M. Zelensky a ajouté " espérer que les conditions seront réunies pour poursuivre les évacuations depuis Marioupol ". " Nous prévoyons de démarrer à 08H00 ".
" Les civils (…) qui souhaitaient partir vers les zones contrôlées par le régime de Kiev ont été transférés à des représentants de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge ", a ajouté le ministère.
Une vidéo diffusée par le ministère de la Défense russe montre un convoi de voitures et de bus roulant dans le noir, ornés de la lettre " Z ", symbole des forces armées russes dans ce conflit.
Le CICR a lui précisé dimanche " qu’un convoi de bus et d’ambulances était parti le 29 avril et avaient parcouru 230 km pour rejoindre l’usine de Marioupol samedi matin ", dans le cadre de l’opération d’évacuation vers Zaporijjia.
Des milliers de civils avaient pu quitter depuis le début de la guerre le 24 février Marioupol, ville portuaire peuplée avant la guerre d’un demi-million d’habitants et désormais sous contrôle russe après des semaines de bombardements qui l’on presque entièrement détruite et ont fait au moins 20.000 morts, selon les Ukrainiens.
C’est la première fois, après de multiples tentatives avortées malgré l’intercession de responsables étrangers et du pape François, que des civils retranchés dans le complexe d’Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne écrasée sous les bombes russes, peuvent en sortir.
" Mariapolis, ville de Marie, détruite de manière barbare "
Le pape avait renouvelé dimanche son appel, lors de la prière de l’Angélus au Vatican, à l’ouverture de couloirs humanitaires sécurisés pour évacuer les civils de " Marioupol, ville de Marie, bombardée et détruite de manière barbare ".
De nouvelles images satellites de Maxar Technologies prises le 29 avril ont montré que quasiment tous les bâtiments de l’immense complexe sidérurgique avaient été détruits par les bombardements, les militaires ukrainiens et les civils se terrant dans les nombreuses galeries souterraines datant de l’époque soviétique, attaquées selon Kiev avec des bombes perforantes de très forte puissance.
Le commandant de la 36e brigade ukrainienne de fusiliers marins retranchés à Azovstal, Serguiï Volynsky, avait ainsi indiqué jeudi qu’une bombe russe avait détruit l’hôpital de campagne souterrain créé sur le site.
" Toute l’infrastructure médicale, la salle d’opération ont été anéanties. Beaucoup de nos gars ont été tués sur le coup. Beaucoup de blessés ont reçu de nouvelles blessures. La situation devient encore plus critique ", avait-il transmis au site ukrainien Levy Bereg, alors que la veille il faisait déjà état de 600 soldats blessés et de centaines de civils.
Visite surprise de Nancy Pelosi à Kiev
Confrontée à une lente progression des forces russes, en supériorité numérique et mieux dotées en armements lourds, dans l’est de son territoire après les avoir mises en échec autour de Kiev au début de l’offensive, l’Ukraine a reçu ce weekend la visite, non annoncée, d’une délégation du Congrès américain avec à sa tête la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, reçue par Volodymyr Zelensky.
Nancy Pelosi, dit de ne pas se laisser " intimider par des brutes ", en réponse à une question sur de possibles représailles russes à l’aide militaire américaine pour l’Ukraine. Jason Crow, membre de la Chambre des représentants, annonce par ailleurs l’envoi d’armes plus sophistiquées à l’Ukraine pour maintenir les troupes russes à distance.
L’Ukraine ne cesse de répéter son besoin urgent en armements lourds, surtout des blindés et des obusiers longue portée, promis par les Occidentaux.
" Situation difficile dans l’Est "
Un haut responsable militaire ukrainien a indiqué samedi soir avoir informé le chef d’état-major de l’armée américaine Mark A. Milley de " la situation difficile dans l’Est de notre pays, notamment dans les régions d’Izioum et de Sieverodonetsk, où l’ennemi a concentré l’essentiel de ses efforts et ses troupes les plus préparées au combat ".
Il s’agit de la " deuxième phase " de " l’opération militaire spéciale " lancée le 24 février par la président russe Vladimir Poutine, après le retrait des forces russes du nord de l’Ukraine et de la région de Kiev, mises en échec.
" Ce n’est pas comme en 2014, il n’y a pas un front défini le long d’un axe ", explique Iryna Rybakova, officier de presse de la 93e brigade des forces ukrainiennes, en référence à la guerre qui a opposé Kiev à des séparatistes prorusses dans cette région il y a huit ans et n’a jamais totalement cessé.
" C’est un village à eux, un village à nous: il faut plutôt visualiser un échiquier ", poursuit la militaire. Et après deux semaines d’assaut russe, " nous ne sommes pour le moment pas en capacité de faire reculer l’ennemi ".
Dans les régions de Kharkiv, seconde ville du pays, et Donetsk, huit civils ont été tués dimanche dans des bombardements, dont quatre dans la seule ville de Lyman, proche du front, ont annoncé les gouverneurs régionaux.
C’est dans ce flanc oriental que l’armée russe grignote du terrain, en cherchant à prendre en étau son adversaire depuis le nord et le sud afin de compléter son emprise sur le bassin minier du Donbass.
Côté armement, au milieu des grandes plaines vallonnées et des cités industrielles, le face à face se fait essentiellement à l’artillerie. Le rapport de force y est extrêmement favorable aux Russes, jusqu’à " cinq fois supérieur en termes d’équipement " selon Iryna Terehovytch, sergent de la 123e brigade ukrainienne.
Dans le sud, le ministère russe de la Défense a assuré avoir détruit, en frappant samedi, un aérodrome près d’Odessa, " un hangar avec des armes et des munitions reçues des Etats-Unis et de pays européens ", ainsi que la piste.
Le gouverneur de la région, Maxim Martchenko, avait fait état samedi d’une frappe de missiles sur un aéroport de cette ville portuaire d’un million d’habitants, jusqu’à présent relativement épargnée.
Frappes en Russie
Dans la journée, le gouverneur d’une autre région frontalière, celle de Koursk, avait attribué à un " sabotage " l’effondrement d’un pont de chemin de fer.
L’UE prépare un embargo progressif sur le pétrole russe
A Bruxelles, l’Union européenne finalise un arrêt progressif de ses achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie pour sanctionner la guerre en Ukraine et va annoncer cette semaine un calendrier et de nouvelles mesures, ont confié dimanche plusieurs sources européennes.
" Il y a une volonté politique de cesser les achats de pétrole à la Russie et nous aurons la semaine prochaine des mesures et une décision sur un retrait progressif ", a affirmé un responsable européen impliqué dans les discussions.
La Commission européenne a mené des discussions durant le week-end avec les Etats membres les plus concernés, avec les Etats-Unis et avec l’Agence Internationale de l’Energie pour boucler la proposition qui sera soumise aux Etat membres.
" Un nouveau train de sanctions, qui est en préparation, est absolument indispensable ", a estimé dimanche le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, lors d’une visite au Chili.
" Nous devons utiliser nos leviers économiques et financiers pour faire payer à la Russie ce qu’elle est en train de faire ", a-t-il ajouté, estimant que le bombardement de l’aéroport d’Odessa signifiait que Moscou " avait l’intention de priver l’Ukraine de son accès à la mer ".
Avec AFP