Nouvelle divergence de points de vue autour des prérogatives constitutionnelles entre Baabda et Aïn el-Tiné concernant la partie compétente pour étudier l’initiative koweïtienne. 

Le Premier ministre Najib Mikati a élaboré un projet de réponse aux différents points de l’initiative lancée à Beyrouth il y a quelques jours par le chef de la diplomatie koweïtienne, Ahmad Nassar al-Mohammad al-Sabah, et l’a adressé à la présidence de la République qui s’applique à en finaliser la formulation.

Le président de la République estime, en effet, que les relations extérieures demeurent de sa compétence, en vertu de l’article 52 de la Constitution. C’est du moins ce que laissent entendre des sources proches du président Michel Aoun, qui indiquent que " le président de la République est chargé de négocier et de ratifier les traités internationaux en accord avec le Premier ministre ".

Les sources précitées ajoutent que le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, fera parvenir le document finalisé à Baabda au président de la Chambre, Nabih Berry, que ce dernier examinera dans le but de parvenir à une formulation finale sur laquelle tout le monde puisse se mettre d’accord.

Les sources précitées qualifient la réponse élaborée par Baabda de sérieuse et équilibrée, et non d’un simple discours épistolaire. Elle comporterait des propositions précises quant aux modalités d’application des points proposés par l’initiative en question. Ces mêmes sources refusent de divulguer quoi que ce soit du contenu avant tout accord final sur le document. Elles affirment avec insistance qu’aucune information ne peut être donnée avant l’arrivée au Koweït du ministre Bou Habib, dans la mesure où ceci risquerait de susciter une polémique dangereuse autour de la réponse libanaise et partant, de faire échouer l’initiative dans son ensemble, fermant ainsi la porte à toute possibilité de négociation.

Selon des sources proches du dossier, la réponse à l’initiative koweïtienne ne nécessite pas de décision particulière en Conseil des ministres, car ce qui est proposé n’est pas une médiation mais une initiative. Il appartient donc à l’Exécutif dûment représenté ainsi qu’aux partenaires politiques en son sein d’adopter la position adéquate.

Par contre, des sources proches du tandem Hezbollah-Amal affirment que le président de la Chambre Nabih Berry examine actuellement le projet de réponse à l’initiative koweïtienne en coordination avec le Hezbollah. Ces milieux estiment, en effet, que tous les partenaires politiques au sein de l’Exécutif sont concernés par cette réponse et que, par conséquent, on ne peut pas affirmer qu’elle est de la seule compétence du chef de l’État conformément à l’article 52 de la Constitution. Ces sources précisent que le président Berry étudie actuellement, avec tout le sérieux nécessaire, cette question qui nécessite un certain temps de travail.

Entretemps, le Koweït et les pays arabes, notamment ceux du Golfe, attendent la réponse libanaise qu’ils partageront avec les États directement concernés par le dossier libanais, comme les États-Unis et la France, qui ont participé à la coordination des points de l’initiative koweitienne.

La rencontre prévue du ministre koweïtien des Affaires étrangères, Ahmed Nasser al-Mohammed al-Sabah, avec son homologue américain Anthony Blinken, s’inscrit en partie dans la poursuite de la discussion sur le dossier libanais et ses répercussions, actuelles et prochaines, à la lumière de ce que comportera la réponse libanaise.