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Le deux poids deux mesures que l’Iran adopte dans son approche de la guerre à Gaza, conjugués à ses interactions avec les acteurs internationaux et régionaux, en particulier les Américains, reflète une ambiguïté certaine dans ses positions.

Partant, l’Iran ne semble pas pressé de conclure un accord avec l’administration Biden, préférant attendre les résultats des élections américaines prévues en novembre prochain.

Ainsi, et selon des milieux politiques proches de l’axe obstructionniste, l’Iran adopte une politique consistant à feinter, tout en maintenant les axes de communication avec tous les acteurs, en particulier avec l’administration Biden de manière indirecte, ou avec le Hamas et les factions de la Moumanaa. Et pour cause: la guerre à Gaza sera longue et pourrait se transformer en une guerre d’usure pour les branches militaires de l’Iran dans la région, avant de parvenir à un règlement préliminaire à une paix juste et globale.

La guerre à Gaza a, de facto, changé le cours des événements dans la région, préparant le terrain pour un nouveau Moyen-Orient et de nouvelles alliances internationales et régionales qui découleront des résultats des développements dans plusieurs régions du monde.

La guerre à Gaza et les développements qui s’ensuivent posent plusieurs questions restées sans réponses convaincantes. Parmi ces dernières: Qu’est-ce qui explique le timing de la guerre à Gaza? Pourquoi le Hamas a-t-il été laissé seul dans cet affrontement, alors que les autres forces de la Moumanaa, y compris le Hezbollah, se sont juste contentées d’apporter leur soutien? Où est donc passée l’unité des fronts? Où est la Syrie? Où sont les pays de l’axe obstructionniste? Y a-t-il une manœuvre politique dissimulée ou une quelconque transaction en cours? Où est passé l’Iran, le chef de file de l’axe obstructionniste?

Selon un officiel occidental, les positions exprimées par les responsables iraniens, allant du guide suprême au président Ebrahim Raïssi, en passant par le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, et jusqu’au commandant de la force Al-Qods, Ismaïl Qaani, renforcent l’idée que l’Iran adopte une politique de deux poids deux mesures. Il n’en demeure pas moins que la question persiste: Quid de l’après-Gaza?

Les cercles diplomatiques occidentaux évoquent plusieurs scénarios. Cependant, aucun projet clair et aucune trajectoire définie n’ont été adoptés par la communauté internationale au stade actuel. Partant, les positions des responsables occidentaux sont divisées entre ceux qui approuvent les actions d’Israël et ceux qui soutiennent le Hamas. Selon des milieux diplomatiques occidentaux, la tournure que prendront les événements à l’avenir se dirige vers un règlement global dont les contours et les détails restent flous pour le moment. Néanmoins, certaines informations suggèrent que de nouvelles alliances émergeront, non sans contraintes qui s’imposeront sur toutes les parties pour consolider le projet de paix.

Pour parvenir à un règlement conduisant à une paix globale, un responsable arabe souligne que l’on attend de certains pays de la région de jouer un rôle particulier, mais que cela ne s’est pas encore concrétisé en raison de l’absence de puissances agissant sur la scène générale, sans compter les changements inattendus. Par conséquent, la région pourrait entrer dans une longue guerre d’usure pour résoudre les crises, sur base d’un projet de paix centré sur l’établissement d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem pour capitale.

Dans ce contexte, les observateurs occidentaux se demandent qui résistera à cette guerre d’usure et qui aura le dernier mot: l’État et ses institutions ou les milices?

En guise de réponse, un ancien responsable soutient que la région verra émerger, dans un avenir proche, de nouvelles positions importantes émanant d’États absents à l’heure actuelle de la scène politique. Ces derniers joueront un rôle crucial dans le cadre d’un plan de sauvetage régional, conformément au règlement et au projet de paix. À ce titre, la Syrie, qu’il s’agisse du régime actuel ou d’un autre, jouera certainement un rôle majeur au sein d’un processus de changement conforme au règlement qui se prépare.

Il faut savoir que, pendant cette période de transition, le Liban attendra que la situation se clarifie, et que les résultats des développements militaires à Gaza ainsi que les négociations entre les parties prenantes et les acteurs internationaux soient révélés. Cependant, certaines parties européennes se demandent si le Liban pourrait résister au vu de sa situation désastreuse et des crises accablantes qu’il ne cesse de traverser. Ces mêmes parties affirment que le Groupe des Cinq déploient des efforts, bien que ces pays soient occupés par la guerre à Gaza, pour relancer la question mise en suspens de la présidentielle libanaise, afin de consolider la scène locale et de lui éviter les répercussions des développements et de la guerre d’usure, de peur que la vacance ne touche toutes les institutions sécuritaires, militaires et administratives. En effet, une appréhension croissante s’installe quant à la possibilité que le vide puisse s’étendre à d’autres institutions de sécurité, militaires et administratives, en particulier au sein de l’armée et des forces de sécurité intérieure (FSI).

Certains observateurs craignent que cela ne conduise à l’effondrement du Liban, étant donné l’influence marquée du Hezbollah sur le pays, entravant ainsi l’émergence de solutions et de propositions viables. Les Cinq cherchent à consolider leur position pour obtenir des gains politiques significatifs.

Par conséquent, le Hezbollah travaille activement à renforcer son alliance avec le Courant patriotique libre en soutenant la position de son leader, Gebran Bassil, concernant la vacance à la tête du commandement militaire. La retraite du commandant de l’armée, le général Joseph Aoun, prévue pour le 10 janvier, fait l’objet de discussions, certains plaidant en faveur d’un report d’un an.

Le Liban se trouve aujourd’hui à une croisée des chemins dangereuse, doublée d’une crise existentielle. Sera-t-il sauvé in extremis pour préserver sa formule politique centenaire, ou bien sera-t-il voué à un effondrement total, ce qui ouvrira la voie à l’émergence d’un nouveau Liban façonné par des accords régionaux?