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Nabatiyeh, 26 février. Le nonce apostolique au Liban, Mgr Paolo Borgia, est en visite à l’école des sœurs antonines. Nous sommes dans le champ d’action des drones israéliens. Le climat général est marqué par une grande incertitude et par le mortel imprévu des cibles quotidiennes changeantes de l’armée israélienne.

L’ambassadeur du Saint-Siège, bravant les appréhensions liées à la situation au Liban-Sud, honore une promesse faite à la supérieure générale de la branche féminine de l’ordre des antonins, Sœur Nazha Khoury, de visiter l’établissement scolaire que les religieuses tiennent à Nabatiyeh.

L’école est un imposant bâtiment des années 1950, avec sa structure rectiligne, ses murs en pierre taillée, typiques de l’époque, ses hauts plafonds, ses salles bien aérées. Elle abrite une communauté scolaire de 1.200 élèves, dont une infime proportion de chrétiens, et un impressionnant corps enseignant en majorité féminin, encadré par cinq religieuses qui, selon toute apparence, semblent avoir établi un excellent rapport avec une bonne partie de la population, majoritairement chiite, de la ville.

Comme pour illustrer les appréhensions diffuses des visiteurs et de leurs hôtes, de lointains échos d’explosions et d’informations sur des raids parviennent jusqu’à l’établissement, durant la visite. Ainsi, la chute d’un drone israélien ciblé par le Hezbollah et le bombardement israélien de Baalbek et de Kfar Remmane. Mais, au fil des mois, les gens ont pris l’habitude de faire la distinction entre ce que sœur Philippe, la véritable ancienne de l’établissement, appelle "une alerte véritable et un risque improbable". "Il n’empêche que les parents inquiets sont libres de venir prendre leurs enfants avant l’heure", ajoute-t-elle.

Discours de bienvenue, échanges avec les professeurs, mot du président du comité des parents, haies d’enfants l’applaudissant ou agitant des drapeaux aux couleurs jaunes et blanches du Vatican, saxophoniste jouant l’Ave maria, chants et danses folkloriques, séquences photos, lâcher de pigeons, plantation d’un olivier, le Nonce aura droit à tout cela, dans une ambiance joyeuse, exubérante, comme appartenant à un autre temps. Or, c’est un moment vécu aujourd’hui à Nabatiyeh, par une société qui a soif d’éducation, de bienséance, de respect des valeurs et, en même temps, d’ouverture, de promotion sociale et culturelle, et qui fait confiance aux religieuses antonines pour le leur assurer.

"C’est le triomphe du pluralisme libanais, de l’unité dans la diversité", dira le père Antoine Ghazal, qui assure les cours de philo aux classes terminales, ainsi qu’une heure hebdomadaire de réflexion animée par des contes et des histoires, attendue par les élèves de semaine en semaine. Des phrases de l’abbé Pierre sont transcrites sur des cartons collés aux vitres des classes.

Le nonce le soulignera dans les mots qu’il prononcera au fil des étapes de sa visite, puis dans la grande salle des fêtes. Il insistera tour à tour sur l’importance de la synergie entre la famille et l’école, dans l’éducation à l’ouverture des enfants, dans cette école fondée en 1953. Autrefois réservée aux filles, elle est aujourd’hui mixte et dispose d’une section anglaise. Beaucoup d’enseignants et de membres de comités de parents en sont d’anciens élèves.

"Que les parents soient toujours aux côtés des religieuses est quelque chose de très beau", dira Mgr Paolo Borgia, qui relèvera à diverses reprises le fait que "l’école est au centre de l’éducation culturelle, mais surtout humaine" d’une société. "C’est essentiel pour les jeunes, surtout dans ces régions, bravo les Sœurs!", lancera-t-il, dans cette école dont les élèves proviennent de 73 villes et villages du caza.

"Nul n’est plus grand que la paix" 

Dans la grande salle des fêtes, après un mot de la directrice de l’école, sœur Marie Touma, qui remercie le nonce d’être venu "dans une région à risque", Mgr Borgia dira, devant toute l’école réunie: "Quel est l’avenir que tous souhaitent pour le Liban? C’est la paix. Nul bien n’est plus grand que la paix. Sans paix, il n’y a pas de respect pour l’autre, pas de justice, pas de solidarité. C’est le règne du chacun pour soi, et parfois contre l’autre. La paix est rencontre, dialogue, bien-être. La paix est la condition même de la vie. La haine n’apporte que la mort. Mais si la paix est un don de Dieu, elle est aussi patiemment construite jour après jour par les hommes, exactement comme cet olivier que je vais planter dans le verger de l’école, et qui aura besoin de soins quotidiens et saisonniers pour grandir et donner des fruits".

Justifiant sa visite dans une période d’instabilité, Mgr Borgia expliquera à l’assemblée qu’"une visite répond souvent au besoin d’encourager l’autre, de le réconforter".

"Je rentre heureux d’avoir vu tant de bons fruits, tant de jeunes bien instruits. C’était une belle journée. Je suis fier des sœurs", ajoutera-t-il en privé.

 

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