Les Français ont commencé à voter massivement dimanche en métropole pour le premier tour d’élections législatives à grand suspense qui pourrait ouvrir la voie à l’accession de l’extrême droite au pouvoir dans une semaine.

A 12H00, la participation s’élevait en France métropolitaine à 25,90%, en nette hausse par rapport aux 18,43% du premier tour des législatives de 2022. Au terme de la journée, elle devrait être largement supérieure aux 47,51% de 2022 et pourrait approcher, voire dépasser les 67,9% de la dernière législative consécutive à une dissolution en 1997.

Incarné par le visage de Jordan Bardella, 28 ans, le Rassemblement national (RN) caracole dans les sondages, qui le créditent de 34 à 37% des intentions de vote, avec la perspective inédite d’obtenir une majorité relative ou absolue le 7 juillet, au soir du second tour.

Selon ces enquêtes d’opinion, à prendre avec précaution tant l’incertitude demeure élevée, le parti lepéniste devance l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), donnée entre 27,5 et 29%, et le camp présidentiel, relégué autour de 20 à 21% des intentions de vote de premier tour.

Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un gouvernement issu de l’extrême droite dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu’il n’accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue.

Dans le cas contraire, le risque d’une Assemblée bloquée, sans possibilité d’alliance entre des camps très polarisés, est réel, un scénario qui plongerait la France dans l’inconnu.

Forte participation attendue

Une forte participation est attendue pour ces législatives, les plus scrutées de l’histoire récente. Elle pourrait s’établir autour de 67% des quelque 49 millions d’inscrits sur les listes électorales, largement supérieure aux 47,51% du premier tour des législatives 2022.

Plus de 2,6 millions de procurations ont été établies depuis le 10 juin, selon le ministère de l’Intérieur, un nombre quatre fois supérieur à celui d’il y a deux ans sur une période comparable.

Dès samedi, les Français de territoires d’Outre-mer se sont rendus aux urnes, avec une participation en forte hausse et, bien souvent, un sentiment de gravité.

Les enseignements du premier tour pourraient toutefois être difficiles à tirer, tant les inconnues sont nombreuses. À commencer par le nombre de triangulaires dimanche soir, attendu en très forte hausse là encore, et le nombre de désistements durant l’entre-deux tours, alors que la constitution d’un front républicain contre l’extrême droite ne cesse de se fissurer au fil des années.

Faire barrage au RN

À gauche, écologistes, socialistes et communistes ont annoncé qu’ils se retireraient si un candidat est mieux placé pour faire barrage au RN. À La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon demande aux électeurs de ne pas donner de voix aux lepénistes, mais sans parler de désistements. Son parti devrait préciser dès dimanche soir sa position pour le second tour.

Mais c’est chez les macronistes que la pression est la plus forte. Emmanuel Macron a promis jeudi " la plus grande clarté " sur l’attitude à suivre, mais semblait jusqu’ici plutôt pencher pour un " ni RN, ni LFI ", fustigé par la gauche et critiqué jusque dans son propre camp.

Lundi midi, le président de la République réunira le Premier ministre Gabriel Attal et les membres du gouvernement à l’Élysée à six jours du second tour, a appris l’AFP de sources ministérielles. Et les questions des désistements et de la stratégie face au RN seront forcément au menu des discussions.

Par Adrien DE CALAN, avec AFP