L’émir du Koweït, le cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, est décédé samedi 16 décembre à l’âge de 86 ans, après un règne court mais tumultueux. Le prince héritier du Koweït, le cheikh Meshal al-Ahmad al-Jaber Al-Sabah, a été nommé nouvel émir de ce pays riche en pétrole, a rapporté la télévision d’État.

L’émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, est décédé samedi à l’âge de 86 ans, a annoncé le Palais de l’émir, après un mandat de trois ans marqué par des conflits politiques à répétition à la tête de ce pays du Golfe riche en pétrole.

"Avec une grande tristesse, nous pleurons la mort de Cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, émir de l’État du Koweït", indique un communiqué diffusé à la télévision d’État koweïtienne, laquelle avait auparavant interrompu ses programmes et diffusé des versets du Coran.

En novembre, cheikh Nawaf avait été admis à l’hôpital "en raison d’un problème de santé urgent", selon l’agence de presse officielle KUNA, qui n’a pas donné de détails sur sa maladie. Ensuite de quoi, son état s’est stabilisé. Compte tenu de son âge, sa santé a souvent été une préoccupation pendant son mandat.

Un règne court mais tumultueux

Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah n’a été émir du Koweït que pendant trois ans, mais il a été impliqué durant six décennies dans la conduite tumultueuse des affaires du petit pays pétrolier.

Cheikh Nawaf a été nommé prince héritier en 2006 par son demi-frère, Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, et a pris la relève en tant à la mort de ce dernier, en septembre 2020, à l’âge de 91 ans.

Né en 1937, cheikh Nawaf est le cinquième fils de cheikh Ahmad al-Jaber al-Sabah, ancien dirigeant du Koweït, de 1921 à 1950.

Il a commencé sa carrière politique à l’âge de 25 ans en tant que gouverneur de la province de Hawalli, fonction qu’il a occupée jusqu’en 1978.

Face aux défis d’une époque turbulente

Il a notamment été ministre de la Défense lorsque l’Irak a envahi le pays en 1990, et ministre de l’Intérieur durant la période troublée qui a vu les forces de sécurité koweïtiennes combattre les islamistes armés, en 2005.

Au pouvoir, cheikh Nawaf a dû gérer une crise d’ordre économique provoquée par une chute des prix du pétrole, qui a vu la note souveraine du pays abaissée par les agences de notation en 2020.

L’émir du Koweït, le cheikh Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, remet au prince héritier saoudien, Mohammed bin Salman, l’ordre de Moubarak le Grand, le 10 décembre 2021. (Kuna, AFP)

Sur le plan diplomatique, il a gardé le statu quo, préférant ne pas nouer de relations avec Israël comme l’ont fait ses voisins de Bahreïn et des Émirats arabes unis.

Il a également maintenu des relations équilibrées avec l’Arabie saoudite et l’Iran, les deux grands rivaux de la région.

Son successeur, le prince héritier cheikh Mishal al-Ahmad al-Sabah, un autre demi-frère de l’émir disparu, est âgé de 83 ans, ce dernier a passé l’essentiel de sa carrière dans le domaine de la sécurité et du renseignement.

L’octogénaire a ainsi occupé le poste de ministre de l’Intérieur et des responsabilités dans la Garde nationale.

Il est en grande partie resté à l’écart de la scène politique et des dissensions au sein même de la famille régnante des Al-Sabah, dont certains membres s’accusent mutuellement de corruption ou de conspiration.

Ce père de 12 enfants prêtera prochainement serment devant le Parlement.

Maureen Décor, avec AFP