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Le délai accordé à Benjamin Netanyahou et à son gouvernement par l’administration Biden pour qu’Israël mette fin à son opération militaire à Gaza est sur le point d’expirer, mais l’armée israélienne considère toujours que la guerre contre le Hamas sera longue. Tel Aviv ne compte pas s’arrêter, pas avant d’atteindre ses objectifs, notamment l’élimination des dirigeants du groupe palestinien islamiste et la destruction de sa machine militaire.

L’administration Biden avait fixé à la mi-janvier la date butoir pour que les opérations militaires s’arrêtent et a commencé à préparer "l’après-guerre de Gaza". Dans le même temps, le Hamas a annoncé qu’il poursuivra sa" résistance", à moins qu’Israël ne cesse immédiatement ses attaques. Ce groupe se targue du fait qu’Israël et son appareil militaire n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs alors que la guerre entre dans son quatrième mois.

Il refuse d’envisager une poursuite de l’opération d’échange d’otages et de prisonniers, tant qu’Israël n’annonce pas un arrêt définitif des hostilités. Le Hamas refuse de revenir à une trêve humanitaire pour libérer les otages, craignant qu’Israël ne détruise la bande de Gaza par la suite.

La guerre semble ainsi devoir durer encore, alors que la communauté internationale, opposée à un élargissement du conflit, fait pression pour que les hostilités entre Israël et le Hamas cessent d’ici à la fin du mois, ce qui sous-entend un rétablissement du calme au Liban-sud et le début d’un véritable effort pour appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité, dans son intégralité. Côté israélien, cela implique que Tel Aviv mette fin à ses violations terrestre, maritime et aérienne de la souveraineté libanaise.

Un tel scénario, s’il est réalisé, ouvrira la voie à la poursuite de la mission de l’émissaire américain Amos Hochstein, qui consiste à délimiter la frontière terrestre entre le Liban et Israël et à régler principalement les points litigieux, réduits à 6 (initialement 13). Cela suppose aussi un début de retrait israélien des fermes de Chebaa où une force internationale serait déployée.

De sources diplomatiques, on fait état d’une pression internationale et régionale intense exercée dans ce sens.  Le Qatar joue un rôle de premier plan à ce niveau, en raison du rôle de médiateur qu’il assume sur le plan régional. À l’instar d’Oman, le Qatar semble être devenu un lieu prééminent pour les négociations autour de Gaza. Cette dynamique, à elle seule, ne suffit cependant pas. L‘administration américaine doit s’efforcer d’intervenir à son tour auprès d’Israël.

C’est que le spectre d’une guerre généralisée n’a toujours pas été écarté. Paris notamment redoute une escalade au sud qui entraînerait une guerre globale, malgré les pressions internationales et régionales pour éviter ce scénario.

Le redéploiement de la brigade israélienne d’infanterie, Golani, de Gaza vers le nord d’Israël, à la frontière avec le Liban, renforce ces craintes. Selon certains cercles diplomatiques, il s’agit d’un signe indubitable qu’Israël envisagerait de se concentrer sur le front sud dès que la guerre à Gaza toucherait à sa fin.

D’aucuns estiment cependant que Tel Aviv pourrait gérer les deux simultanément. L’État hébreu propose pour Gaza la mise en place d’une force arabe sous la supervision d’une entité internationale intermédiaire, pour préserver la sécurité dans l’enclave après le départ du leadership militaire du Hamas.

Parallèlement, au Liban-Sud, la résolution 1701 serait mise en œuvre et un genre de zone tampon serait établi. Une proposition que le Hezbollah continue de rejeter cependant. De toute façon, pour le Hezb, il n’est pas question d’une application de la 1701 avant un cessez-le-feu permanent à Gaza. La milice pro-iranienne insiste aussi pour garder ses armes et ses combattants dans la zone d’opérations de la Finul, jusqu’à ce qu’Israël cesse ses violations de cette résolution et se conforme à ses dispositions.