La première journée d’une élection russe verrouillée s’est achevée vendredi 15 mars, au rythme des menaces du président Vladimir Poutine contre l’Ukraine et des incidents contestataires ayant émaillé le processus électoral.

Vladimir Poutine a promis vendredi que la Russie répliquerait aux attaques aériennes ukrainiennes sur son sol, tout en estimant que les récentes incursions terrestres armées de combattants pro-Ukraine visaient à " perturber " le déroulement de la présidentielle vouée à le réélire triomphalement.

En parallèle, au moins treize personnes ont été arrêtées pour des dégradations dans des bureaux de vote, des actes dont les mobiles précis n’ont pas été rendus publics.

Vladimir Poutine, qui a voté en ligne vendredi, au premier jour du scrutin destiné à le réélire, a assuré que les frappes ukrainiennes contre le territoire russe, qui se sont multipliées ces derniers jours, ne resteraient pas " impunies ".

Dans le même temps, au moins 16 personnes ont été tuées et une soixantaine blessées dans l’une des pires attaques de missiles russes sur Odessa, la grande ville portuaire du sud de l’Ukraine déjà deux fois prise pour cible ces derniers jours.

Le scrutin qui s’étale de vendredi à dimanche doit voir le maître du Kremlin reconduit pour un mandat supplémentaire de six ans, l’opposition ayant été éradiquée.

Il ne se déroule cependant pas sans accroc.

Incidents

Une femme a ainsi été interpellée après avoir incendié un isoloir à Moscou, selon des médias russes, tandis qu’une deuxième, âgée de 20 ans, a tenté de jeter un cocktail Molotov sur un bureau de vote de Saint-Pétersbourg, d’après un responsable local.

Une personne a été interpellée pour avoir tenté de mettre le feu à une urne à Khanty-Mansisk en Sibérie et une autre pour avoir tenté d’allumer un pétard dans un bureau de vote de la région de Tcheliabinsk, non loin des monts Oural.

Six personnes ont aussi été interpellées pour avoir versé du colorant dans les urnes près de la capitale russe, en Sibérie et dans les régions de Voronej (ouest), de Rostov-sur-le-Don (sus-ouest) et de Karatchaïévo-Tcherkessie, dans le Caucase.

La cheffe de la commission électorale, Ella Pamfilova, a affirmé que ces personnes agissaient pour de l’argent promis par " des salauds, de l’étranger ".

En Ukraine occupée, une bombe a explosé sans faire de victimes devant un bureau de vote de la région méridionale de Kherson et les forces ukrainiennes ont bombardé deux commissions électorales locales, selon les autorités d’occupation.

Le parquet de Moscou avait mis en garde jeudi contre toute protestation, aucune critique ni opposition n’étant tolérée en Russie.

Temps " difficiles "

A la veille de la présidentielle, Vladimir Poutine, 71 ans dont 24 au pouvoir, a exhorté ses compatriotes à ne pas se " détourner du chemin " en ces temps " difficiles ", une allusion aux conséquences de l’assaut qu’il a lancé contre l’Ukraine il y a plus de deux ans.

Le président sortant fait face à trois candidats sans envergure qui ne s’opposent ni à l’offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition, culminant avec la mort en prison mi-février du détracteur du Kremlin Alexeï Navalny.

Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre le combat de son mari, a appelé pour sa part les Russes à protester en allant voter pour n’importe lequel des candidats à l’exception de Poutine.

Elle a aussi demandé aux Russes soutenant l’opposition de se rendre dans les bureaux de vote au même moment, dimanche à 12H00 (09H00 GMT), pour montrer qu’ils sont nombreux.

" Farce "

Le scrutin a commencé à 08H00 heure locale vendredi (20H00 GMT jeudi) sur la péninsule du Kamtchatka et en Tchoukotka, deux régions reculées de l’Extrême Orient russe. Il s’achèvera dimanche à 20H00 (18H00 GMT) à Kaliningrad, une enclave russe frontalière de pays de l’Union européenne.

Avec ce scrutin, Vladimir Poutine se maintiendra au pouvoir jusqu’en 2030 et pourra se représenter pour rester aux commandes jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans. Il avait fait réviser la Constitution à cette fin en 2020.

Le président du Conseil européen Charles Michel a quant à lui " félicité " avec ironie vendredi M. Poutine " pour sa victoire écrasante lors d’élections qui débutent aujourd’hui ".

Les Etats-Unis ont critiqué le scrutin et la diplomatie ukrainienne a exhorté la communauté internationale à rejeter cette " farce ".

With AFP