Les rebelles Houthis ont attaqué les Emirats arabes unis à deux reprises en janvier à coups de missiles et drones, une escalade dans la péninsule arabique due à la guerre dévastatrice du Yémen. Les insurgés yéménites, qui visent régulièrement l’Arabie saoudite, ont menacé de s’en prendre à nouveau à ces deux riches Etats pétroliers, qui s’opposent à leur prise de pouvoir au Yémen. Voici quatre choses à savoir sur les Houthis.

Soutien de l’Iran

Les Houthis sont soutenus par l’Iran, poids lourd régional qui entretient des relations délicates, voire tendues avec ses voisins arabes du Golfe, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en tête.

Les deux puissances militaires et économiques du Golfe, proches des Etats-Unis et de l’Europe, sont depuis 2015 les principaux acteurs d’une coalition militaire menée par Ryad et qui appuie le gouvernement yéménite contre les rebelles.

Cette coalition affirme que Téhéran et le Hezbollah, le mouvement chiite libanais pro-iranien, forment les combattants rebelles et leur fournissent du matériel militaire. L’Iran dément tout soutien autre que politique.

Selon une source des services de renseignements du gouvernement yéménite, des experts iraniens et du Hezbollah sont présents sur tous les fronts, notamment à Marib, dernier bastion loyaliste dans le nord du Yémen, où les combats se concentrent depuis quelques mois.

Une photo d’archive montrant des manifestants houthis qui brandissent le portrait du chef du Hezbollah libanais.

Combattants des montagnes

Avec au moins 200000 hommes dans leurs rangs selon une source gouvernementale yéménite, les Houthis sont bien entraînés et habitués à combattre dans les terrains montagneux et rudes du Yémen. Après avoir pris la capitale Sanaa, ils se sont emparés de vastes pans du territoire, en particulier dans le nord.

Leurs missiles de longue portée et leurs drones développés grâce à la technologie iranienne –selon leurs adversaires–, sont considérés comme une menace sérieuse par l’Arabie saoudite et les Emirats, pourtant parmi les plus grands importateurs de matériel militaire au monde.

Les Houthis disposent aujourd’hui d’un " assortiment de missiles de croisière et balistiques, de drones et d’autres armes à distance capables de frapper des cibles dans tout le Golfe et au-delà ", estime le centre de réflexion Center for Strategic and International Studies (CSIS), basé à Washington.

Avec leurs armes " relativement peu coûteuses ", les Houthis sont capables de faire payer " un prix militaire et politique important " à leurs ennemis, pour qui la prospérité et la stabilité s’affichent comme des facteurs essentiels d’attractivité économique.

L’ancien président du conseil révolutionnaire yéménite, Mohammad Ali al-Houthi. (AFP)

Recrutement et alliances

En dépit de milliers de combattants tués, les Houthis continuent d’attirer des jeunes recrues dans ce pays d’environ 30 millions d’habitants confronté à l’une des pires crises humanitaires au monde.

Selon deux responsables du gouvernement yéménite s’exprimant auprès de l’AFP sous couvert d’anonymat, les rebelles " séduisent et embrigadent " avec " de fausses promesses financières et religieuses " lors d’événements religieux ou des camps de formation organisés régulièrement.

Les Houthis sont par ailleurs accusés par des ONG de défense des droits humains de recruter des enfants soldats. Et dans certaines régions, notamment celle de la capitale Sanaa, des hommes sont " enrôlés de force ", assurent les deux sources gouvernementales.

Selon l’une d’elles, les rebelles ne bénéficient pas nécessairement du soutien des influentes tribus locales dans les régions qu’ils contrôlent, mais la " logique de la force et des intérêts communs leur a permis de développer de puissantes alliances ".

A l’instar du régime iranien et autres milices iraniennes de par le monde, les Houthis affichent ostensiblement leur aversion pour les Etats-Unis et Israël, ainsi que leur soutien pour la cause palestinienne et le devoir de libération de la Palestine.

Théocratie

Venus du Nord, les Houthis se sont constitués comme mouvement dans les années 1990 pour lutter contre les discriminations dont se disait victime leur communauté zaïdite. Cette branche de l’islam chiite représente un tiers de la population du Yémen, majoritairement sunnite.

Les Zaïdites ont connu leur apogée dans le nord du Yémen avec l’instauration d’un " imamat " (régime politique dirigé par un imam) au IXe siècle, qui s’est maintenu jusqu’au XXe siècle.

Dans les territoires qu’ils contrôlent, les Houthis ont imposé de très strictes règles sociales et religieuses, ciblant en particulier les femmes et les artistes. La société yéménite, bien que très conservatrice, est traditionnellement tolérante et ouverte à la musique et aux arts.

" A long terme, les Houthis cherchent à établir un régime théocratique ", souligne le CSIS.

AFP

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