Les Sri Lankais ont voté samedi pour leur élire leur président, deux ans après une crise financière catastrophique qui a imposé au pays une cure brutale d’austérité largement impopulaire.

Ouverts à 7h00 locales (01h00 GMT), les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 16h00 (10h30 GMT), au terme d’un scrutin calme et marqué par une forte participation, ont constaté les journalistes de l’AFP.

"Près de 70% des électeurs inscrits s’étaient exprimés une heure avant la clôture du vote", a-t-on indiqué à la commission électorale.

Le dépouillement doit rapidement débuter, pour des résultats attendus dimanche.

À la tête du pays depuis deux ans, le sortant Ranil Wickremesinghe, 75 ans, brigue un nouveau mandat avec pour seul programme la poursuite du redressement à marche forcée de l’île.

"J’ai déjà beaucoup fait, j’ai sorti ce pays de la banqueroute", a-t-il répété samedi en votant dans la capitale Colombo. "Maintenant, je vais faire du Sri Lanka un pays avec une économie, un système social et un système politique développés."

Mais, anticipent les analystes, sa victoire s’annonce difficile face à la lassitude et la colère d’une large partie de la population contrainte par le gouvernement de se serrer la ceinture.

Depuis l’ouverture des bureaux de vote à l’aube, de nombreux habitants de Colombo et de ses faubourgs ont exprimé leur désir de changement.

Tuwan Mohideen, 46 ans, a confié avoir accordé sa voix au chef de l’opposition, Sajith Premadasa (centre droit). "S’il gagne, nous pourrons avoir une bonne vie, le pays va se développer grâce à lui."

Économie étranglée

" Il faut un changement révolutionnaire dans ce pays ", a renchéri sous couvert d’anonymat Devamanoharan, un commerçant de 65 ans, en suggérant qu’il avait accordé sa voix au chef de la coalition de gauche Anura Kumara Dissanayaka.

Vieux "renard" de la politique locale – il a été six fois Premier ministre – M. Wickremesinghe a accédé à la présidence en juillet 2022 à la chute de Gotabaya Rajapaksa, chassé de son palais par une foule en colère épuisée par l’inflation et les pénuries.

Il a hérité d’une économie étranglée par une dette de 46 milliards de dollars (42 milliards d’euros), pour l’essentiel contractée auprès de la Chine, privée de réserves de change et en pleine récession.

Après de longues tractations, le Fonds monétaire international (FMI) a fini par débloquer en 2023 une aide d’urgence de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros), en échange de fortes hausses d’impôts et de coupes drastiques des dépenses publiques.

L’ordre est depuis revenu dans la rue et la croissance du pays est repartie à la hausse, même si elle reste fragile, a averti le FMI.

Mais le taux de pauvreté de la population s’est accru, selon la Banque mondiale, et atteint plus d’un quart de ses 22 millions d’habitants.

À la tête du Front de libération du peuple (JVP) d’inspiration marxiste, Anura Kumara Dissanayaka, 55 ans, espère bénéficier du ras-le-bol de la population.

La lutte s’annonce serrée entre les principaux candidats en lice.

Si aucun des 39 prétendants ne franchit la barre de 50 % des voix — ce qui a toujours été le cas jusque-là — la commission électorale les départagera en recensant les deuxièmes ou troisièmes préférences des votants.

Par Amal JAYASINGHE avec AFP