Si la guerre d’Ukraine n’a pas eu encore lieu, la guerre des nerfs, elle, est lancée. " Tu es prêt ? " Le reporter russe hoche la tête. Les balles se mettent opportunément à siffler au loin. Le journaliste en gilet pare-balles court et explique hors d’haleine qu’il assiste en direct à une action de " sabotage " contre une position pro-russe dans l’est de l’Ukraine. " La propagande russe à l’oeuvre sous vos yeux ", explique une chaîne Telegram qui suit les évènements en Ukraine, publiant un clip vidéo pour démontrer que le reportage est une mise en scène. Dans la " guerre hybride " que livre Moscou à son voisin depuis huit ans, la bataille de l’information constitue un front clé. Ici, tous les coups sont permis, y compris les manipulations les plus grossières. Déjà dans une capsule vidéo d’avril 2015, la chaîne Arte décriptait un extrait de l’émission russe " Vesti Nedeli " de la chaîne de télévision d’État " Rossiya 1 " dans lequel le présentateur exposait la prétendue " nazification de l’Ukraine ".
Et la campagne de désinformation s’est accélérée avec le déploiement de 150.000 soldats russes massés aux frontières est et nord de l’Ukraine. La rhétorique belliciste a atteint son comble ce lundi avec l’accusation formulée par Vladimir Poutine quant au prétendu " génocide " des Russophones en Ukraine. Mais ces opérations russes sur la toile font l’objet d’une intense contre-offensive. Avec des outils de vérification en ligne, permettant d’authentifier une image, de comparer des cartes ou d’extraire des données, une armée auto-proclamée de " réinformateurs " est aussi à l’oeuvre.