Si les chars et autres blindés restent à l’arrêt à la frontière de l’Ukraine, le ciel européen, lui, est pris par un intense trafic d’avions officiels. Le président français Emmanuel Macron a ainsi annoncé mercredi son intention de se rendre à Moscou, et peut-être à Kiev, si la situation l’oblige à faire ce déplacement. Le chancelier allemand Olaf Scholz, attendu la semaine prochaine à Washington, a annoncé qu’il se rendrait " bientôt " à Moscou pour des entretiens avec le président russe Vladimir Poutine. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a été reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au lendemain des visites des chefs des gouvernements britannique et polonais, et le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un fournisseur de drones de combat à l’Ukraine, est attendu jeudi à Kiev.

Sur terre, les Etats-Unis ont annoncé mercredi l’envoi de 3000 soldats américains supplémentaires en Europe de l’Est pour défendre les pays de l’Otan " contre toute agression ". " Tant que (le président russe Vladimir Poutine) ne cessera pas de se montrer agressif, nous ferons tout pour assurer nos alliés de l’Otan que nous sommes là, et que l’article 5 est une obligation sacrée ", a déclaré le président Joe Biden en référence à l’article de la charte de l’Otan qui engage les alliés à se défendre les uns les autres.

Un millier des soldats américains seront redéployés d’Allemagne vers la Roumanie, et 2.000 autres seront envoyés de la grande base américaine de Fort Bragg, en Caroline du Nord, essentiellement vers la Pologne. Ces troupes s’ajoutent aux 8.500 militaires placés en état d’alerte fin janvier par le président Joe Biden pour être déployés dans la force de réaction rapide de l’Otan en cas de besoin. " Ces mouvements sont un message sans ambiguïté que nous adressons au monde pour montrer que nous sommes prêts à rassurer nos alliés de l’Otan et déterminés à les défendre contre toute agression ", a déclaré le porte-parole du ministère américain de la Défense John Kirby devant la presse. Pour autant, il ne s’agit que de renforcer le " flanc oriental " de l’Alliance atlantique et de rassurer les pays frontaliers de l’Otan, qui craignent un élargissement à leur territoire d’une éventuelle invasion russe de l’Ukraine. " Ces forces ne vont pas se battre en Ukraine ", qui n’appartient pas à l’Otan, a précisé John Kirby, soulignant qu’il s’agissait d’un redéploiement temporaire.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko, cité par l’agence Interfax, a fustigé une mesure " injustifiée, destructrice, augmentant les tensions militaires et réduisant le champ pour les décisions politiques ". La Pologne et la Roumanie se sont félicitées de l’arrivée de ces renforts dans les prochains jours. Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’est lui aussi réjoui de ces annonces, soulignant que l’Alliance atlantique envisageait également de déployer " des forces tactiques " sur son flanc sud-est. " Nos déploiements sont défensifs et proportionnés, et ils envoient le message clair que l’Otan fera tout ce qui sera nécessaire pour protéger et défendre tous les alliés ", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le quotidien espagnol El Pais a publié le détail des réponses américaines aux exigences russes, des documents dont le département d’Etat américain a confirmé l’authenticité mercredi. Washington y propose que les rivaux s’engagent à ne pas déployer de moyens militaires offensifs en Ukraine, que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l’inquiètent en Europe, et que les deux pays s’accordent sur des mesures de contrôle des armements. Les Etats-Unis se disent également prêts à discuter de l' "indivisibilité de la sécurité ". Le Kremlin se fonde sur ce concept pour réclamer un recul de l’Otan de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque Etat, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances. Moscou prépare actuellement sa réponse formelle.

Avec AFP