Fraîchement réélu le 24 avril, le président Macron a largement mobilisé la carte écologique pour convaincre les électeurs de gauche et la jeunesse contre la candidate climatosceptique Marine Le Pen. Il a ainsi promis le développement des énergies renouvelables et du nucléaire, la rénovation énergétique du parc immobilier et une " troisième révolution agricole ". Des promesses accueillies avec scepticisme par les ONG et activistes environnementales, qui estiment les objectifs du président pas suffisamment ambitieux et ne traitant pas les racines de la crise, qui se situent dans le système capitaliste et consumériste actuel. 

Le président réélu a promis d’aller " deux fois plus vite " dans la lutte contre le changement climatique. (AFP)

Emmanuel Macron s’est engagé à aller " deux fois plus vite " pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais après sa réélection dimanche à la tête de la France, les défenseurs du climat, quoique soulagés, attendent des actes pour le croire. Après une campagne de premier tour où l’environnement et le climat ont été quasi absents, M. Macron a joué dans l’entre-deux-tours la carte " écolo ".

Véritable engagement ou " une façon d’aller chercher les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ? ", s’interroge auprès de l’AFP le militant et réalisateur Cyril Dion, pas rassuré.  Emmanuel Macron " n’a pas vraiment tenu parole jusqu’à maintenant sur les engagements qu’il avait pris ", souligne Cyril Dion. " On a évité le pire " avec la candidate d’extrême droite Marine Le Pen qui laissait craindre une " grosse marche arrière " sur le climat, estime de son côté le patron de Greenpeace France, Jean-François Julliard. Mais " le bilan d’Emmanuel Macron plaide contre lui ".

Un des défis majeurs du nouveau quinquennat sera de mettre la France sur une trajectoire permettant d’atteindre l’objectif de réduction des émissions de 40% d’ici à 2030 par rapport à 1990. Il s’agit de l’un des objectifs de l’Accord de Paris, traité international sur le climat adopté fin 2015. Le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative en France, a été clair, le pays n’en fait pas assez.

" Je veux aller deux fois plus vite dans le quinquennat qui vient ", a assuré Emmanuel Macron, annonçant son intention de charger le Premier ministre d’une " planification " écologique, concept cher à Jean-Luc Mélenchon.

Pour prouver cette ambition, il faut des actes, plaident les militants écologistes. Relever l’ambition de réduction des émissions, avec " un plan qui détaille de façon extrêmement précise le moyen d’y arriver, serait déjà un bon pas ", suggère Cyril Dion.

Un programme pas suffisamment ambitieux 

Mais pour ce nouveau quinquennat, entre " inaction " et risque de " convulsion sociale ", " la ligne de crête est étroite ", notait récemment Thierry Pech, du centre de réflexion Terra Nova, soulignant la nécessité de concilier " impératifs écologiques " et " difficultés matérielles des ménages ".

Le pouvoir d’achat a été en effet la préoccupation principale des Français pendant cette campagne. Du côté de la consommation d’énergie, Emmanuel Macron espère, grâce à la planification, " réaliser un effort sans précédent de sobriété, pour la baisser de 40% (…) d’ici à 2050 ".

Son programme s’appuie largement sur le nucléaire pour décarboner la production d’électricité, avec la construction de 6 à 14 réacteurs de nouvelle génération (EPR). Il promet également l’implantation de 50 parcs éoliens en mer d’ici à 2050 et de décupler la puissance solaire.

Des " objectifs insuffisants " pour les renouvelables, selon le Réseau Action Climat (RAC), pour qui les nouvelles centrales nucléaires arriveront " trop tard " pour réduire les émissions.

Combattre le changement climatique avec les outils du capitalisme

Le programme de M. Macron prévoit également la rénovation énergétique de 700.000 logements par an, un renforcement des infrastructures cyclables, une offre de location de véhicules électriques et hybrides à moins de 100 euros par mois, et une " troisième révolution agricole ".

Un programme agricole " très inquiétant ", " focalisé sur les innovations technologiques " et non la transition vers une agriculture respectant l’environnement, juge Anne Bringault, du RAC. Elle regrette aussi que la France " freine " le plan de la Commission européenne de mettre fin aux ventes de voitures thermiques d’ici à 2035, alors que la limitation des véhicules essence et diesel serait bénéfique pour la santé publique.

Le Conseil d’État a d’ailleurs condamné en août dernier la France à payer 10 millions d’euros pour n’avoir pas renforcé suffisamment son dispositif contre la pollution de l’air, responsable de 40.000 morts prématurées par an. Ce sujet a été largement absent de la campagne, comme les autres pollutions ou le déclin de la biodiversité.

Emmanuel Macron s’est bien engagé à planter 140 millions d’arbres d’ici à 2030. Mais Greenpeace est tout aussi " pessimiste " sur ses engagements envers la nature qu’envers le climat. " Pour l’instant, on n’a rien qui nous prouve qu’Emmanuel Macron numéro deux va être meilleur qu’Emmanuel Macron numéro un ", souligne Jean-François Julliard.

Avec AFP

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