La visite du Premier ministre sortant, Najib Mikati, lundi à Bkerké s’imposait pour une double raison: la réunion du gouvernement démissionnaire en l’absence d’un président en exercice, contestée par Bkerké, et son entretien, dimanche à Riyad, avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

Des propos qu’il a tenus au terme de l’entretien qui a duré près d’une heure, il ressort que M. Mikati était soucieux de dissiper tout malentendu autour de sa décision de convoquer le Conseil des ministres, souhaitée notamment par le tandem Amal-Hezbollah, pour plancher sur des dossiers jugés urgents.

Le Premier ministre sortant a insisté sur le fait que sa démarche n’avait "aucune connotation communautaire". Il s’est efforcé de déconstruire les trois arguments qui avaient été avancés par ses détracteurs pour la critiquer. Il a ainsi expliqué qu’elle était conforme à la Constitution et au pacte national, "puisque toutes les communautés étaient représentées" au Conseil des ministres de lundi, qu’elle n’avait "rien de confessionnel" et qu’"au niveau politique, elle a démontré que le gouvernement d’expédition des affaires courantes suivait les dossiers qui touchent au quotidien des Libanais".

Le Premier ministre semble a priori s’être rétracté, du moins linguistiquement, par rapport à ce qu’il avait annoncé la semaine dernière au sujet de sa détermination à convoquer un Conseil des ministres, "lorsque cela est nécessaire". "Nous insistons pour suivre les dossiers qui concernent la population et nous sommes d’accord pour tenir une réunion ministérielle de concertations", a-t-il ainsi annoncé sans parler de Conseil des ministres. "Le patriarche a attiré mon attention sur le fait que des concertations préalables au Conseil des ministres de lundi dernier "étaient nécessaires", a ajouté M. Mikati, soulignant que son équipe "assume un fardeau qui ne lui laisse pas de choix", en allusion au blocage au niveau de la présidentielle. Il a mis l’accent dans ce contexte sur l’attachement de Mgr Raï à l’élection sans tarder d’un nouveau président de la République.

La décision de M. Mikati de convoquer le Conseil des ministres alors que son équipe est démissionnaire et qu’un président de la République n’a toujours pas été élu, a été vivement contestée, notamment par Bkerké et les forces politiques chrétiennes. Tous ont dénoncé une démarche anticonstitutionnelle et contraire au pacte national, reprochant au gouvernement démissionnaire d’outrepasser ses prérogatives et de chercher à s’arroger celles du président de la République.