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Trêve du Ramadan et accélération du processus de paix dans la région ou détérioration de la situation et escalade du conflit avec incursion israélienne au Liban? Tous les scénarios sont possibles et la mission de l’émissaire américain, Amos Hochstein, à Beyrouth semble compliquée. À quoi doit-on s’attendre?

Prévue lundi, au Liban, pour tenter de désamorcer le conflit au Liban-Sud, la visite d’Amos Hochstein semble enclencher un balai diplomatique qui comprendrait celles des émissaires français, Jean-Yves Le Drian et qatari, Abou Fahd Jassem al-Thani.

Quelle sera donc la mission de M. Hochstein?

L’émissaire américain devrait, selon le fondateur du cabinet Celtic Intelligence, Jean Sébastien Guillaume, "présenter un plan pour garantir la résolution du problème des 13 points litigieux, le long de la Ligne bleue, à la frontière entre le Liban et Israël, mais aussi l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies". Celle-ci se ferait, toujours selon cette même source, "sur plusieurs étapes et commencerait par un retrait du Hezbollah à 10 kilomètres de la frontière".

Il convient de rappeler, à cet égard, l’accord proposé, en janvier dernier, par Amos Hochstein. Dans une tentative de gérer le conflit, il s’est alors attaqué à plusieurs points de contentieux spécifiques. Il s’agit notamment, selon M. Guillaume, "du point B1 à Ras Naqoura, qui pourrait passer sous contrôle libanais, ce qui permettrait de déverrouiller une partie des 13 points litigieux". Dans les cartons de l’émissaire américain, et comme avancé par M. Guillaume, "la question du retrait israélien de la partie libanaise du village de Ghajar serait abordée et pourrait être perçue comme un pas vers le respect de la souveraineté libanaise". Quant à l’imbroglio des fermes de Chebaa, le fondateur de Celtic Intelligence laisse entendre "que la zone pourrait être placée sous l’autorité des Nations unies, en attendant une solution plus permanente".

Contexte géopolitique de sa visite

M. Hoschtein arrive dans un contexte géopolitique complexe impliquant le Liban, la Syrie, Israël et le Royaume-Uni, puisqu’il sera également question de la proposition d’extension du projet britannique de construire des tours de surveillance à la frontière sud du Liban. Le projet envisage l’érection de postes à cinq kilomètres en profondeur à l’intérieur des territoires libanais et israéliens, bien que sans garantie d’acceptation par Israël. Cette initiative fait aujourd’hui l’objet de discussions entre les Britanniques et l’envoyé américain, Amos Hochstein.

On rappelle, dans ce contexte, que ces tours de contrôle frontalier ont été érigées par les Britanniques il y a plus de dix ans, entre le littoral de Arida, au nord du Liban et le flanc du Mont Hermon, au sud. À l’heure où les négociations actuelles portent, entre autres, sur la construction de tours similaires à la frontière entre le Liban et Israël, la Syrie n’a pas manqué de protester opportunément et après plus de dix ans de silence, contre ces postes d’observation, prétextant une menace à la sécurité de Damas.

À l’heure où les États-Unis sont pressés, où l’administration Biden veut éviter d’aborder les élections présidentielles de novembre dans un contexte de guerre et où le problème du timing de chacune des parties prenantes entre en jeu, il est difficile d’imaginer que l’Iran et ses alliés locaux et régionaux puissent faciliter la tâche d’Amos Hochstein sans contrepartie.