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Le Liban se trouve dans une course contre la montre entre la guerre et la paix, alors que les États-Unis tentent d’éviter à la fois au Liban et à Israël les retombées catastrophiques d’une guerre totale. Les autorités libanaises, quant à elles, rejettent la responsabilité sur Israël pour justifier leur incapacité à instaurer la paix et la stabilité au Liban.

Dans ce contexte, des responsables américains et européens ont imputé sans ambages la responsabilité de la détérioration de la situation dans le sud du Liban au Hezbollah, lors de leurs échanges avec les responsables libanais. Ils exhortent même le gouvernement libanais à inciter le Hezbollah à changer de position, car persister dans cette politique pourrait avoir des conséquences graves sur le Liban et les Libanais.

À Beyrouth, l’arrivée de l’émissaire américain Amos Hochstein est très attendue afin d’apporter des éclaircissements quant à la proposition israélienne. Selon certaines informations, M.Hochstein est porteur d’une demande claire d’Israël, mettant en avant l’urgence d’un cessez-le-feu dans le Liban-Sud, suivi immédiatement de négociations politiques visant à résoudre les treize points litigieux de la Ligne bleue entre le Liban et Israël. De plus, il abordera la question des violations israéliennes dans la périphérie d’Al-Mari, également connue sous le nom de Ghajar.

Il est à noter que ces questions ne suscitent pas de désaccord avec le Liban. En réalité, le point de discorde principal concerne les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba. Partant, la question cruciale demeure de savoir si le Liban ou la Syrie assumera la souveraineté sur ces territoires en cas de retrait israélien.

Il est important de souligner que la Syrie revendique la souveraineté sur les fermes de Chebaa et, par conséquent, ne les reconnaît pas comme relevant de la souveraineté libanaise. Pour rappel, la Syrie n’a pas approuvé la demande du Liban de délimiter les frontières maritimes dans le nord, ce qui laisse à penser qu’elle agira de même en ce qui concerne les fermes de Chebaa. On parle dans ce contexte de placer ces fermes sous une supervision internationale après le retrait israélien, si Israël acceptait toutefois de se retirer. Cependant, la question demeure de savoir si le Hezbollah acceptera que cette région soit placée sous l’égide internationale.

Selon les informations, la crise va bien au-delà de la simple résolution des questions relatives aux réserves et aux violations des frontières. Pour le Hezbollah et les Iraniens, elle est directement liée à la situation en Palestine et au rôle assigné au Hezbollah en tant qu’acteur clé du projet iranien dans la région. En conséquence, le Hezbollah n’est pas disposé, jusqu’à présent, à renoncer à ses armes et à son intervention dans plusieurs pays de la région, au gré des désidératas de l’Iran. Ainsi, la résolution de la crise nécessite une entente entre l’Iran et les États-Unis englobant divers sujets d’intérêt pour l’Iran. Cela pourrait notamment inclure de laisser les mains libres au Hezbollah au Liban, en échange de la stabilité et de la paix le long des frontières avec Israël.

Selon un diplomate européen au Liban, les Européens ont délégué aux Américains la tâche d’élaborer un plan de paix pour le sud du Liban en coordination entre les deux parties. Les Européens essaient également de persuader les autorités libanaises d’exprimer publiquement leur volonté de maintenir le calme et la stabilité. Cependant, le diplomate a noté que le problème résidait dans le refus actuel des autorités libanaises de reconnaître la responsabilité du Hezbollah dans l’escalade. Selon lui, au lieu de cela, ces dernières renvoient la balle dans le camp israélien et s’alignent sur la position du Hezbollah qui refuse un cessez-le-feu dans le sud avant celui dans la bande de Gaza. En outre, ce même diplomate a interrogé les autorités libanaises sur les raisons de lier le destin du Liban à ce qui se passe à Gaza, sans obtenir de réponse. En revanche, le Hezbollah a répondu en affirmant qu’il n’avait aucune intention de se retirer du plan iranien et de son orientation dans la région, soulignant que la question allait au-delà de la résolution 1701 et des fermes de Chebaa.