Le Premier ministre désigné, Najib Mikati, se rend de nouveau à Baabda, mercredi, porteur d’une formule amendée de la composition d’un hypothétique nouveau gouvernement.

C’est que plus personne ne se fait d’illusion quant à la possibilité qu’une nouvelle équipe ministérielle soit formée la veille de l’expiration du mandat du président Michel Aoun, le 31 octobre prochain.

A l’approche de la fin du sexennat, les enjeux politico-politiciens sont tels qu’ils rendent pratiquement impossible toute entente entre deux camps qui ne partagent pas les mêmes visions d’avenir sur une formule gouvernementale viable. À moins d’un retournement de situation inattendu .

Najib Mikati veut une équipe ministérielle qui ne soit pas sous l’emprise du gendre du président Aoun, Gebran Bassil, chef du CPL. Le chef de l’État, en revanche, essaie de moduler la mouture gouvernementale de manière que le parti qu’il a fondé garde la main haute sur les décisions au sein de la nouvelle équipe ministérielle. Et pour cause: c’est cette équipe qui assumera les prérogatives présidentielles au cas où, pour une raison ou une autre, l’élection d’un nouveau chef de l’État s’avérait impossible dans les délais constitutionnels.

Cette divergence au niveau des intérêts fait que nombre d’observateurs insistent pour dire que les discussions autour de la mise en place d’un nouveau gouvernement relèvent aujourd’hui de la pure forme et servent essentiellement à combler un temps mort d’ici la fin du sexennat.

Najib Mikati, qui a déjà présenté mardi dernier une mouture amendée de la première formule gouvernementale qu’il avait proposée en juin dernier à Michel Aoun, pourrait suggérer mercredi un nouvel amendement au chef de l’Etat. De sources proches du Sérail, on n’a pas voulu donner davantage de détails sur la question, se contentant d’indiquer que la visite de mercredi s’inscrit dans le cadre des concertations continues avec la présidence de la République au sujet de la mouture gouvernementale.

Quoi qu’il en soit, Najib Mikati reste déterminé à changer ses ministres de l’Économie, de l’Énergie et des Déplacés, après le faux pas de Issam Charafeddine, qui s’était rendu à Damas pour y discuter du dossier des réfugiés syriens sans consultations préalables avec les chefs de l’Etat et du gouvernement. Selon la chaîne locale al-Jadeed, M. Mikati aurait proposé au chef du PSP, Walid Joumblatt, de nommer un remplaçant à Issam Charafeddine proche du chef du Parti démocrate libanais (PDL), Talal Arslan, mais le leader druze aurait refusé, affirmant ne pas vouloir se mêler de la formation du cabinet.

Quelle que soit la formule qu’il présentera, on sait qu’elle devra obtenir principalement l’aval de Gebran Bassil, engagé dans une campagne acharnée contre Najib Mikati qu’il accuse de vouloir s’arroger les prérogatives présidentielles une fois le mandat de Michel Aoun terminé.