Le drapeau de la Suède, devenue le 32ᵉ membre de l’Otan, a été hissé lundi au siège de l’Alliance atlantique, épilogue d’un long parcours pour ce pays scandinave et preuve, pour le chef de l’Alliance, de l’échec du président russe Vladimir Poutine.

"L’Otan est plus grande et plus forte", a lancé le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, peu avant l’envoi du drapeau suédois bleu et jaune, qui flotte désormais aux côtés des 31 autres, déployés en vaste cercle devant l’imposant bâtiment de l’Alliance à Bruxelles.

"Lorsque le président Poutine a lancé son invasion (de l’Ukraine), il y a deux ans, il voulait moins d’Otan et plus de contrôle sur ses voisins. Il voulait détruire l’Ukraine comme État souverain. Mais il a échoué", a-t-il déclaré en présence du Premier ministre suédois, Ulf Kristersson.

La Suède a choisi, après l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022, de renoncer à deux siècles de neutralité et de non-alignement militaire, pour rejoindre la principale alliance militaire dans le monde. Ulf Kristersson a remis jeudi au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, les documents officiels gravant dans le marbre l’adhésion de son pays à l’Alliance atlantique. Les États-Unis sont dépositaires du Traité de l’Atlantique nord, signé dans la capitale américaine en 1949.

La ratification de cette accession a été obtenue de haute lutte après de longues négociations avec certains membres de l’Alliance.

"La capitulation n’est pas la paix"

Lors d’un point de presse, M. Stoltenberg a insisté sur la nécessaire poursuite du soutien à l’Ukraine. "Le président Poutine a commencé cette guerre et pourrait y mettre fin aujourd’hui. Mais l’Ukraine n’a pas cette option. La capitulation n’est pas la paix", a-t-il insisté.

"Nous devons continuer à renforcer l’Ukraine pour montrer au président Poutine qu’il n’obtiendra pas ce qu’il veut sur le champ de de bataille et qu’il doit s’assoir à la table des négociations", a-t-il poursuivi, tout en réaffirmant que Kiev était "plus proche que jamais" d’une adhésion de l’Otan.

Avec l’adhésion de la Suède, après celle de la Finlande, tous les États riverains de la mer Baltique, à l’exception de la Russie, sont désormais membres de l’Alliance atlantique. Ces deux pays, bien que proches militairement des États-Unis de par leur appartenance à l’Union européenne, ont historiquement préféré se tenir à l’écart de l’Alliance, formée lors de la Guerre froide face à l’Union soviétique.

La Suède bénéficie désormais de la protection de l’article 5, "la garantie totale pour la liberté et la sécurité" de ses membres. Pilier de l’Alliance, ce dernier prévoit l’obligation pour chaque pays de l’Alliance de venir en aide en cas d’attaque contre un ou plusieurs de ses membres. Il n’a été utilisé qu’une seule fois, à l’égard des États-Unis, après les attentats du 11 septembre 2001.

Ancien pays neutre, la Suède apporte néanmoins des forces armées performantes et une industrie de défense de pointe. La Finlande avait obtenu son accession à l’Alliance en avril, mais le processus d’adhésion de la Suède a été ponctué de tractations avec la Turquie, qui accusait le pays scandinave de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, considérés pour certains comme "terroristes" par Ankara.

La Suède a également dû composer avec les réticences du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Ce dernier avait certes donné de longue date son accord de principe, mais, avant de boucler le processus, il exigeait du "respect" de Stockholm, après des années de "dénigrement" de sa politique.

Olivier Baube, AFP