Emmanuel Macron reconduit la Première ministre Elisabeth Borne à Matignon de manière peu enthousiaste, optant pour la continuité dans un contexte politique délicat.

Reculer pour mieux sauter ? En reconduisant sans enthousiasme la Première ministre Elisabeth Borne à Matignon, Emmanuel Macron a fait le pari de la continuité face à une rentrée qui s’annonce difficile, en attendant de trouver la clé d’une équation politique délicate, faute de majorité absolue à l’Assemblée.

Après un long suspense, le verdict est tombé lundi soir: la Première ministre reste, le gouvernement fera l’objet de quelques " réajustements " d’ici la fin de la semaine et le chef de l’État reprécisera son cap à la même échéance.

Emmanuel Macron a donc opté pour une réponse a minima au sortir des 100 jours qu’il s’était lui-même fixés le 17 avril pour relancer son quinquennat après la crise des retraites.

Premier enseignement, Emmanuel Macron renouvelle du bout des lèvres sa confiance à sa Première ministre, avec laquelle la relation n’est pas toujours des plus harmonieuses, selon diverses sources au sein de l’exécutif.

En déplacement à Bruxelles jusqu’à mardi pour un sommet de l’UE et de l’Amérique latine, il n’a pas fait lui-même l’annonce, qui a été relayée par son entourage.

Élisabeth Borne n’a en outre pas présenté sa démission pour être renommée, ce qui lui aurait redonné plus de poids politique, mais a été sobrement " maintenue " dans ses fonctions.

Faute de majorité absolue, elle abordera la prochaine rentrée dans une position tout aussi acrobatique qu’en 2022, avec un budget à faire passer au forceps, sans doute au prix de nouveaux " 49.3 " à répétition. Avec en corollaire l’épée de Damoclès d’une motion de censure sur laquelle elle risque toujours de trébucher, dans une Assemblée prompte à s’enflammer. Le spectre agité par Les Républicains, qui entendent peser sur le prochain budget, tout comme sur le projet de loi immigration pour lequel les concertations politiques piétinent.

Pap Ndiaye à l’Éducation, François Braun et Jean-Christophe Combe à la Santé et aux Solidarités, Olivier Klein à la Ville sans oublier Marlène Schiappa, épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne : la machine à rumeurs s’emballe de nouveau autour des partants potentiels.

En attendant, le dîner mardi à l’Élysée avec l’ensemble des membres du gouvernement et leurs conjoints promet d’être " baroque ", ironise un conseiller présidentiel.

Le réajustement ne devrait pas intervenir d’ici là, plusieurs sources évoquant jeudi, voire vendredi.

Pierre Daccache, avec AFP