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Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial du président français Emmanuel Macron, a multiplié jeudi les rencontres avec les responsables libanais au deuxième jour de sa mission à Beyrouth. L’objectif? Ouvrir la voie au déblocage de l’élection présidentielle, huit mois après la vacance à la tête de l’État.

C’est ce qu’a d’ailleurs affirmé l’ancien chef du Quai d’Orsay, soulignant que cette première visite, qui sera suivie d’une autre en juillet, a pour but d’"explorer la situation afin d’aider à trouver des solutions à la crise que traverse le Liban et de discuter avec les différentes parties de la manière d’arriver à la solution souhaitée".

M. Le Drian a néanmoins souligné qu’une adoption par le Parlement des réformes requises préparées par le gouvernement donnerait une impulsion pour parvenir aux solutions espérées. Une " petite phrase " de M. Le Drian qui pose la problématique de la légalité de telles réformes votées en l’absence d’un président de la République.

Au Grand Sérail

Accompagné de l’ambassadrice Anne Grillo, le diplomate français a ainsi entamé sa journée par une rencontre au Grand Sérail avec le Premier ministre sortant Najib Mikati. Ce dernier a une fois de plus appelé à l’élection d’un chef de l’État, une démarche qui constituerait selon lui un début de sortie de crise.

Depuis Bkerké, où il s’est longuement entretenu avec le patriarche maronite Béchara Raï, M. Le Drian a affirmé qu’il discutera avec les différentes parties libanaises. "Je chercherai à élaborer un agenda de réformes susceptibles de donner espoir à une issue, a-t-il déclaré. Je ne suis porteur d’aucune option. Je vais écouter tout le monde. La solution vient en premier lieu des Libanais". Et de réaffirmer que la France continuera de soutenir le pays du Cèdre.

À Meerab

L’émissaire français a par la suite été reçu par le chef des Forces libanaises Samir Geagea, qui a souligné "la nécessité du dialogue", tout en minimisant l’importance de l’appel au dialogue lancé par le tandem Amal-Hezbollah.

"L’appel au dialogue est en apparence bon, mais la présidentielle ne se déroule pas par le biais du dialogue. Nous leur avions proposé (au camp du 8 Mars) plusieurs noms, mais ils ont insisté dès le départ sur Sleiman Frangié", a expliqué M. Geagea au cours d’une conversation à bâtons rompus avec les journalistes. "Pourquoi réclament-ils le dialogue alors que tout ce qu’ils veulent c’est d’essayer de nous convaincre de (soutenir) leur candidat", s’est-il demandé.

M. Geagea a affirmé en outre que les forces de l’opposition sont "prêtes à s’entendre sur un candidat, mais pas selon la méthode actuellement entreprise par le camp de la moumanaa (axe pro-iranien) qui est attaché à la candidature de Sleiman Frangié". Le leader des FL a aussi fait valoir que "le dialogue n’a jamais été interrompu avec les responsables français dans le passé" et que "M. Le Drian n’est pas venu nous convaincre d’appuyer la candidature de Sleiman Frangié et n’a pas non plus présenté une autre proposition".

"M. Le Drian s’emploie à trouver une solution, a poursuivi M. Geagea. Il est le bienvenu comme tout autre représentant étranger, mais la présidentielle est une question intérieure qui ne se règle pas à travers le dialogue. Il incombe donc aux députés et aux groupes parlementaires de parvenir à une solution."

Une nouvelle phase commence

L’envoyé spécial d’Emmanuel Macron a ensuite été reçu par le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, qui a souligné que seule l’entente entre les différentes composantes du pays sur la personnalité du président et son programme aboutira à l’élection d’un chef de l’État. De son côté, M. Le Drian a affirmé qu’avec la tournée qu’il mène, "une nouvelle phase commence", insistant une fois de plus sur l’importance du dialogue inter-libanais.