur, a jusqu’ici été relativement épargnée par les combats.

Elle se trouve dans la bande côtière que la Russie pourrait envisager de conquérir pour faire la jonction à l’ouest avec l’enclave séparatiste prorusse de Transdniestrie, en Moldavie, où elle dispose de troupes.

 

Le front de l’Est

Après avoir mis en échec l’armée russe dans son offensive lancée le 24 février sur Kiev, les forces ukrainiennes peinent désormais à contenir la poussée dans l’est du pays d’une armée en supériorité numérique et pour l’instant mieux armée, qui cherche à les prendre en étau depuis le nord et le sud.

Volodymyr Zelensky a notamment reconnu vendredi soir que la situation dans la région de Kharkiv, deuxième ville du pays près de la frontière russe, était " difficile ".

De violentes explosions ont été entendues dans la nuit de vendredi à samedi dans la ville, pilonnée depuis des semaines par l’artillerie russe. Les bombardements avaient fait un mort et plusieurs blessés vendredi. "Si c’était une guerre d’infanterie contre infanterie, on aurait des chances. Mais dans ce secteur, c’est d’abord une guerre d’artillerie et on n’en a pas assez ", a dit à l’AFP " Viking ", un sergent-chef de 27 ans qui s’est replié de Kreminna, ville de l’est prise par les Russes le 18 avril.

 

Denis Poushiline, chef des séparatistes de la " République populaire " autoproclamée de Donetsk (DNR), en visite dans la ville de Marioupol
Tout baigne pour Lavrov

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exhorté l’Otan et les Etats-Unis à cesser de livrer des armes à Kiev, s’ils " sont vraiment intéressés à résoudre la crise ukrainienne ".Dans une interview publiée samedi par l’agence officielle " Chine nouvelle ", M. Lavrov a également affirmé que l’offensive russe en Ukraine se déroule " conformément aux plans ".

" Un flux continu d’armes en tout genre est entré en Ukraine à travers la Pologne et d’autres pays de l’Otan ", a déclaré M. Lavrov. "Si les Etats-Unis et l’Otan sont vraiment intéressés à résoudre la crise ukrainienne, alors avant tout, ils doivent se réveiller et arrêter de livrer des armes et des munitions au régime de Kiev ", a ajouté le chef de la diplomatie russe.Alors que les Etats-Unis et l’Ukraine font état d’un retard de l’offensive russe dans le Donbass, dont la conquête totale est devenue la priorité de Moscou, M. Lavrov a assuré que l’offensive se déroulait comme prévu. "L’opération militaire spéciale qui a commencé le 24 février se déroule en stricte conformité avec le plan. Tous les objectifs de l’opération militaire spéciale seront atteints malgré l’obstruction de nos adversaires ", a-t-il assuré.

 

 

" Succès tactiques " à Kharkiv

L’armée ukrainienne réussit cependant a remporter des succès " tactiques ", a souligné M. Zelensky, comme à Rouska Lozova, un village repris au nord de Kharkiv, d’où les forces russes pilonnaient la ville. Plus de 600 habitants ont été évacués du village, occupé depuis deux mois, selon le ministère ukrainien de la Défense. " C’est à partir de ce village que l’ennemi a effectué des tirs ciblés sur les infrastructures civiles et les quartiers d’habitation de Kharkiv " , a expliqué le commandement des forces terrestres. Les Ukrainiens ont en outre dit avoir  " reçu de (leurs) partenaires étrangers un complexe de (lance-missiles) S-300 qui a considérablement renforcé la défense antiaérienne dans la région sud " .L’Ukraine a également frappé des objectifs stratégiques en territoire russe.Le gouverneur de la région russe de Briansk, au nord-est de l’Ukraine, Alexandre Bogomaz, a ainsi annoncé sur Telegram que la défense aérienne avait " détecté un avion des forces armées ukrainiennes " samedi matin, et que deux obus avaient endommagé des installations pétrolières.Plusieurs réserves de carburant en territoire russe ont été la cible d’intrusions apparentes des forces ukrainiennes ces dernières semaines, même si Kiev refuse de confirmer son implication.

 

Dans les régions de Donetsk et Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, 14 attaques lancées par les forces russes ont aussi été repoussées au cours des dernières 24 heures, a affirmé samedi l’état-major des forces ukrainiennes.

Un haut responsable du Pentagone a relevé vendredi que si les forces russes étaient " loin d’avoir fait la jonction " des troupes entrées par la région de Kharkiv, au nord du Donbass, avec celles venues du sud du pays pour prendre en tenaille les forces ukrainiennes déployées sur la ligne de front, elles continuaient " de créer les conditions d’une offensive soutenue, plus vaste et plus longue ".

Un avion russe viole l’espace aérien suédois

Un avion de reconnaissance russe a brièvement violé vendredi l’espace aérien de la Suède, a annoncé samedi l’état-major de ce pays scandinave qui réfléchit à une possible adhésion à l’Otan suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Début mars déjà, quatre avions de combat russes ont brièvement violé l’espace aérien suédois à l’est de l’île du Gotland en mer Baltique.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué en Suède, non-alignée, un basculement de l’opinion vis-à-vis d’une possible candidature à l’Otan.

En Finlande, dont les autorités envisagent également de rejoindre l’Otan, un avion gouvernemental russe, un IL-96-300, a également violé durant trois minutes l’espace aérien finlandais début avril.

Angelina Jolie à Lviv au chevet des déplacés

 

 

La star hollywoodienne Angelina Jolie, émissaire du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, a effectué samedi une visite surprise à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, où elle s’est entretenue avec des personnes déplacées et a été aperçue dans un café.

Dans un hôpital, elle a rendu visite aux enfants blessés dans le bombardement du 8 avril devant la gare de Kramatorsk, dans l’est du pays, attribué à la Russie, qui avait tué plus de 50 civils, selon le gouverneur.

Angelina Jolie s’est entretenue avec des Ukrainiens qui ont dû fuir les zones de combats et des volontaires qui apportent une aide psychologique aux personnes déplacées dans la gare de Lviv.

En tenue décontractée, pull gris et sac à dos, l’actrice a été aperçue dans un café de Lviv où elle a été filmée par une Ukrainienne, Maya Pidhoretska, qui a posté la vidéo sur son compte Facebook.

 

Avec AFP

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