Écoutez l’article

Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a indiqué vendredi que "les travaux sont en cours en vue d’appliquer l’initiative lancée par les FL concernant la nécessité de déployer l’armée dans le sud". Celle-ci serait ainsi "la seule entité, aux côtés des forces de maintien de la paix (Finul), à assurer la protection de la frontière".

Lors d’une interview accordée au média en ligne Al-Modon, M. Geagea a rappelé que "la résolution 1701, adoptée à l’unanimité par le gouvernement libanais, y compris le Hezbollah, stipule qu’il ne devrait y avoir ni combattants armés ni armes en dehors de l’armée libanaise et de la Finul". "Si Israël viole cette résolution, nous devons la mettre en œuvre pour garantir notre sécurité et éliminer toute justification à une agression israélienne", a-t-il précisé.

"Le moyen le plus simple et le plus rapide est que le gouvernement prenne l’initiative de convoquer une réunion pour discuter de la question", a déclaré M. Geagea, poursuivant: "Nous attendrons quelques jours pour voir si ce “miracle” se produira". "Pendant ce temps, nous œuvrons avec certains de nos alliés pour préparer une pétition à soumettre au Parlement en vue de convoquer une séance spéciale", a-t-il expliqué. Lors de cette séance, "une recommandation extraordinaire serait émise à l’attention du gouvernement" au sujet du déploiement de l’armée à la frontière sud.

En réponse à une question posant l’éventualité d’une entrave à ce projet, le chef des FL a affirmé: "Il ne nous reste que la revendication politique, le fait de porter la voix et d’insister sur la nécessité de protéger le Liban. Il s’agit d’une bataille qui ne concerne pas des intérêts partisans ou sectaires. Nous parlons ici du sort du Liban et des Libanais".

Il a précisé par ailleurs que "son initiative visant à retirer le Hezbollah et les combattants du sud renforcerait les chances de sauver le Liban", conformément au conseil adressé par tous les pays de "tenir le Liban à l’écart des hostilités". Il a d’ailleurs noté que "la lutte actuelle opposait les États-Unis à l’Iran", et qu’il n’y avait "absolument aucune justification pour que le Liban, par le biais du Hezbollah, soit impliqué dans ce conflit". "Cela n’a rien à voir avec la sympathie du peuple libanais, dans son ensemble, pour la cause palestinienne", a-t-il ajouté.

Interrogé sur sa position vis-à-vis des déplacés du Liban-Sud, M. Geagea a avancé que la position des FL à l’égard du Hezbollah "n’a rien à voir avec la solidarité humanitaire entre les Libanais. Le citoyen chiite, même celui qui soutient le Hezb, n’est pas responsable" des conflits actuels.

Quant à l’éventualité d’une solution qui serait imposée aux dépens du Liban, il a affirmé: "C’est impossible. J’appuie cette déclaration sur de larges contacts avec des sources diplomatiques arabes et occidentales". "À la suite d’une grande crise, il faut une grande résolution", a-t-il avancé.

M. Geagea a rapporté que "des milieux diplomatiques insistent sur la nécessité de trouver une résolution à la question palestinienne". Et de réitérer: "La solution à nos yeux est celle des deux États. Nous devons tous œuvrer en ce sens et y contribuer."

En réponse aux critiques selon lesquelles les chrétiens du Liban ne jouent pas leur rôle en ces circonstances, le chef des FL a fait valoir que "la position politique (des chrétiens) était toujours nécessaire" et qu’elle était "présente". Il a riposté à ce reproche par une série de questions: "Quel est le rôle des 300 millions d’Arabes? Que font-ils? Quelle est leur capacité d’influence? Quel devrait être le rôle des chrétiens du Liban au milieu des batailles menées par les armées du monde, où d’énormes stratégies sont élaborées à la table des négociations?"

Il a estimé que "la répétition de cette question par une certaine catégorie de personnes vise à décourager les chrétiens".

Interrogé sur la tournée effectuée récemment par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, auprès des responsables politiques, M. Geagea a qualifié l’activité de ce dernier de "gesticulations inutiles", visant à redorer son blason. Selon lui, M. Bassil n’a fait que reprendre des idées déjà traitées par les journalistes dans les médias, alors qu’un homme politique devrait "proposer des solutions et des mesures pratiques ainsi que des stratégies d’action". Pour le chef des FL, M. Bassil aurait dû laisser de côté ses projets présidentiels et "œuvrer plutôt à la consolidation du rôle de l’armée" qui est "l’épine dorsale" du pays, garante de "la préservation de la sécurité dans ces circonstances difficiles".