Le commerce illicite de timbres a fait l’objet, ces dernières années, d’un trafic important sur le marché noir. Cela a affecté l’acquisition de timbres dans les administrations publiques, ceux-ci étant devenus une denrée rare.

De ce fait, de nombreux citoyens habitant le Liban ont été empêchés d’effectuer des transactions officielles essentielles, en particulier des actes de mariage et de naissance. Cela a également fortement affecté les Libanais de la diaspora et les étudiants à l’étranger qui devaient effectuer des formalités administratives telles que le renouvellement de passeports etc.

Au regard des pénuries, les citoyens n’ont alors eu pour seule option que de se rabattre sur le marché noir où les marchands clandestins n’ont pas hésité à les escroquer en leur faisant payer des prix exorbitants. Une transaction coûtant entre 10 et 15 dollars revient désormais au minimum à 80 dollars.

Dossier réactivé par le juge Jamal Hajjar et enquête en cours

Ce dossier qui croupissait dans les tiroirs de la justice a ainsi été réactivé par le procureur général par intérim près la Cour de cassation, le juge Jamal Hajjar. Celui-ci s’est donc saisi du dossier le mois dernier pour entamer une enquête.

L’enquête du juge Hajjar repose sur la base d’un rapport qu’il a reçu de la Cour des comptes, qui a révélé que "les opérations à travers lesquelles les vendeurs de timbres sur le marché noir ont récolté des profits financiers atteindraient jusqu’à 20 millions de dollars par an, tandis que les recettes du Trésor provenant des ventes de timbres enregistraient de leur côté moins de deux millions de dollars".

Le rapport de la Cour des comptes a également pointé du doigt "les employés du Trésor au ministère des Finances qui n’ont pas respecté les calendriers de distribution des timbres, en distribuant plus que les quantités autorisées aux détenteurs de licences. Ces derniers ont alors "monopolisé les timbres et les ont vendus à des prix exorbitants". L’absence de contrôle au ministère des Finances a facilité l’apparition de manipulations difficilement détectables.

Une source judiciaire a expliqué à notre confrère Houna Loubnan que "la séance de vendredi sera longue. Elle rassemblera un certain nombre d’employés des finances et de propriétaires de centres agréés pour la vente de timbres qui seront soumis à un interrogatoire". Les sources ont aussi indiqué que "des développements très importants dans ce dossier, y compris quelques arrestations, devraient avoir lieu la semaine prochaine".